Entretien avec Rémi Bonhomme, directeur artistique du FIFM

«Cette édition nous fait croire que le festival continue à attirer  la curiosité des publics qui se renouvèlent»

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

La dix-neuvième édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM) s’est clôturée, samedi 19 novembre, à Marrakech. En effet, cet événement cinématographique d’envergure a offert aux publics et aux professionnels du 7e art une programmation aussi riche que variée. Il y en avait pour tous les goûts !  Dans cet entretien, le directeur artistique du festival, Rémi Bonhomme nous livre son bilan, ainsi que sa vision pour la prochaine édition qui fêtera les 20 ans d’existence du FIFM. «On était porté par l’enthousiasmé, la présence et la chaleur du public qui a répondu présent, dès l’ouverture du festival, et son implication qui n’a pas faibli tout au long de l’événement parce qu’on a plus de 120 projections, 50 débats, 10 conversations autour de cinéastes, de comédiens et de compositeurs de musiques de films», a-t-il souligné. Les propos.

Al Bayane: Après deux ans d’arrêt dû à la Covid-19 et ses percussions sanitaires, le FIFM a retrouvé pendant dix jours ses publics, mais aussi ses stars venues de différents continents. Quel bilan faites-vous de cette dix-neuvième édition qui est un peu spéciale cette année ?

Rémi Bonhomme : Elle était spéciale parce que c’est l’édition de retrouvailles ;  retrouver le public, retrouver les artistes, notamment ceux qui revenaient au festival et ceux qui venaient pour la première fois. Je crois qu’il y avait une grande attente de ce retour du festival. On était porté par l’enthousiasmé, la présence et la chaleur du public qui a répondu présent, dès l’ouverture du festival, et son implication qui n’a pas faibli tout au long de l’événement parce qu’on a plus de 120 projections, 50 débats, 10 conversations autour de cinéastes, de comédiens et de compositeurs de musiques de films. Le programme était extrêmement riche. Le public était présent à chacune de ces étapes de la programmation de cette édition.

Justement, vous avez misé lors de cette édition  sur la proximité en s’ouvrant surtout un public jeune et moins jeune. Pourquoi un tel choix ?

Je crois que c’est la mission de tout festival : être proche du public. Par ailleurs, on a la chance dans ce festival de préparer tout au long de l’année une programmation pour le public de Marrakech, pour les cinéphiles du Maroc qui viennent, pour les professionnels marocains qui répondent présents chaque année à ce rendez-vous. Evidement, il faut montrer des films, mais aussi et surtout créer des moments d’échanges avec des cinéastes, des comédiens qui viennent avec beaucoup de curiosité rencontrer le public. Je crois que le cinéma, c’est aussi un lieu d’échange parce qu’on aime ou n’aime pas des films, l’importance aussi, c’est d’en discuter et de confronter notre regard à celui des autres. Un festival est une expérience collective qui permet d’ouvrir ces débats-là à travers des formations d’une compétition de découverte de jeunes talents, mais aussi le 11e continent, une section qui a été créée assez récemment, qui s’est déroulée au Musée Yves Saint Laurent avec des films qu’on a moins l’habitude de voir et qui suscitent beaucoup de curiosité de la part du public avec des débats passionnants. On a ouvert le festival par une projection pour des enfants de 4 à 5 ans qui ne se sont jamais allés au cinéma. En effet,  800 enfants venaient des alentours de Marrakech. Je pense que c’est l’un des moments forts du festival surtout le fait de voir des yeux d’enfants qui brillaient en découvrant pour la première fois la magie du cinéma. En outre, de 4 ans jusqu’aux lycéens, le jeune public a profité des différentes projections. Cet accompagnement du  jeune public est essentiel parce qu’on a accompagne le public de demain.

Le FIFM  fête ses 20 ans d’existence l’année prochaine. Prouvez-vous nous dire plus cette édition anniversaire.

20 ans, c’est très jeune pour un festival. Le FIFM a réussi de faire sa place parmi les manifestations cinématographiques mondiales en faisant venir des grands noms du cinéma. Je suis très admiratif  du travail qui a été mené pour les 18 éditions précédentes. D’abord, le fait d’être un lieu de rencontres avec des personnalités aussi prestigieuses qui viennent ici. C’est très rare qu’un festival propose des rencontres  fructueuses avec une belle brochette de figures de proue du 7e  art mondial. L’autre défi était de mobiliser le public qui est un travail important. Cette édition nous fait croire que le festival continue à attirer  la curiosité des publics qui se renouvèlent parce qu’on a un public extrêmement jeune. Quand on parle de la 20ème édition, c’est toujours une occasion pour dresser un  bilan et regarder vers l’avenir. En effet, le bilan de cette édition donne à croire que l’avenir du festival s’annonce plutôt lumineux.

Après ce bilan, y aura-t-il peut être un changement au niveau de la ligne éditoriale du festival afin de lui  donner plus d’éclat à l’international ?

Je crois que la meilleure manière de regarder vers l’avenir, c’est d’accompagner les jeunes talents, c’est de les mettre en lumière. Cette année, on a présenté 15 films marocains dont la grande majorité étaient des premiers et seconds films. À vrai dire, on assiste à la relève du cinéma marocain, de cette jeune génération cinéastes qui nous surprennent. Le FIFM est l’un des rares festivals à pouvoir mettre en place entre ces jeunes talents et les plus grands noms du cinéma et de croiser ces regards entre les cinéastes confirmés qui nous font rêver et ceux qui vont façonner le cinéma de demain.

Le FIFM a contribué au rayonnement du cinéma d’ici et d’ailleurs. D’après vous, comment ce rendez-vous et plus précisément les Ateliers de l’Atlas peuvent jouer un rôle clé notamment dans la promotion de l’industrie du cinéma au Maroc et dans le continent africain ?

Les Ateliers de l’Atlas qui ont été créés en 2018, je pense qu’ils ont arrivé au bon moment où on assiste à une nouvelle génération de cinéastes  du continent africain qui ont fait bouger un peu les lignes du cinéma de cette région. On a montré cette année 7 longs-métrages qui ont été soutenus par les Ateliers de l’Atlas (un cinéma de genre, un cinéma fantastique…). Ce sont des registres de cinéma qui ont été un peu moins explorés dans cette région et au Maroc. Ces ateliers jouent un rôle fondamental dans la création de l’industrie du cinéma qui a besoin de fonctionner comme telle et en même temps être attentive aux jeunes talents. Les professionnels du monde entier accordent aussi un intérêt à ces ateliers en venant accompagner des talents marocains, arabes et africains.

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