Peter de Seve, illustrateur et character designer
C’est la première fois qu’il vient au Maroc. Peter de Seve est l’une des figures de proue du cinéma d’animation mondial qui figurent parmi les invités de marque de la 18e édition du FICAM. Devant une salle archicomble, le célèbre illustrateur a donné, samedi 23 mars au théâtre de l’Institut français, une leçon de cinéma dans le cadre du festival. Les jeunes qui ont afflué nombreux ont découvert de près son univers impressionnant, les grandes étapes de sa carrière artistique et cinématographique, ainsi que les choses qui alimentent et inspirent ses créations. En outre, le public a l’occasion d’apprécier son exposition à la galerie de l’IF Meknès qui regroupe une quarantaine de dessins, entre autres les personnages créés pour les films « Le petit prince », «The Grinch» ou encore les couvertures de livres et illustrations pour le magazine le New Yorker. Le FICAM lui a rendu hommage lors de son ouverture vendredi dernier.
Al Bayane : Vous avez déclaré lors de votre leçon de cinéma que les sculptures et les jouets étranges vous inspirent. On vous a vu projeter une sculpture d’Alberto Giacometti. Pourquoi la sculpture, et quels sont les sculpteurs dont les travaux vous parlent et vous inspirent ?
Peter de Seve : Quand j’étais enfant, j’aimais bien ses jouets parce qu’ils avaient une forme. Je sentais qu’il y’avait quelque chose de fort derrière ça. Depuis que je fais du dessin, j’essaie à chaque fois de l’imaginer, surtout ses mouvements, ses détails et puis, je commence à réfléchir là-dessus. A un moment donné, j’ai commencé à faire de la sculpture en réel. Et c’est une chose qui est très importante pour moi. Etant donné que les sculptures aujourd’hui sont quasiment digitales, il faut retourner autour du personnage et le voir pour bien comprendre. Aujourd’hui, il y a plein de sculpteurs contemporains qui m’inspirent comme Picasso.
Dans vos travaux, vous-êtes quelqu’un qui revient au passé et aux choses originelles. Pourquoi ce retour en arrière ? Est-ce un retour nostalgique ou cherchez-vous une chose exceptionnelle et esthétique qui n’existe pas dans les autres travaux d’animation et d’illustration?
Je ne fais pas celà pour regarder vers le passé, mais, en revanche, il y a des choses à apprendre dans les vieilles choses pour dire aux jeunes artistes que c’est bien de regarder autour de soi et de regarder tout ce qui était oublié. C’est une très bonne chose de tourner son regard vers des choses authentiques et originelles qui peuvent enrichir chaque travail.
Pour faire le cinéma d’animation, il faut être doué, créatif et surtout avoir beaucoup d’imagination et d’imaginaire créatifs. Que représente l’imagination pour vous ? Et quel type de personnage préférez-vous?
C’est une grande question (sourire). L’imagination est mon filtre de travail, et tout ce qui j’ai appris autour qui rentre à l’intérieur de moi. En effet, c’est à ce moment là que je ressens des choses.
Dans le film «Le Petit prince», les personnages sont puisés dans les membres de votre famille. Est-ce une affaire personnelle, c’est-à-dire qu’au début, vous avez l’intention et le désir d’immortaliser les membres de votre famille ou c’est juste un choix esthétique?
Tout simplement parce qu’ils sont proches de moi, de mon cœur et j’ai envie de les utiliser et de les voir dans ces personnages-là.
Mohamed Nait Youssef