Abdelkader Retnani, figure importante de l’édition, tire sa révérence…

Mohamed Nait Youssef

Le monde de l’édition est en deuil. Abdelkader Retnani, un des noms importants de la scène culturelle nationale, a passé l’arme à gauche, à Rabat lundi 13 novembre, tard dans la soirée, après un long combat contre la maladie. Il avait 78 ans. L’information est tombée comme un couperet. Infatigable, inlassable, très  dynamique, même souffrant, le regretté a tout donné à sa première passion : l’édition. À la tête de la maison d’édition «La Croisée des Chemins», Abdelkader Retnani  a édité de nombreux titres, toutes disciplines confondues. Homme de terrain, le défunt a contribué à l’effervescence et surtout la structuration du secteur des secteurs du livre et de l’édition en présidant d’abord l’Union professionnelle des éditeurs du Maroc (UPEM), et en occupant le poste du vice-président général de la Fédération des Industries Culturelles et Créatives (FICC). En effet, après des études à l’étranger de la gestion d’entreprise agricole et des sciences économiques, il a créé  avec des amis, en  1981, la maison marocaine de diffusion et de distribution de livres «Eddif». Son amour pour les livres s’est développé au fil des années. Il fallait attendre l’année de 1986 pour que l’éditeur édite son premier livre dans une imprimerie en Suisse. En 1993, il a racheté la jeune maison d’édition «La Croisée des Chemins» qu’il a dirigée jusqu’à ses derniers jours. «L’édition a perdu sa colonne vertébrale. Il était habité par le livre et l’édition. Il a beaucoup donné  au monde de l’édition. Sa maison d’édition « La Croisée des Chemins » est l’une des plus grandes maisons francophones au Maroc. On va sentir sa présence.», nous confie l’éditrice et écrivaine, Nadia Essalmi.

Né le 31 juillet 1945 à Casablanca, Abdelkader Retnani a été un fervent défenseur de la culture marocaine et africaine  en luttant sur tous les fronts. Il a été notamment consultant auprès des organismes nationaux et internationaux, entre autres, l’Agence intergouvernementale de la francophonie et l’Unesco, l’Union des éditeurs du Maroc, l’Association des éditeurs africains francophones, l’Association marocaine des professionnels du livre.

«Depuis 2017 où je t’ai rencontré, chaque moment que nous avons partagé a été drôle et intense. Je trouvé en toi tant de passion, de détermination, d’amour pour le travail et de curiosité pour les autres. Tu étais entier et sans concession, tu avais le courage de dire tout haut ce que beaucoup d’autres pensaient tout bas. Épicurien dans l’âme, tu avais l’amour des livres et du football chevillé au corps. Ta devise : franchise et loyauté, et je ne te remercierai jamais assez d’avoir été à mes côtés dans les moments les plus difficiles. Nous avons partagé ensemble une belle histoire en donnant naissance à la fédération des industries culturelles et créatives de la CGEM. Ton empreinte est bien là et toute l’équipe poursuivra le travail que nous avons commencé ensemble.», c’est avec ces mots que Neila Tazi, présidente de la  Fédération des Industries Culturelles et Créatives (FICC), a rendu un vibrant hommage à Retnani.

Le soldat du livre…

Abdelkader Retnani  n’est pas un simple éditeur, mais un soldat du livre. La preuve : il était derrière plusieurs initiatives encourageant la lecture, entre autres, « La lecture, acte de résistance » et « rentrée littéraire » qui ont eu un grand succès. Et pour résoudre les problèmes de la diffusion et la distribution du livre au Maroc, il était parmi les éditeurs qui ont pensé à une coopérative pour faire face à ce maillon faible de la chaîne. « Le projet  est  en effet  une sorte de coopérative qui  va regrouper les éditeurs de référence.», nous a révélé. Abdelkader Retnani a été décoré par Feu le Roi Hassan II du Ouissam alaouite.

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