Par Beniaich Mohamed
«Je remercie Dieu que l’abandon de mes activités politiques m’ait empêché de réduire les vérités du Coran en morceaux de verre sous l’accusation de les exploiter à des fins politiques». – Dit Nusri, savant turc du XXe siècle Alors que nous vivons dans une société entrelacée et interconnectée où l’infection de l’un peut être vraiment une infection pour tous, et pendant que nous confrontons le coronavirus avec un esprit exceptionnel de solidarité et de civisme et luttons pour une société où la santé de tous est plus importante que les profits financiers ou politiques de quelques-uns, certains obscurantistes , toutes tendances confondues, ne tardent pas à sortir de leurs tanières pour réagir vite , mais de manière outrée et tendancieuse , face à cette pandémie en rapide évolution pour faire valoir leurs visions, rhétorique et croyances erratiques, fantaisistes, irresponsables et trompeuses drapées d’images d’un cataclysme mondial imminent et d’un apocalypticisme conditionnel qui reflète notre conscience de nos propres fins et le sentiment répandu que le monde lui-même peut mourir; cependant, ces croyances apocalyptiques apaisent les craintes d’extinction humaine, fournissent l’espoir de continuité et de renouvellement si et seulement si les êtres humains agissaient conformément à la Volonté de Dieu et Son plan: «le coronavirus est une punition pour ceux qui « ne font pas leur devoir vis-à-vis d’Allah « ; mais c’est une « purification » pour ceux qui suivent l’islam.
» La vision du monde promue par les obscurantistes encourage le renoncement à l’action sociale, à la solidarité et à la responsabilité et libère l’homme de l’obligation personnelle et collective de prendre les mesures nécessaires pour se protéger de ce virus et de sa responsabilité de rechercher scientifiquement des remèdes car tout ce qui se passe, selon cette vision fataliste, fait partie d’une conception divine. Les catastrophes et les tragédies peuvent ainsi être interprétées comme des événements positifs qui signalent et présagent la transformation du monde, avec la promesse d’un ordre divin, dans lequel la justice et la bonté remplaceront la souffrance et la méchanceté.
Ces obscurantistes considèrent le présent comme irrémédiablement corrompu, un temps d’oppression, de souffrance et de triomphe du mal sur le bien … et non comme des événements que les gens peuvent éviter car ils se déroulent selon un calendrier rigoureux de conception cosmique divine. Ces manœuvres et machinations politiciennes des intégristes qui instrumentalisent l’islam, «religion de paix et de spiritualité qu’ils comprennent da façon faussée et qu’ils polluent avec leurs délires surréalistes» et abusent de la liberté d’expression souhaitent réaliser trois agendas : -Saper la cohésion sociale et la sécurité et porter atteinte à la confiance des citoyens dans les institutions publiques dans l’optique d’établir un Etat Islamique illusoire.
Le guide de l’organisation Al Adl wal ihsane (Justice et bienfaisance, mouvement islamiste) fait partie de ces islamistes invétérés qui cherchent encore à semer le doute et la méfiance au sein de la société ; il dit que, «Le coronavirus est un soldat de Dieu» et une manifestation de la colère du ciel. Al Adl wal Ihsane souhaite voir les morts s’amonceler pour punir les humains qui ont oublié leur créateur. Pour guérir les malades, Il suffit de se plier aux commandements divins, annonce ce « guide » en se livrant sans freins à ses égarements funestes. (https://www.barlamane.com/fr/coronavirusjusquou-ira-le-vertige-de-la-superstition-dal-adl-wal-ihsane/). Un membre du Pjd, Mohammed Ouanass en l’occurrence, a critiqué dans sa page Facebook, la fermeture des mosquées initiée par une fatwa des Oulémas Marocains. Il écrit: Celui qui a émis la fatwa de l’interdiction de prier dans les mosquées pour satisfaire leurs caprices hypocrites, par peur et par cupidité, est entré dans le dicton Tout-Puissant et qui est le plus sombre de ceux qui ont empêché les mosquées de Dieu de mentionner son nom……Mais vous avez suivi les érudits de Al Salloul (le régime d’Arabie saoudite)dans votre fatwa, comme si vous ouvriez la voie à Israël pour s’emparer de Jérusalem, sur la base de votre fatwa.
