La politique est avant tout, une question de morale, a-t-on toujours l’habitude de dire à voix haute! Mais, de nos jours, qui s’attelle à moraliser la pratique politique, dans notre pays? A coup sûr, une toute restreinte minorité s’ingénie à le faire, au milieu d’un étang de faussaires de vertus que sécrète la bonne conduite politique.
Ce constat anachronique dans un pays, en pleine effervescence, éclate en mille tessons, tout particulièrement, lors des campagnes électorales. On se permet de souiller ces opérations par des manies attentatoires aux valeurs et aux règles de l’art, sans aucune vergogne. En fait, non seulement, on salit ce processus, mais, on injecte aussi dans la société entière de vils usages, entachés de fraude et de perversion.
Ce n’est pas étonnant, en conséquence, si les populations sont, de ce fait, prises par les effets de la répugnance envers la notion de la politique. Cette désaffection s’intensifie encore davantage dans les milieux des jeunes pour lesquels la politique n’a plus aucun sens. Conscient de ce désamour collectif à l’égard de la politique, le régime tend à affaiblir le champ politique national, en particulier ses composantes sérieuses, à élargir le fossé par rapport au peuple et à tisser comme bon lui semble les contours de la carte politique. Tout en s’évertuant à proscrire la politique, il ne se rend peut-être pas compte qu’il creuse sa propre tombe. Une approche dictée par des obsessions sécuritaires excessives, mais qui s’avère hyper gravissime dans la mesure où la vacance politique génère, ipso facto, des incidences fâcheuses en termes de stabilité sociale, d’équilibre territorial, de suffisance alimentaire et d’assurance socio-économique.
Aujourd’hui, cette vacuité politique au sein d’un gouvernement indolent et disparate, avec deux pôles fratricides, aux yeux résolument rivés vers le prochain échéancier, au lieu de vaquer aux problématiques du pays et aux attentes des citoyens jusqu’au terme du mandat, met de l’inertie dans la vie politique nationale. On ne peut bâtir une démocratie saine sans partis politiques forts, autonomes et intègres. Qu’en est-il à présent dans le paysage partisan marocain ? Un vide politique hallucinant dans la quasi-totalité des créatures soumises au bon vouloir des créateurs, sans légitimité historique ni impact populaire. Un mutisme effroyable au sein de la classe politique et de l’élite intellectuelle, du moins celle aux mouvances progressistes qui se la coulent douce, alors que la nation est en proie à la dérive politique asphyxiante.
Presque toute cette panoplie livide de «l’avant-garde» nationale semble avaler sa langue, alors que le pays vit une vacation politique inouïe, face aux tares régnantes et aux insanités funestes qui assassinent notre démocratie vulnérable, pour les beaux yeux d’une poignée de fossoyeurs pernicieusement introduits dans la scène politique. Depuis l’Alternance, après le rapprochement Monarchie/Mouvement national, le train des réformes était remis sur les rails. Mais, une décennie passée, on s’est vite pressé de le dérailler de nouveau, avec l’irruption d’une entité hétérogène conquérante, pareil à ses pairs de 77 et 84.
Ce n’était en effet, que des expériences loufoques et vaines de l’histoire politique marocaine. Aujourd’hui, le Maroc a grandement besoin de replacer le train sur son lit, par la mise en œuvre d’un nouveau souffle démocratique et un large débat national responsable et civique, basé essentiellement sur la volonté ferme de renforcer la politique honnête et de remettre en avant une réelle médiation réconciliante avec le peuple…