Le soleil d’été ne se fait pas encore assez séduisant pour les amoureux du sable et de la baignade, mais même pour ces visiteurs peu nombreux, des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, ont déjà commencé à prendre d’assaut les plages pour servir les clients qui se contentent du soleil clément de cette fin du mois de juin.
Pour ces vendeurs de produits de tous genres : café, sandwichs, beignets, ou encore les loueurs de parasols, l’été est aussi une opportunité commerciale et une source de revenu, certes irrégulière, mais incontournable.
Ces activités, que l’on appelle communément «petits boulots» d’été, sont devenues une composante indissociable du décor général des plages marocaines. Si certains y voient des services utiles et tout à fait normaux, d’autres avancent qu’elles posent un certain nombre de défis relatifs, entre autres, à la qualité des produits commercialisés et au dérangement que peuvent ressentir les estivants, en particulier lorsqu’il s’agit de l’occupation de la plage par les loueurs de chaises, tables et parasols.
Dans plusieurs villes côtières touristiques, nombre de citoyens se sont plaints ces dernières années, notamment sur les réseaux sociaux, des pratiques de ces loueurs qui s’accaparent les meilleurs endroits sur la plage, au grand dam des estivants qui peinent à se trouver un emplacement où installer leur propre matériel, surtout lors de la haute saison.
Sur ce registre, les autorités locales ont déployé des efforts considérables pour lutter contre ce phénomène dans plusieurs plages marocaines, ce qui a contribué à contenir plus ou moins ces pratiques que certains citoyens considèrent comme une «privatisation de lieux publics».
Approché par la MAP, Said, loueur de parasols et de chaises et tables en plastique sur la plage de Salé, s’est dit favorable à une réglementation de ces activités de manière à préserver les intérêts des estivants et les leurs. «Nous sommes pour une réglementation qui encadre notre travail et assure les meilleurs conditions aux estivants», dit ce jeune coutumier du métier, montrant la place qui lui est réservée sur cette plage.
«J’entends parfois des gens dire qu’on doit pas déployer les parasols à l’avance mais sur demande du client. Je ne suis pas contre. Il faut juste que ce soit la règle pour tous mes confrères en faveur d’une concurrence loyale», explique-t-il, ajoutant que côté prix, ils restent raisonnables: 5 DH la chaise et 20 DH pour les tables et parasols. Parmi les métiers qui fleurissent sur les plages, celui de la vente de beignets, un boulot non sans pénibilité devenu une image de marque des plages marocaines. «C’est un métier que je fais depuis des années. Je profite des vacances pour me consacrer à cette activité qui m’assure de quoi subvenir certains de mes besoins», confie Redouane, un jeune lycéen qui multiplie les allers-retours et arpente les petits passages en vue liquider sa marchandise, vantant la qualité de son produit.
Aux côtés de ceux pour qui l’été est la seule possibilité de travailler, comme les étudiants qui profitent des vacances pour se faire un peu d’argent, d’autres font des métiers saisonniers leur job de toute l’année comme ce vendeur de glace, qui se vante d’être «un homme aux sept métiers». Hassan dit pouvoir tirer le meilleur de l’été comme il est capable de gagner de l’argent à l’occasion de l’Aïd Al Adha, la rentrée scolaire, durant le mois de Ramadan ou encore lors de la saison de récolte de l’olivier, entre autres.
L’alimentation est en effet un créneau de prédilection durant la saison estivale. Mais lorsqu’il s’agit de produits alimentaires, les estivants sont encore plus alertes, d’autant plus avec la chaleur qui risque d’affecter sérieusement les aliments, en l’absence des conditions nécessaires à la conservation et d’hygiène. Et pourtant, on a même pas à trop chercher pour tomber sur des aliments cuits ou en conserve exposés à ciel ouvert, à la merci de la chaleur.
Pour Lhajja, une vendeuse de sandwichs, «c’est au client de juger». «Les gens se bousculent devant moi et jamais personne ne s’est plaint, car mes casse-croutes sont préparés dans la journée, à partir d’ingrédients propres et frais», dit-elle derrière sa petite vitrine où elle présente également des friandises.
Au terme d’une bonne partie de la journée sous le soleil, l’estivant doit encore passer par le gardien du parking, s’il ne l’a pas fait au moment du stationnement. Là encore une longue discussion est susceptible d’être engagée, le gardien tentant d’imposer ses tarifs, le client faisant parler ses capacités de négociateur.
«Les gardiens ont recours parfois à l’intimidation. De quelle droit imposent-ils leur diktat”, s’interroge un père de famille, après avoir payé, sans conviction, son ticket de parking. «Je dois quand même payer pour éviter un échange interminable qui dégénérait en une altercation sous les regards de mes enfants», explique-t-il, appelant à réglementer ce secteur, qui constitue désormais un gagne-pain pour de nombreuses familles, mais qui «se fait dans l’anarchie».
Du côté des gardiens de parking, on assure travailler en «parfaite légalité», comme l’affirme Jaouad, qui estime que «les cas d’altercation avec les citoyens sont des cas isolés, qui dépendent de la conduite et du comportement de tout un chacun».
«Si des citoyens se révoltent contre les gardiens c’est par méconnaissance des procédures. Les gardiens de parking louent ce parking auprès de la commune contre de l’argent et c’est normal que l’on exige un prix raisonnable contre ce service», explique cet habitant de l’ancienne médina de Salé, qui s’adonne d’habitude à la vente de poissons au port, faisant savoir que lui et ses confrères pensent à créer une association pour pouvoir traiter avec les autorités et s’organiser davantage.
Guides, maîtres-nageurs, serveurs de café, vendeurs de glace et de jus, animateurs, ou vendeur de fast-food, de beignets ou de jeux de plage, les petits-boulots de la plage est une réalité qui requiert la mise en œuvre des mesures judicieuses garantissant aux pratiquants de ces métiers les meilleures conditions et permettant aux estivants de profiter pleinement et tranquillement de leurs virées à la plage. De telles mesures sont d’autant plus nécessaires lorsqu’il s’agit des villes touristiques de grande affluence de visiteurs durant la saison estivale, qui ne fait que commencer.
Khalid Attoubata (MAP)