Le processus électoral prévu l’année prochaine pour le renouvellement des instances des deux chambres du parlement et l’élection des membres des communes, des régions, des assemblées préfectorales et provinciales, ainsi que des chambres professionnelles et les représentants des salariés, sera certainement le plus long et le plus dense dans l’histoire des élections au Maroc.
Pour ce faire, les concertations ont déjà démarré avec la rencontre du ministre de l’Intérieur et les chefs des partis politiques. Au menu figurent des débats autour du mode de scrutin, le découpage électoral et l’arsenal juridique devant régir le processus électoral ainsi que la formule des listes dédiées aux femmes et aux compétences ainsi que d’autres questions liées au contexte du paysage politique.
Dans ce processus, les élections locales, provinciales, régionales et professionnelles balisant la voie à la mise en place de la deuxième chambre, coïncideront cette année avec le renouvellement des membres de la chambre des représentants, dont la majorité sera appelée à former une coalition gouvernementale. Par quelle instance législative, première ou deuxième Chambre, le processus électoral démarrera-t-il?
Cette question est soulevée d’autant plus que le renouvellement des instances de la deuxième chambre avant l’élection des députés influencerait le processus de la première chambre. Car, les partis qui gagneront les présidences des mairies et des communes ainsi que des régions et des assemblées préfectorales ou provinciales pourraient les «investir» pour renforcer leurs chances dans le processus électoral des députés.
Ainsi, des «armées» de fonctionnaires communaux pourraient être mobilisées pour soutenir le maire auprès de qui ils vont travailler durant six années, font remarquer certaines sources. Ce qui pourrait engendrer des confusions chez les électeurs et fausser la donne de l’égalité des chances. Dans ce cadre, d’aucuns estiment que la formule la plus convenable serait de mettre en place la première chambre avant de lancer le processus ayant des corrélations directes avec la politique de proximité.
D’autres voix appellent à organiser un seul scrutin pour élire en même temps le local, le régional et le national. Cette approche reste probable mais difficile à concrétiser dans le paysage politique marocain. En ce qui concerne le mode de scrutin, il faut dire qu’aucun mode de scrutin n’est parfait et ne peut être parfaitement adapté à tous les contextes politiques. Chaque société conçoit son modèle en fonction de plusieurs paramètres liés notamment à sa culture, ses réalités, ses aspirations démocratiques, la répartition de la population sur le territoire, etc.
Et dans chaque mode de scrutin, les éléments techniques qui le composent font la différence. Ce que des chercheurs en sciences politiques appellent «des freins et des accélérateurs». La question du découpage électoral est également envisagée sous le même angle. Autant dire que la meilleure formule est d’aboutir à un consensus pour lancer le processus électoral sur des bases saines et démocratiques.
Belkassem Amenzou