Recherche scientifique: entretien avec l’universitaire Mohamed Amrani Alaoui
Propos recueillis par Jamaleddine Benlarbi (MAP)
Mohamed Amrani Alaoui, professeur d’histoire à la Faculté Polydisciplinaire d’Errachidia et président de l’Institut marocain des études et de la communication culturelle, livre à la
Recherche scientifique ses idées sur la recherche scientifique en temps du nouveau Coronavirus (Covid-19) et sa vision de la manière de développer cette discipline au Maroc en rapport avec de telles conjonctures exceptionnelles.
Quel est le degré de réussite des mesures prises pour endiguer la propagation du nouveau Coronavirus?
La pandémie du Coronavirus a révélé de nombreuses questions qui devraient recevoir l’attention qu’elles méritent aussi bien de la part de la communauté internationale que sur le plan national, en tant que problématiques dont les résultats négatifs sociologiques et psychologiques ont été récoltés par tous les pays du monde. Le Maroc est parmi les pays ayant subi les conséquences négatives de cette nouvelle pandémie.
Face à l’incapacité des pays du monde à éradiquer ce virus, plusieurs mesures préventives et proactives ont été prises pour endiguer sa propagation et réduire le nombre des contaminations, notamment le confinement sanitaire et l’interdiction des rassemblements. L’activité économique a été suspendue dans plusieurs secteurs. Malgré les retombées négatives d’une telle décision, la priorité a été donnée à la préservation de la vie humaine.
La recherche scientifique peut-elle aider à comprendre cette maladie et à la combattre?
Cette pandémie a imposé, de manière claire, la recherche de solutions radicales actuelles et futures pour parvenir à un traitement, avec la nécessité d’impliquer les centres et laboratoires de recherches scientifiques dans plusieurs pays du monde.
Certains
laboratoires scientifiques et centres de recherche relevant des universités
marocaines ont pris part à cet élan mondial pour tenter d’obtenir des résultats
à même de permettre de dépasser cette pandémie.
Le Maroc a appliqué l’état d’urgence sanitaire, alors que le gouvernement a
promulgué une loi organisationnelle pour la gestion de cette situation, en tant
que mesure provisoire jusqu’à la fin de cette pandémie. Cette pandémie a eu
pour effet d’encourager la recherche scientifique et l’innovation, sachant que
le ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a mis en place un
programme de soutien à la recherche scientifique et technologique relative au
Covid-19 dans le but d’apporter des réponses aux interrogations posées à ce
sujet sur les plans national et régional.
Cette nouvelle pandémie a démontré l’importance qui doit être accordée à la recherche scientifique, à la formation des corps médical et enseignant et à l’implication des scientifiques dans la recherche de solutions à même de permettre de dépasser de telles situations.
Quels sont les domaines auxquels un intérêt a été accordé dans ce cadre?
L’accent a été mis sur trois domaines essentiels de recherche, à savoir « les moyens d’analyser la propagation du Covid-19 et de cerner les dimensions de la pandémie au Maroc », « les recommandations convenables pour gérer la période de transition et permettre un retour à la normal du pays » et « les leçons à tirer de cette pandémie et les mesures préventives à adopter dans l’avenir ».
Il s’agit de mettre en place les plans nécessaires pour vaincre cette pandémie en adoptant une approche scientifique fondée sur des réalités et une action sur le terrain bien encadrée.
Quelles sont les conditions nécessaires pour répondre aux problématiques scientifiques posées ?
Pour leur apporter des réponses, les problématiques scientifiques doivent être traitées selon une approche globale et non pas individuelle. Ceci implique une adhésion institutionnelle collective à un seul projet des centres de recherche spécialisés, afin de pouvoir élaborer une approche globale sur les plans économique, social, historique et psychologique, tout en se focalisant sur un traitement régional de la question, étant donné les dissemblances entre les différentes régions et zones du Maroc.
Comment peut-on faire une exploitation optimale de la recherche scientifique pour l’ériger en pilier du développement du Maroc après la fin du confinement sanitaire?
L’importance de la recherche scientifique réside dans les résultats obtenus, de sorte qu’ils soient exploités dans le traitement des questions et des problèmes posés. Les autorités compétentes doivent donc accorder la plus grande importance à la recherche scientifique, tout en orientant les chercheurs vers les problèmes d’actualité qui nécessitent des recherches et des études, en mobilisant les fonds suffisant pour réaliser des projets scientifiques et en prenant en considération les résultats atteints par les chercheurs.
De nombreuses
recherches réalisées au Maroc, qui peuvent favoriser un décollage économique et
social, n’ont pas été prises en considération. La pandémie du nouveau
Coronavirus a démontré l’existence d’énergies locales importantes qui créent,
découvrent et font des prouesses lorsque l’occasion leur est offerte de
s’épanouir.
L’État marocain doit accélérer la transformation de sa stratégie de
développement en privilégiant l’aspect scientifique et encourageant les
potentialités locales à travers le financement et l’investissement, afin de
pouvoir atteindre l’autosuffisance scientifique en matière de production des
connaissances et même de les exporter.