«Le coût socio-économique des accidents de la circulation se situe entre 15 et 16 MMDH par an»

Al Bayane : En 2017, le nombre de morts dans les accidents de la circulation a baissé  de 2,62%,  un taux qui  reste toutefois élevé…

Benacer Boulaajoul : Au niveau de la sécurité routière, nous travaillons avec des objectifs et des indicateurs. Quand nous avons élaboré la Stratégie nationale de la sécurité routière, nous nous sommes fixés un certain nombre d’indicateurs et des niveaux qu’il faut atteindre à certaines échéances, avec des plans d’actions quinquennaux dont le premier a pour but de réduire ce taux à 25%. Nous avons fixé d’atteindre 2800 morts par an à l’horizon 2021.  Le deuxième objectif, celui de la stratégie, vise à réduire de moitié le nombre de morts et à avoir moins de 1900 tués à  l’horizon 2026. Pour atteindre cet objectif, nous disposons de certains objectifs que nous avons déclinés selon des étapes. Le premier objectif-étape est de réduire de 3% le nombre de morts en 2017. Nous avons pu ainsi réaliser une baisse de 2, 62%, soit 94 vies humaines protégées. Effectivement, le nombre de tués reste encore élevé.  Mais notre travail et celui de l’ensemble des acteurs concernés, conformément aux décisions prises dans le cadre du plan quinquennal, visent à  atteindre 1900 tués à  l’horizon 2026.  Je pense que ce résultat est raisonnable. Nous espérons ne pas avoir d’accidents, surtout les accidents mortels.

Vous misez sur le volet de la sensibilisation. Pouvez-vous nous en parler?

C’est vrai, nous misons sur la sensibilisation. Aujourd’hui, au niveau national, et comme cela se fait dans tous les pays  qui  ont une maîtrise de la sécurité routière, il ne faut  jamais miser sur un seul levier. Aujourd’hui, nous avons une approche intégrée. Nous travaillons sur le levier «infrastructures» qu’il faut développer, mettre  à  disposition des usagers de la route et des citoyens d’une manière générale. Une infrastructure de qualité, qui offre un niveau  de  service et de sécurité  de qualité, est extrêmement importante. Le levier du véhicule est également primordial. Dans ce cadre, l’Etat marocain a déployé d’énormes efforts pour renouveler le parc automobile, que ce soit pour les autocars, les camions, les taxis. Je pense que nous avons dépassé les 50% au niveau du renouvellement des taxis. Ce qui permet d’augmenter le niveau de sécurité.

L’autre levier c’est celui de la prise en charge des victimes des accidents de la circulation. Près de 28 à 30% de personnes meurent, soit sur le champ, soit au moment du transport, c’est-à-dire entre le site de l’accident et l’hôpital. Aujourd’hui, à travers ce levier,  nous visons à rendre cette action plus rapide, en accélérant l’intervention des services de secours et en améliorant la qualité de la prise en charge au niveau des hôpitaux. Le 4e volet est relatif au comportement. Dans le jargon de la sécurité routière, c’est un facteur de risque et un facteur aggravant. Aujourd’hui, il faut  tout  faire pour encadrer  ce comportement. Un autre aspect est celui de l’information et de la sensibilisation  et du  contrôle. Aujourd’hui, s’il y a des lois, il faut qu’elles  soient respectées. Au niveau de la sensibilisation, il faut diversifier un peu les canaux de communication dont les supports de communication, les leviers de la communication, l’approche participative au niveau de la communication, l’ouverture sur l’ensemble des acteurs, le travail avec les associations,  les médias et  l’investissement dans le digital…

Qu’en est-il de la lutte contre le transport clandestin?

Le transport  clandestin, s’il existe aujourd’hui, c’est parce qu’il répond à  un besoin. C’est tout à fait  évident. Nous ne pouvons  pas demander aux gens qui  habitent les montagnes, qui habitent les douars et le monde rural de ne pas utiliser  ou recourir à  ce transport informel.  Aujourd’hui, le ministre a fourni un effort en facilitant  un petit peu les agréments concernant les transports  mixtes. Il y a un cahier de charge ! C’est un chantier qui  est ouvert. Le ministre essaie d’absorber ce secteur informel  et   le rendre formel. Il s’agit de développer le transport en commun et en faire un transport attractif, de qualité, ponctuel et qui incarne entre autres la sécurité.

Quel est le coût socio-économique des accidents?

C’est l’une des études les plus compliquées au niveau mondial parce qu’elle est liée au système d’information de tous les secteurs  de chaque pays.  Au Maroc, nous avons entre 1,5% à 2% du PIB. Et Si on veut donner un chiffre, c’est entre 15 et 16 milliards de dirhams par an comme coût socio-économique des accidents de la circulation. Je pense qu’il  y a un volet extrêmement important, c’est le côté émotionnel, affectif qui n’a pas  de prix. Après un accident, on n’a plus la même vie.

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

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