«Le job» de Réda Dalil : une critique juste du capitalisme farouche…

Un jour, un livre…

 Mohamed Nait Youssef

Réda Dalil, brillant journaliste, éditorialiste et écrivain, a passé l’arme à gauche, mercredi 19 mars, après une longue lutte contre la maladie. Il avait 45 ans.  Né en 1978 à Casablanca, Réda Dalil a signé trois livres «Le job» (éd. Le Fennec-2013) qui a été couronné en 2014 par le  prestigieux prix littéraire de la Mamounia,  «Best Seller» (éd. Le Fennec, Casablanca, 2016) et «Ce Maroc que l’on refuse de voir » (éd. Le Fennec-2018).

À l’âge de 30 ans, Réda Dalil laisse derrière lui une carrière de financier pour se consacrer à sa passion et son premier amour : l’écriture. À sa sortie, «Lejob», sa première œuvre romanesque,  a été salué par la critique et le public annonçant la naissance  d’un jeune auteur talentueux. Ce roman dont le style juste et maîtrisé nous projette dans l’univers de Ghali Habchi, un cadre supérieur exerçant  dans le domaine de la finance au sein d’une multinationale. En effet, son licenciement suite à la crise des subprimes est un tournant dans sa vie à la fois personnelle et professionnelle. « Moi j’ai passé huit ans de ma vie à bouffer du chiffre, à étudier puis à exercer le métier de financier et aujourd’hui, je suis juste un paumé frappé de plein fouet par la crise des subprimes. Je n’ai aucun doute : les subprimes sont à l’origine de mon chômage. Ali lui, n’est pas une victime des subprimes, il devrait s’en consoler. Les subprimes : un conceptflou, une sorte de caprice. Je ne sais ce que ça veut dire, je sais juste qu’à cause de banquiers véreux, jamais rassasiés de gains faciles, on a refilé à des clodos, à des chômeurs, à des immigrés mexicains illégaux, des clefs de baraques à deux cent mille dollars. », «Le job» (éd. Le Fennec-2013).Depuis, le délire de la quête d’un emploi a duré plusieurs mois. Ainsi, la situation se complique pour Habchi ayant sombré dans la dépression, l’échec, la spirale de l’alcool, la honte et le déni de soi. « Il faut à peu près deux mois de chômage au cerveau humain pour entamer sa descente dans les limbes de la stupidité. Au bout de six mois, ce n’est plus de stupidité que vous souffrez, c’est d’une sorte d’extinction radicale de l’intelligence, un blackout. »,  «Le job» (éd. Le Fennec-2013). La recherche de l’emploi continue. En vain. La crise financière mondiale bat son plein.  Habchi renoue les liens avec  Ali,  son ami de longue date, qu’il a hébergé chez lui.  Or, les choses tourneront mal pour Ghali qui tombe amoureux de la femme de son ami  qui a décidé de retourner contre son gré en Arabie Saoudite. Ghali a perdu les repères. Il essaie de déjouer les pièges de la poisse, mais en vain.  «De la joie, du bonheur, beaucoup de fierté. Au moment où Christine Orban a annoncé mon nom, j’ai eu une petite absence d’une dizaine de secondes. J’ai repensé à tous les sacrifices concédés pour écrire ce livre, au doute, aux remises en questions, bref à ce vague à l’âme qui, parfois, vous étreint lorsque vous essayez de boucler un chapitre et que ça vous paraît impossible. Et puis, d’un coup, cette somme de frustrations s’estompe, s’évapore, laisse place à une allégresse infinie. Le Job avait reçu un accueil plutôt favorable de la part des lecteurs. Restait à savoir de quelle façon des noms comme Douglas Kennedy, Alain Mabanckou, Mohamed Nedali, Adil Hajji, Vincent Engel et Rachid O, l’évalueraient. Fort heureusement, les choses se sont bien déroulées. Cette récompense constitue une sacrée motivation pour l’avenir. Si, il y a un an de cela, vous m’aviez dit que mon roman concourrait pour un prix aussi prestigieux, je vous aurais probablement pris pour un aliéné (rires). Plus sérieusement, la sélection en soi était une forme de reconnaissance. En arrivant à la Mamounia le week-end dernier, avant même que le prix ne me soit remis, je m’étais dis que j’avais déjà gagné. Je tiens d’ailleurs à rendre hommage aux sept autres auteurs qui composaient la liste des nominés. Leurs romans sont vraiment grandioses.”, nous confie Réda Dalil lors d’un entretien accordé à Al Bayane. Dans ce roman, Réda Dalil critique le capitalisme farouche réduisant l’essence humaine à un étant, un chiffre. «Lejob» et sa consécration par le prix prestigieux  littéraire de la Mamounia marque son entrée dans le monde de la littérature et de l’écriture.

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