L’adhésion du Maroc à la Cedeao ne se fera pas sans conditions. L’harmonisation des politiques sectorielles dans une logique de création d’une zone de libre-échange entre les Etats membres avec toutes les implications qui en découlent en termes de droits de douane, de barrières non tarifaires, voire la mise en place d’une Union douanière à l’égard des pays tiers et son corollaire l’établissement d’un Tarif Extérieur Commun (TEC) s’impose.
Cependant, ce chantier suscite deux contraintes majeures pour le Maroc, prévient la direction des études et des prévisions financières relevant du ministère de l’Economie dans une étude élaborée avec l’Administration des douanes et impôts indirects sur les échanges commerciaux entre le Maroc et la CDEAO. Il s’agit de l’alignement des positions et des traitements vis-à-vis des partenaires commerciaux communs à savoir l’union européenne.
L’autre contrainte concerne la coordination du Maroc avec la CEDEAO qui devrait être renforcée. Étant donné que l’union douanière négocie en tant qu’un seul territoire, les bénéfices à tirer des perspectives d’ouverture du Maroc vers d’autres partenaires à travers la conclusion de nouveaux engagements doivent être revus. Vient ensuite ce que les experts des Finances et de la Douane définissement par contrainte à caractère procédural. Les délais de traitement des opérations douanières pourraient connaitre une lenteur à cause de l’application de la procédure d’approbation des produits d’origine. Car au sein de cette communauté, seuls les produits ayant une origine communautaire peuvent bénéficier des avantages du schéma de libéralisation des échanges et par conséquent sont admis à la libre circulation.
Une chose est sûre : le Maroc peut faire des recettes sur ce marché de niche. Surtout qu’il se distingue comme le pays qui possède le moins de spécialisations semblables aux autre membres de la Cedeao. L’étude de la Direction des études et des prévisions financières classe le Maroc au sixième rang des pays de la zone en termes de complémentarité avec les autres membres avec un indice de 0,22 en moyenne et un maximum de 0,26 avec le Ghana. Globalement, le Maroc et la CEDEAO effectuent des échanges sur 4349 produits. Pour 80,7% d’entre eux, le Maroc et la CEDEAO en sont des importateurs nets, ce qui exclut d’emblée les possibilités de concurrence pour la majeure partie des produits.
D’un autre côté, 11,6% des produits sont des spécialisations du Maroc et pour lesquelles la CEDEAO est un importateur net, ce qui offre des opportunités de complémentarité non négligeables entre les deux parties. Il en est de même pour 5,2% des produits qui sont des spécialisations de la CEDEAO et qui constituent une opportunité de complémentarité pour la Communauté, puisque le Maroc en est importateur net. Ainsi, à peine 2,5% des produits échangés entre le Maroc et la CEDEAO peuvent faire l’objet de concurrence. Autrement dit, les échanges se font dans un esprit de complémentarité et non de concurrence.
Hajar Benezha