Comment ose cet islamiste du PJD contredire une décision prise par une commission reconnue et souveraine composée par les hautes autorités juridiques du pays alors que son parti prétend respecter la Constitution du pays ? Pire encore le salafiste Abou Naïm accuse l’Etat d’ « apostasie» à cause de la fermeture des mosquées jusqu’à nouvel ordre, pour les prières quotidiennes et celle du vendredi. « Pour eux, l’invocation de Dieu est le meilleur vaccin anti-coronavirus ou contre toute maladie. Il suffit donc de faire les cinq prières et de répéter sans cesse : « Ô Allah protège-nous des maladies et de tous les maux, visibles ou invisibles ! Tu es l’Unique Guérisseur ! ».
Ou une invocation similaire. » Ces déclarations tendancieuses, iniques et irresponsables incitent leurs adeptes d’enfreindre intentionnellement et à maintes reprises les mesures mises en place par le gouvernement. Les manifestations qui ont lieu à Tanger mais également à Fès et Salé, par des dizaines de personnes endoctrinées et égarées, scandant « Allah Ou Akbar », dans les rues dans la nuit du samedi au dimanche, en disent long sur la malhonnêteté et la mauvaise volonté de certains de ces hommes diaboliques. – Renforcer la visibilité de « la science islamique : ni principes de falsifiabilité, ni « peer review » pour montrer que « la science islamique » est la conception alternative, universelle, épistémologique et systématique des sciences modernes, de nombreux « scientifiques islamiques » n’hésitent pas à annoncer leur découverte de remèdes miraculeux qui provoquent la colère et frôlent l’outrage et le mépris du secteur médical. Le journal koweïtien « Al-Rai » a déclaré mardi que le membre du conseil d’administration de la Kuwait Alternative Medicine Society, Hisham Al-Jasser, avait provoqué une surprise en annonçant qu’il était parvenu à un traitement pour LE COVID 19. Selon le journal, Al-Jasser a déclaré : « Ce traitement consiste en 8 composés d’herbes naturelles, dont certaines sont cultivées au Koweït et d’autres apportées de l’extérieur ». Tabrizian, décrit par ses partisans comme «le père de la médecine islamique Iranien», a utilisé sa chaîne sur l’application de messagerie Telegram le 26 février pour dévoiler sa méthode de guérison des personnes infectées par le coronavirus. « Avant de dormir, mettez une boule de coton trempée dans l’huile violette dans l’anus », écrit-il. Abdurrahman Dilipak, un éminent chroniqueur islamiste du quotidien Yeni Akit, a préconisé l’utilisation du chanvre, un sous-type de plante Cannabis sativa qui pousse en Anatolie centrale, comme remède au COVID-19; il prétend qu’il guérira le diabète, l’hypertension artérielle, l’asthme et les troubles psychologiques. Il considère sa large production comme un outil majeur pour accroître l’importance géopolitique et économique de la Turquie et a fait pression pour sa libéralisation. Il a soutenu l’engagement du président Recep Erdogan d’augmenter la production de chanvre, qui a été restreinte pendant plusieurs décennies en raison de la règlementation antistupéfiants. -La propagande idéologique qui frise le grotesque : L’historien des Frères musulmans, Mohamed Gawady, pense que l’idéologie du groupe prévaudra à cause du virus, bien que sa logique ne soit pas claire. « L’Egypte étant le premier pays au monde et le premier pays dirigé par un membre des Frères musulmans [Mohamed Morsi] malgré son martyre », écrit-il. « Si Dieu le veut après le passage du coronavirus, tous les présidents du monde seront des Frères musulmans au fur et à mesure que le monde mûrira». Plusieurs vidéos mises en ligne sur YouTube vont dans ce sens, comme celle prétendant que « 20 millions de chinois se sont convertis à l’islam après qu’il soit prouvé que le virus corona n’a pas affecté les musulmans », lit le titre d’une vidéo publiée en ligne le 18 février. La séquence montre une salle pleine d’hommes levant un index et récitant ce qui semble la Chahadah. Pourquoi sommes-nous scientifiquement sous-développés ? Malgré le fait que ces croyances et allégations soient scientifiquement erronées, périlleuses, fantaisistes et mal informées, pourquoi gagnent-elles en popularité et se propagent-elles rapidement parmi une grande population ? Dans son livre Réconcilier l’Islam et la Science Moderne, Nidhal Guessoum est professeur de physique et d’astronomie à l’Université américaine de Sharjah, aux Émirats arabes unis, avance qu’il n’est pas facile de formuler une réponse convaincante à cette question, car elle concerne plusieurs facteurs sociologiques et historiques.
