Moussem d’Assilah
Des experts et politologues de différents pays arabes ont débattu, lundi dans le cadre du troisième colloque de la session d’automne du Moussem culturel international d’Assilah, du thème « Les Arabes et les nouvelles mutations régionales et internationales: où va le panarabisme? », et ce en présence de personnalités politiques, diplomatiques, culturelles et médiatiques imminentes.
Intervenant lors de l’ouverture de ce colloque, qui s’inscrit dans le cadre des travaux du 42ème Moussem culturel international d’Assilah et de la 35ème édition de l’Université ouverte Al-Mouatamid Ibn Abbad, placés sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, le secrétaire général de la Fondation du Forum d’Assilah, Mohamed Benaissa, a indiqué que le but de ce troisième événement du Moussem est de recenser les tentatives de modernisation apparues dans le monde arabe depuis la fin du 19ème siècle, et associées au panarabisme qui a pris trois formes différentes et distinctes.
La notion du panarabisme a une forme civilisationnelle qui consiste en les efforts des penseurs et hommes de littérature, une forme qui se penche sur l’aspect idéologique et qui s’est manifestée dans les courants politiques partisans et certains mouvements, et une troisième forme à dimension stratégique illustrée par le système régional intégré adopté par la Ligue des États arabes et ses instances spécialisées dans l’action arabe commune.
M. Benaissa a estimé que les mutations régionales et internationales, dont les répercussions touchent encore le monde arabe, ont affecté négativement le concept du panarabisme, ses dispositions et ses structures politiques, notant que cet impact s’est traduit par la fracture de l’Etat-nation dans certains pays arabes, avec ses répercussions désastreuses dans certains cas graves.
Le colloque tente d’élaborer une nouvelle vision de l’action arabe commune et de proposer une alternative d’institutions arabes, qui puissent interagir avec la nouvelle réalité arabe, en tenant compte des changements et des mutations que connaît la région et son environnement, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, les intervenants ont indiqué que la notion de panarabisme tente, dans son acception générale, de refléter l’aspiration à une nation unique qui accueille tous les peuples de la région et traduit leurs ambitions économiques, sociales et démocratiques, et qui revêt un aspect d’unité permettant de faire face aux difficultés actuelles et futures.
Ils ont estimé que la réalité actuelle dans son ensemble ne reflète pas les aspirations autour desquelles s’est forgée l’idée du panarabisme, puisque la région arabe connaît des difficultés dans divers aspects alors que certains pays cherchent à compromettre les efforts d’unité arabe et l’intégrité territoriale d’autres pays, soulignant que cette situation assez sombre peut s’éclaircir grâce à l’évolution démocratique interne inexorable dans certains pays, ainsi que la conscience des peuples, qui tiennent au panarabisme en tant que pensée d’unité et une identité qui rejette les idéologies étroites et fanatiques, l’extrémisme, la dispersion et la désintégration.
Les participants ont ainsi appelé à faire du concept de panarabisme un facteur de motivation pour faire face aux défis et aux difficultés de manière commune et homogène, et un moyen de croissance, de coopération et de réalisation du pluralisme, plutôt qu’un facteur de dispersion et d’exclusion, et un slogan vague, ajoutant que cette notion, dans son concept global et ses dimensions d’unité et de civilisation nobles, nécessite de nouvelles réflexions conformes aux exigences actuelles et tournées vers l’avenir.
Les intervenants ont également appelé au renforcement des rôles des structures arabes pour mettre en réseau les efforts, harmoniser les opinions et les mettre en oeuvre, et élaborer un modèle politique et de développement réalisable et opérationnel, précisant que le concept de panarabisme ne se limite pas à utiliser une seule langue et appartenir au même espace géographique, mais renvoie plutôt à des convictions ancrées qui devraient être la base d’une action commune profitable, d’une vision de développement globale, et de positionnement dans un monde en mutation.
Il est à noter que les travaux de la session d’automne du Moussem culturel international d’Assilah se sont ouverts le 29 octobre, avec un colloque sous le thème « le Maghreb et le Sahel: l’inéluctable partenariat? » (29 au 31 octobre), suivi d’un deuxième colloque sur « Quel avenir pour la démocratie électorale? » (du 3 au 5 novembre).
Par ailleurs, un quatrième colloque sous le thème « Cheikh Zayed: la vision d’un leader éclairé » (12-13 novembre) est également prévu lors de cette session, en plus d’une conférence-hommage au vétéran de la presse marocaine, Mohamed Brini (11 novembre) et de la deuxième rencontre poétique « langage de la poésie arabe aujourd’hui » (16-17 novembre).