Ismail Alaoui: «Il faut impliquer les citoyens dans le processus décisionnel»

Débat confiné avec la Jeunesse socialiste de Paris

«Le Gouvernement et le Parlement sont appelés  à la mise en œuvre  de l’article 13 de la loi suprême du pays, qui dispose que les pouvoirs publics doivent œuvrer pour l’implication des citoyens dans le processus décisionnel de l’élaboration des politiques publiques», a souligné Ismail Alaoui,  président du Conseil de la présidence du Parti du progrès et du socialisme (PPS), lors de la conférence placée sous le thème «L’importance de l’investissement dans l’Humain Post Covid-19»,  organisée par la section de Paris de l’Organisation de la Jeunesse socialiste et ce  samedi 2 mai, et diffusée sur la plateforme Facebook.

La concrétisation de cette mesure constitutionnelle va certainement renouer les citoyens avec l’action politique et, par conséquent, rétablir davantage leur confiance à l’égard de l’Etat, a-t-il précisé. Il faut dire, selon l’intervenant,   cette crise de confiance  à tous les étages est exprimée par la défiance des citoyens aussi bien envers les partis politiques que l’Etat. Cette crise s’explique, en grande partie, par la conduite de certains élus, qui à cause de leur ignorance,  ne cessent de ternir l’image des partis politiques et décrédibiliser le processus électoral.

Or, la mission d’un véritable parti politique consiste à épouser les revendications des citoyens tout en inscrivant son action dans d’une démarche de solidarité organique, a-t-il poursuivi. A cela s’ajoute, en outre, les agissements de certains milieux de l’Etat qui ont eu pour résultat la dépravation de l’action politique. Il s’agit donc d’une responsabilité partagée, sans omettre le facteur de la pauvreté. L’ignorance et la pauvreté, sont les ennemis les plus de la démocratie», a-t-il noté.

L’école publique, une tragédie

Ce débat confiné fut également une occasion pour l’ancien secrétaire général du Parti du Livre de procéder à l’exercice de l’évaluation des principales politiques publiques menées par l’Etat, notamment celle de l’enseignement.

Il faut dire, selon le militant du PPS, que les quatre grands principes constituant la quintessence de la réforme de l’école marocaine  et qui ont été adoptés au colloque de Maâmoura, sont restés lettre morte.

D’ailleurs, a-t-il poursuivi, la segmentation du département de tutelle en plusieurs ministères, n’avait aucun  sens  et l’absence d’une vision intégrée a eu un impact négatif sur l’opération de l’apprentissage. Le militant du PPS a indiqué aussi  que d’autres variables à caractère social, telle la pauvreté, ont constitué l’une des causes de la déperdition scolaire, rendant ainsi difficile la concrétisation du principe de la généralisation.  Pis encore,  le foisonnement des programmes scolaires eu égard de l’accroissement massif des écoles privées nous a éloigné de l’objectif de l’unification, a-t-il martelé.

Grosso modo, ce secteur  qui patauge  vit une tragédie, étant donné  qu’il a été souvent  assujetti à des décisions improvisées, a-t-il déclaré en substance, sans oublier une mauvaise gestion de l’argent public. Et ce n’est pas tout, vu que l’existence d’un enseignement privé sous de multiples facettes avec  des programmes scolaires ayant des contenus à foison risquent de déboucher sur une dispersion d’identité nationale et même affaiblir le sentiment d’appartenance à la nation, a-t-il mis en garde.

Crise de la morale publique

Cela étant, toute réforme quelle qu’elle soit ne pourrait aboutir  sans se conformer à l’exercice de l’évaluation des politiques déjà établies. Le but escompté consiste à rectifier le tir et mettre la réforme sur de bons rails, a-t-il laissé entendre. Malheureusement, on est encore prisonnier de ces visions improvisées, comme en témoigne l’élaboration du nouveau  système Bachelor, a-t-il avancé. Cette réforme a été conçue sans même procéder à l’évaluation approfondie  de l’ancien système dit LMD. «Une réforme dont le contenu relève plus du marketing qu’autre chose», a-t-il déclaré avec insistance.

Sur un autre registre, Ismail Alaoui a relevé la problématique de la fuite des cadres et  compétences à l’étranger. D’ailleurs, a-t-il soulevé, environ 600 ingénieurs en nouvelles technologies quittent le pays pour aller s’installer dans les pays européens,  ce qui représente un immense gâchis en ressources humaines. Sachant que le Maroc consacre environ 25% de son budget au secteur de l’enseignement.

Le véritable paradoxe se résume dans le fait que le Maroc a réalisé des efforts considérables au niveau de la construction infrastructures, mais en parallèle on constate qu’il a y une crise de la morale publique. Comme quoi, les agents de socialisation, tels l’école, la famille, entre autres,  ont failli à leur mission, celle d’inculquer les valeurs civiques et citoyennes  aux enfants en leur apprenant à s’approprier les outils de la pensée critique qui s’inscrit aux antipodes de l’argument d’autorité. , a-t-il assené.

Khalid Darfaf

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