En effet, cette question en soulève plusieurs autres : quelle compréhension le monde musulman a-t-il de la science aujourd’hui ? Quel niveau de pensée critique et d’analyse trouve-t-on dans la société musulmane ? Dans quelle mesure les peuples musulmans sont-ils impatients aujourd’hui de transformer leur défaite générale dans tous les domaines en position de préséance et de supériorité et de se convaincre que leur religion et leur civilisation sont effectivement vraies – au sens absolu – et supérieures ? Dans son livre – Islam et science_ L’orthodoxie religieuse et la bataille pour la rationalité, Pervez Hoodbhoy dit qu’en cherchant une explication au sous-développement scientifique, il faut reconnaître d’emblée que l’environnement de la science dans les pays islamiques regorge aujourd’hui de paradoxes.
Tous ces pays sont en pleine possession de la technologie occidentale et du consumérisme marchand, qui sont les produits de la révolution scientifique. Néanmoins, il est utile d’identifier quatre façons clés par lesquelles la science se manifeste dans le monde contemporain : (1) En tant que facteur majeur dans le maintien et le développement des processus productifs nécessaires au maintien de la société ; (2) En tant qu’organisme collectif et organisé de praticiens (scientifiques) engagés professionnellement dans sa poursuite à plein temps ; (3) En tant qu’élément majeur du système éducatif au sein d’une société ; (4) En tant que l’une des influences les plus puissantes qui façonnent les croyances et les attitudes des gens envers l’univers – la vision scientifique du monde, qui utilise une procédure méthodologique dans laquelle l’observation, l’expérience, la classification et la mesure sont utilisées pour dériver des connaissances sur le monde physique. Mais ce serait une erreur de penser que science et technologie sont des termes synonymes ou interchangeables. Ils sont orientés vers des objectifs différents, et les exigences qu’ils font au niveau philosophique et conceptuel sont très différentes.
Alors que, par exemple, la conception et la construction d’une raffinerie de pétrole ou d’une usine de fabrication de moteurs mettent peu de pression sur les valeurs et les croyances, l’appréciation et la maîtrise de la science le font peut-être. Le fait que la science ne puisse pas supprimer le questionnement signifie qu’un conflit avec les modes de pensée traditionnels est presque inévitable. En effet, les islamistes, au lieu de développer une ouverture aux méthodes scientifiques et leurs conclusions, ont mis fin à ce débat contradictoire et conflictuel en imposant des restrictions sévères et strictes à la validation des sciences modernes dans le monde islamique : (1) Affirmation de l’existence de miracles « scientifiques»; (2) Prouver que tous les faits scientifiques connus peuvent être attribués au Coran ou à la Sunna ; (3) Nouvelles conjectures liées aux phénomènes physiques apparemment basés sur les textes saints; (4) Une condamnation de la science laïque « occidentale ». – Les philosophes éclairés de l’islam: «les civilisations sont des cocktails de gènes culturels, de liens qui s’interpénètrent, qui s’influencent réciproquement. »
Ce conflit que Les philosophes éclairés de l’islam tels que ‘Ibn Rushd, al-Kindi et Al-Bîrunî entre autres avaient intelligemment, soigneusement et carrément résolu en voyant dans les versets et hadiths ci-dessous des invitations aux savants de l’âge d’or de l’islam, en particulier les philosophes et les scientifiques, qui y ont répondu avec zèle et ont compris les normes morales et éthiques qui doivent être respectées dans la poursuite de la connaissance : «(-«Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas?» -Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir. –« Celui qui abandonne son foyer pour se mettre en quête du savoir suit la voie de Dieu…L’encre du savant est plus sacrée que le sang du martyr » -« Une heure de contemplation (ou d’étude) de la nature vaut mieux qu’une année d’adoration (de Dieu) ». – « Cherchez le savoir même jusqu’en Chine, car la recherche du savoir est une obligation pour tout musulman ». En effet, ils ont lié directement la quête de la connaissance « même en Chine » à cette autre injonction prophétique: «Dites la vérité même si cela vous fait mal». al-Kindi a ainsi écrit:
