Une brise automnale souffle sur le champ politique marocain. Le smog qui y sévit, s’éclaircit un peu sans pour autant que l’horizon n’apparaisse clairement. Il faut relever que la configuration du puzzle électoral reste encore floue pour en saisir l’image.
Dans la morosité relevée du quotidien politique national, et dans le contexte de la crise multiforme issue de la pandémie de la covid19, la consolidation du processus démocratique reste à l’ordre du jour. Son affermissement méandriforme s’éloigne des berges stériles de l’autorité technocratique.
Il n’y a point de salut en dehors de celui qui viendra des urnes. C’est là une «évidence» qui mérite d’être soulignée afin que les tenants d’un état d’exception, sous une forme ou une autre, se rendent compte de la réalité.
Les élections sont nécessaires. Relever leur coût financier dans le contexte budgétaire actuel ne prend pas en considération leur impact sur la décision gouvernementale et la dynamique qu’elles peuvent introduire pour mener à bien les réformes nécessaires tant appelées par la population. La promotion de l’économie nationale et de sa capacité à répondre aux besoins de la population dépendra de cette clarification.
Les élections se préparent entre l’administration de l’Intérieur et les partis politiques. Les propositions des uns et des autres se feront «mixer» pour aboutir à des textes plus consensuels et feront l’objet de la procédure réglementaire d’adoption au parlement. Le code électoral ainsi revu, constituera le cadre général des élections. Il restera aux partis politiques et à l’administration territoriale de le respecter sur le terrain pour que les résultats reflètent véritablement la volonté de la population.
Dorés et déjà, la vigilance devra être de mise pour inhiber le vœu de l’élégérocratie de rempiler. Le renouvellement de l’élite électorale est devenu un problème structurel de la consolidation du processus démocratique. D’une part l’abstention et de l’autre le fait que les mêmes élus «reviennent», grâce à des manigances éculées mais qui trouvent un écho auprès d’une population indigente, incrédule et non consciente des enjeux, érodent l’opération électorale et lui donne beaucoup plus l’aspect d’un mousem festif que celui d’un acte social raisonné.
Les prochaines échéances électorales doivent être refondatrices du processus démocratique et lui donner le souffle réformateur capable de répondre aux attentes de développement de la société.
Il reste l’aboutissement final des élections par la constitution d’un gouvernement selon les dispositions de l’article 47 de la constitution.
Le «nœud» se trouve aussi à ce niveau pour aboutir à un gouvernement homogène efficace, efficient et animé par une ferme volonté de réussir les réformes. Le modus operandi se complique si l’on entend l’appel à «une deuxième alternance consensuelle» pour libérer l’évolution politique du pays!
D’ici là, reste à ouvrir le jeu politique. Cela ne peut se faire sans des partis politiques indépendants et représentatifs capables de pragmatisme sans pour autant dénier leur appartenance idéologique. Des partis dans lesquels on s’engage par conviction et où la compétence n’est pas antinomique avec l’appartenance partisane.
Des partis ouverts à une élite patriote progressiste qui ambitionne d’œuvrer pour l’élimination des inégalités sociales et des disparités spatiales et le renforcement de la démocratie et non qui se trouve dans l’attente d’être «peinturée» pour le faire. Des partis qui assument leurs choix politiques, leurs alliances, leurs discours et leur mode de fonctionnement.
Des partis qui constituent le réceptacle des forces vives de la nation et non les souffre-douleurs d’une élite incapable de se mouiller le maillot avec les gens d’en bas ou d’une minorité minoritaire qui veulent régler ses comptes par des guéguerres sans fins.
Des partis qui préparent l’échéance; toute échéance, par le débat public contradictoire et relayé par les médias. Par cela, le «nœud» pourrait alors se défaire aux dépens du stock électoral conservateur et passéiste.