Le secteur agricole dans le Souss Massa

Il est bien évident que la région du Souss Massa, outre son potentiel touristique, renferme également, dans ses périphéries, une forte activité agricole, notamment une expansion à l’export des agrumes, primeurs et légumes, avec une importante utilisation des technologies les plus poussées dans le domaine.

Sur des étendues vastes, des opérateurs économiques aussi bien nationaux qu’étrangers impriment à la région un gigantesque mouvement agricole, tout en contribuant substantiellement au déficit inquiétant des ressources hydriques, en particulier au niveau des nappes phréatiques dont les forages atteignent des profondeurs épouvantables.

Il est bien vrai que l’instance régionale s’est lancée dans une opération d’envergure inhérente à la station de dessalement des eaux de mer, dans la province de Chtouka Ait Baha, mise en œuvre dans le cadre de l’ébauche partenariale multipartite. Cependant, il faut bien dire que la problématique de l’eau constitue un spectre perpétuel dans une zone caractérisée par l’aridité et la désertification. Si l’économie agricole connaît des prouesses notoires en termes de revenus et d’essor tant régional que national, cette activité florissante révèle, toutefois, des limites criardes sur le plan social et humain, du fait de l’exclusion et de l’exploitation abominable dont sont victimes les ouvrières et ouvriers dans le périmètre du Souss, à Chtouka Ait Baha et Taroudant, plus spécialement.

En effet, la classe laborieuse dans ces régions souffre le martyr avec des propriétaires féodaux qui ignorent les plus élémentaires de leurs droits légitimes, sans que les autorités locales ni les administrations concernées n’interviennent. Les exemples ne manquent pas et pullulent dans les multiples sociétés et groupes agricoles de la région. Il faut souligner que les organisations syndicales, notamment celles relevant de l’Union Marocaine de Travail (UMT) déploient une lutte farouche contre toutes les formes de paupérisation et d’étouffement qu’exerce le patronat avec la complicité de leurs protégés. Nombre de groupes agricoles ne respectent pas, en effet, leurs engagements sociaux et leurs administrations respectives mènent une campagne farouche contre les syndicalistes.

Les accords conclus avec les responsables syndicaux ne sont toujours pas appliqués par les diverses sociétés, aussi bien nationales qu’étrangères, notamment:

  • La régularisation de la prime d’ancienneté et des heures supplémentaires par effet rétroactif depuis l’entrée en vigueur du code du travail.
  • La régularisation de la situation des ouvriers vis-à-vis de la CNSS depuis le début de leur activité.
  • L’attribution de la prime de scolarisation à tous les ouvriers et ouvrières.
  • L’application du code du travail en matière de protection des ouvriers et la création de services médicaux.
  • L’application du code du travail en matière de protection de la maternité et la création de garderies pour les enfants de salariés travaillant dans l’entreprise.

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Prépondérance de la filière «Fruits et Légumes» dans le Souss

Tout d’abord, il est à rappeler que le secteur agricole en général et celui des fruits et légumes en particulier participent grandement à la création de la plus-value ; à plus de 15% du PIB. De ce fait, il représente la locomotive de la croissance économique et sociale, ainsi que l’épanouissement de la productivité, de l’intégration et de la compétitivité. Il y a tout juste quelques années, le secteur agricole a contribué à l’ordre de 143 milliards dont 23 milliards en tant que plus-value, et draine plus de 7 milliards de dirhams de devises.

De surcroit, le secteur de l’exportation des légumes et des fruits est des plus importants en termes d’emploi au Maroc, puisqu’il cumule environ 500.000 postes d’emploi directs et représente 40% de la population active dans le milieu rural. Il permet alors d’assurer l’autosuffisance alimentaire et d’approvisionner le marché intérieur à travers une production de 1 millions 500 mille tonnes par an. A cet effet, il convient de rappeler qu’en 2012/2013, plus de 800.000 tonnes de légumes ont été exportées.

En effet, comme tout le monde sait, la crise qu’a connue un certain nombre de pays européens avait des incidences négatives sur les exportations marocaines en matière de légumes et de fruits et qui, de ce fait, n’ont connu que 2 à 3% de progression en termes de quantité. En ce qui concerne les prix, il y a lieu de constater qu’ils ont été généralement en deçà des aspirations, ne couvrant nullement les frais de production et d’exportation, ce qui influe négativement sur la valeur des ventes de 20 à 30%.

En plus, nombre de facteurs de production ont accusé une augmentation au niveau des tarifs, ainsi que la main-d’œuvre, constituant un lourd fardeau pour les producteurs et leur liquidité. A cet effet, il s’avère alors difficile de couvrir toutes les dépenses, au vu des coûts du marché intérieur qui, à son tour, représente un grand handicap au niveau de l’amélioration des conditions de vente et de qualité. Les frais d’investissement ont pareillement connu ces dernières années une ascension notoire, passant de 120.000 dirhams en 1995 à 400.000 dirhams par hectare actuellement. Cela en ce qui concerne les serres dites «canariennes».

S’agissant des serres «nouvelle génération», elles dépassent 2 millions de dirhams par hectare. Récemment, suite la hausse des frais de production et des conditions climatiques, sociales et économiques délicates, sans oublier la régression des investissements dans le secteur, nombreuses sont les fermes qui sont menacées de faillite et d’arrêt de leurs activités. En fait, ces fermes en danger englobent environ 1500 hectares, recrutant plus de 1500 postes de travail directs et indirects. Selon nombre d’intervenants, on pourra donc résumer ces contraintes infrastructurelles dans les indicateurs suivants :

le secteur de l’agriculture abrite des spécificités multiples et s’expose à des entraves diverses, notamment la non qualification de la main-d’œuvre et peu avertie ; les activités du secteur sont temporaires et saisonnière; l’agriculture s’exerce dans des régions rurales sans infrastructures de base; le Code de travail n’a pas pris en considération cette saisonnalité concernant l’embauche de la main-d’œuvre temporaire; le Code de la route n’a pas pris en compte la particularité du secteur en termes des accès précaires dans le milieu rural qui ne permettent aucunement l’acheminement de nombre de moyens de transport et n’incitent guère à l’apparition des sociétés de transport privées.

Face à toutes ces contraintes, les participants se sont donc interrogés sur les garanties qui assurent la continuité du secteur. A ce niveau, il est donc impératif que l’Etat s’attelle à la préservation des biens et de la liberté de travail, en activant d’urgence la loi régissant la grève et le décret relatif à la spécificité du secteur agricole.

Saoudi El Amalki

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