« Notre objectif doit être de recueillir la vérité d’où qu’elle vienne, car rien n’est plus prioritaire pour le chercheur de vérité que la vérité ». Al-Bîrunî a souligné le même impératif moral, en préfaçant son travail substantiel sur l’Inde, il a écrit: «J’ai composé ce livre sur les croyances du peuple indien, et bien qu’elles diffèrent de nous en matière de religion, je n’ai pas rejeté ce que j’ai trouvé exact dans leurs connaissances ou croyances ». Dans un autre chef-d’œuvre de sa (La chronologie des nations anciennes), il a conclu son travail avec le verset suivant : « Que celui qui vit puisse vivre par des preuves claires, et très certainement Allah entend, sachant » (Q 8:42). Il a également souligné la nécessité de justifier chaque affirmation, ce que Ibn Sina a souligné en déclarant ce qui suit : «Celui qui s’habitue à croire sans preuve a glissé de son humanité naturelle» Le grand Averroès faisait la même remarque : «Ainsi, si un autre a déjà exploré cette question, il est évident que nous devons considérer ce que notre prédécesseur a dit qui pourrait nous aider dans notre entreprise, indépendamment du fait que notre prédécesseur ait appartenu ou non à notre religion. En ce qui concerne l’instrument par lequel notre raisonnement est justement raffiné, il importe peu de considérer, relativement à son pouvoir de raffinage, si cet instrument fut inventé par un coreligionnaire ou par quelqu’un qui ne partageait pas notre foi. La seule obligation est qu’il remplisse les conditions d’être sain et efficace».
Selon Nauman Faizi, le souci de Faṣl al-maqāl est d’établir une harmonie entre hikma et sharia, provoqué par la perception d’Averroès des divergences entre le sens clair du discours scripturaire et les conclusions de la réflexion philosophique ou du raisonnement démonstratif . Il retrace les tensions entre philosophie et Écriture aux multiples modes de raisonnement employés par ces derniers. Faṣl al-maqāl indique à la fois ce qui est distinctif et partagé dans la philosophie et les Ecritures car il plaide pour une relation harmonieuse entre eux.*Tous deux exercent une force rationnelle sur leurs interprètes et offrent la possibilité de nouer des relations avec la réalité. Tous deux possèdent la capacité de guider et d’orienter avec succès le comportement humain dans la poursuite de fins pratiques et d’actions vertueuses. Cependant, alors que la philosophie garantit la production de concepts et de jugements identiques au réel, l’Écriture peut parfois offrir des approximations et des ressemblances du réel à ses lecteurs.
Et tandis que la philosophie se limite à une classe ou à un groupe d’individus spécifiques au sein d’une communauté, le discours scripturaire se rend accessible à la communauté en général. Le discours philosophique, avec sa confiance sans compromis dans le raisonnement démonstratif, est supérieur par rapport aux Écritures du point de vue de la compréhension théorique de la vérité. Les contenus symboliques, dialectiques et rhétoriques du langage scripturaire sont incapables d’articuler théoriquement la vérité de la manière dont le langage démonstratif accomplit cette tâche. Mais le discours scripturaire ne construit pas non plus de fictions pieuses pour ses interprètes.*Pour Averroès, le langage non démonstratif est une iconisation légitime, quoique approximative et inexacte, de la réalité, qui est suffisante pour ses interprètes à tous égards pratiques, sauf pour la compréhension théorique de la vérité Averroès était très moderne dans son accent sur une attitude tolérante envers tous les points de vue et sectes. Il a noté que l’intolérance et les combats surviennent lorsque les gens insistent sur une seule compréhension possible. « Il ne faut pas essayer d’imposer une sorte de consensus, qui ne peut être qu’illusoire », dit-il, « surtout si une telle tentative de consensus se construit sur des lectures dogmatiques de textes ». Seul le raisonnement démonstratif peut être objectif, c’est-à-dire indépendant de l’auteur, et peut aboutir à des résultats qui peuvent être reconnus comme vrais et donc acceptés par tous.
Al-Ghazali fit entrer le rationalisme islamique dans une ère extrêmement sombre.