L’hépatite C est une affection virale qui touche surtout le foie et peut avoir de sombres conséquences tout en évoluant silencieusement. Le Maroc est touché de façon importante et compte environ 400 000 personnes infectées.
Comment attrape-t-on l’hépatite C?
L’hépatite C se transmet essentiellement par voie sanguine, c’est-à-dire par le contact du sang avec du sang infecté. L’exemple le plus évident est la transfusion. Jusqu’en 1992, la recherche automatique de l’hépatite C dans le sang à transfuser ne se faisait pas donc toute transfusion faite avant cette date est éventuellement à risque de transmettre ce virus. Le contact avec le sang infecté peut aussi se faire à travers l’usage de matériel médical non stérilisé, et c’est à ce titre que les soins dentaires non médicalisés (chez l’arracheur de dents par exemple) sont une origine très fréquente de l’infection au Maroc. Des pratiques comme les pointes de feu (alkayy), les tatouages et les injections clandestines (usagers de drogue en premier lieu) peuvent aussi transmettre le virus. La transmission sexuelle et entre mère et enfant est plus rare mais existe aussi.
Quels sont les symptômes de l’hépatite C?
L’hépatite C peut être aigue ou chronique. Dans les deux cas elle peut être tout à fait silencieuse. Elle peut se manifester par une jaunisse, de la fatigue… Une hausse de certains éléments du bilan hépatique fera évoquer cette cause par votre médecin. L’hépatite C peut guérir spontanément, mais dans la plus grande majorité des cas, elle persistera dans l’organisme et causera une maladie chronique. Le plus grand danger de cette dernière, c’est sa capacité à altérer le foie progressivement jusqu’à causer une cirrhose qui est un état irréversible. Sur la cirrhose peut s’installer également un cancer du foie. Il faut savoir qu’au Maroc, les hépatites chroniques B et C restent les premières causes de cirrhose et de carcinome hépatocellulaire, qui est le cancer du foie le plus fréquent.
Comment diagnostiquer l’hépatite C?
Devant des symptômes ou un bilan anormal, on est amené à rechercher l’hépatite C, mais il est tout aussi important de la dépister : c’est-à-dire la rechercher d’une manière systématique sans aucune anomalie. Toute la particularité de la maladie est justement son évolution silencieuse vers la cirrhose. Le diagnostic est simple et se base sur la rechercher sur un prélèvement sanguin des anticorps dirigés contre le virus et de son ARN (élément du noyau du virus responsable de sa multiplication). On parle d’hépatite C chronique si cet élément est persistant plus de 6 mois.
Que faire devant un prélèvement positif?
En consultant son gastroentérologue, il préconisera de réaliser certains bilans et explorations pour apprécier le caractère de la maladie (degré d’atteinte du foie, genre précis du virus…). Dans le cas d’une hépatite chronique, il est rec4ommandé de traiter tous les patients.
Comment traiter une hépatite C chronique?
L’hépatite C aigue pouvant guérir spontanément dans certains cas, le traitement s’intéresse aux cas d’hépatite C chronique. Le traitement a connu beaucoup de progrès ces 5 dernières années, et nous sommes passées d’un traitement long et astreignant fait d’injections comportant de multiples effets secondaires avec peu de résultats à un traitement oral simple de courte durée et très bien toléré. Il s’agit d’une combinaison de comprimés, à prendre une fois par jour, pendant 3 mois. Le traitement pendant 6 mois est préconisé dans certains cas plus compliqués. Les molécules disponibles au Maroc actuellement sont le Sofosbuvir, le Daclatasvir et le Ledipasvir. Le gastroentérologue fait le choix en fonction des explorations faites au préalable.
Quels sont les résultats du traitement?
Le taux de guérison sous ces nouveaux traitements (appelés anti viraux directs) avoisine les 95 %. Ce taux nous fait recommander de traiter tous les patients quel que soit le stade de la maladie. Ces résultats nous permettront dans un avenir proche de totalement éradiquer la maladie pour peu que celle-ci soit dépistée et reconnue chez tous ses porteurs. Rappelons qu’on peut être infecté sans le savoir.
Que se passe-t-il en l’absence de traitement?
Comme dit précédemment, l’hépatite chronique C peut passer complètement inaperçue pendant qu’elle cause des dégâts de plus en plus sévère dans le foie. C’est ce qui se passe en l’absence de traitement. La complication est la cirrhose du foie, maladie du foie qui devient de plus en plus rigide jusqu’à faillir à accomplir ses fonctions. Même si le virus est guéri à ce stade-là, la cirrhose ne régresse malheureusement pas. Le traitement est quand même recommandé car il diminuerait le risque de complications surajoutées.
Comment prévenir?
Eviter la transmission est la clé. Les transfusions sanguines étant actuellement systématiquement contrôlées, ce sont les moyens clandestins qui restent le nid de l’hépatite C. Il faut veiller à rayer ces pratiques. Les soins dentaires doivent toujours être faits en milieu médicalisé. Les objets coupants doivent être à usage personnel strict.
Pour conclure, au Maroc et aujourd’hui, le traitement de l’hépatite C est possible, les résultats sont excellents, le dépistage de masse peut tout à fait permettre l’éradication de la maladie. Nous pouvons ambitieusement nous aligner à l’objectif européen d’éradication en 2030 pour peu qu’une bonne sensibilisation soit faite à ce sujet.
Dr Ilham Azghari
Hépato-gastroentérologue