Casablanca: le maire devait…se taire

Incontestablement, le maire de Casablanca n’a pas froid aux yeux. Il ne rate aucune occasion pour se blanchir. La mairie qu’elle dirige depuis 2003, avec une majorité hétéroclite et sans vision globale, a frôlé la catastrophe lors d’un blocage à tous les étages qui a plongé la ville dans le chaos juste après les inondations de fin 2011. Pour s’en sortir, le maire a inventé une formule magique de dilapidation des deniers publics pour «calmer» des élus qu’il a traités, lui-même, de «baltagias» dans les colonnes de certains médias arabophones et sur l’antenne de certaines radios.
Ainsi, il a élevé le nombre de commissions et signé une «charte d’honneur» en élargissant le bureau. Et au passage, il a offert des voitures de service, des dotations de carburant et des téléphones aux élus ayant rejoint son clan. Les «baltagias» ont disparu et les sessions de la ville se déroulaient normalement. Voilà comment la charte communale a été violée et des deniers publics ont été dilapidés sur toute la ligne. Le train du maire poursuivait ainsi sa marche jusqu’au 11 octobre pour être rappelé à l’ordre par le Souverain, lui évitant ainsi un déraillement qui au pu provoquer des dégâts innombrables. Et juste après le discours, le maire réunit son bureau et exhibe un «plan» pour assainir la ville. Assainir dans quel sens ? Ledit «plan» a été rappelé lors de la session d’octobre consacrée notamment à l’examen et l’approbation du projet de budget pour l’exercice 2014. Le mercredi dernier, il pousse le bouchon plus loin et organise une conférence de presse pour «calquer» ce que le wali avait déjà présenté un mois auparavant et rappeler certains projets lancés dans la métropole par l’Etat. Du «réchauffé», murmuraient des représentants de médias ayant assisté à ladite rencontre. Et même l’organisation de celle-ci n’a pas échappé à la formule magique de dilapidation des deniers publics. Le conseil de la ville dispose d’une direction de communication avec un effectif pléthorique, mais le maire a pris le soin de confier l’organisation de sa fameuse conférence à une agence de com. Voilà la bonne gouvernance. «Taire la vérité, n’est-ce pas déjà mentir ?», écrivait l’écrivain français Charles Péguy. Mais dans le cas de Casablanca, certains manœuvrent non pas pour taire uniquement la vérité, mais aussi les violations de la loi et les dilapidations des deniers publics. La tutelle est appelée à assainir la ville dans le vrai sens du terme pour baliser le chemin devant la bonne mise en œuvre du cadrage royal.
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