Le peuple algérien est en colère. Et il ne cesse de le faire savoir en manifestant massivement, depuis plusieurs jours, dans les rues des grandes villes du pays contre le projet du cinquième mandat d’un président agonisant, affecté par un AVC massif depuis l’année 2013.
En refusant catégoriquement ce cinquième mandat, le peuple algérien refuse, en effet, la politique des décideurs effectifs du palais d’El Mouradia, qui vraisemblablement seraient divisés sur un successeur au président moribond, Abdelaziz Bouteflika, et préfèrent ainsi maintenir le statu quo.
Un statut quo caricatural à bien des égards. En effet, le président, à la motricité extrêmement réduite depuis longtemps, invisible depuis des années, serait pris en otage par des généraux qui exercent le pouvoir réel, en l’emballant de la présidentielle démocratique et la signature d’un homme qui arrive à peine à bouger les doigts de sa main.
Ce comble de l’absurdité n’a jamais été atteint même sous des régimes totalitaires depuis l’antiquité. Dans ce tels cas, au moins, l’éthos du Chef était mis en avant pour toucher par ses discours le pathos du peuple et lui faire croire qu’un leader le protège, le défend et œuvre pour ses intérêts.
Dans le cas algérien, l’Histoire retiendra comment l’institution militaire, véritable détenteur du pouvoir, qui a du mal à se mettre d’accord sur un candidat qui succéderait à l’actuel président momie, manœuvre ainsi, en s’entêtant envers et contre tout le monde. Aujourd’hui, la manœuvre a provoqué un tollé général dans le pays du million de martyrs. Cette colère pourrait même être instrumentalisée par le pouvoir pour basculer dans le chaos et exhiber les armes et la carte de l’état d’urgence.
Un plan infernal serait mis en place dans ce sens. Il faut dire que le pourvoir algérien aurait agi de la sorte pour préoccuper l’opinion publique algérienne par cette affaire de candidature à la présidentielle, sachant bien que le président n’est qu’une image et porte-parole de l’institution militaire, utile justement pour ses mises en scènes politiques. C’est ainsi que cette manœuvre occupera l’opinion publique et détournera, du moins durant cette conjoncture, son attention des faits et des agissements qui rongent la société algérienne, pillant ses ressources et gaspillant ses richesses pour armer, financer et soutenir d’autres thèses séparatistes au sud du Maroc et attiser des hostilités à l’égard du royaume. Cette carte a longtemps été exploitée par les décideurs du palais El Mouradia pour préserver leur pouvoir.
Et lorsque la grogne de la société atteint son paroxysme sur ce registre, les généraux algériens lui miroiteraient la peur de déstabilisation en activant les radars du Sahel et ses projets terroristes. Le «sud» est ainsi exploité par les décideurs d’Alger contre le Maroc (Sahara) et contre le peuple algérien (le Sahel). L’objectif est le même : manipuler l’opinion publique algérienne en surfant sur les deux registres pour préserver le pouvoir. Voilà le véritable enjeu politique.
B.Amenzou