JO-2024
Quarante-et-une médailles, dont douze en or, plusieurs assurées en boxe: la France est certaine de battre son record de podiums olympiques, une moisson historique qui ne garantit toutefois pas de finir dans le Top 5, l’objectif affiché avant les Jeux.
D’autant que la deuxième semaine, traditionnellement moins prolifique pour la France, s’annonce ardue, avec un athlétisme tricolore en souffrance, qui ne peut exclure de dupliquer la page blanche de Sydney-2000 (zéro podium).
Difficile toutefois de jouer les Cassandre après une telle semaine… Surtout quand les sportifs français ont écrit des pages d’histoire du sport mondial, comme vendredi avec la quatrième médaille d’or individuelle de Léon Marchand –qui le fait intégrer un club très fermé avec les légendaires Mark Spitz et Michael Phelps– ou le troisième sacre olympique individuel de Teddy Riner (en plus de ses deux par équipe) qui en fait incontestablement le plus grand judoka de l’histoire; ou enfin le triplé historique du BMX tricolore.
Avec six autres médailles ce jour-là, jamais les Français n’avaient réussi pareille moisson en une seule journée depuis les JO d’Atlanta il y a 28 ans. En 1996, les Bleus avaient signé leur meilleure performance de l’ère moderne avec 15 sacres et une 5e place au tableau des médailles.
A domicile, l’objectif affiché des autorités de terminer dans le top 5 apparaît accessible. Un classement pour lequel le premier critère est le nombre de médailles d’or.
Etats-Unis et Chine seront à coup sûr devant. En l’absence des Russes, la France est troisième, mais avec autant de titres (12) que l’Australie, 4e.
Cinquième pour le moment (10), la Grande-Bretagne est une nation forte de l’athlétisme et du cyclisme sur piste, autre discipline grosse pourvoyeuse de médailles, et peut prétendre à plusieurs sacres. La Corée du Sud (9) et le Japon (8) peuvent aussi se mêler à la bataille. Italie et Pays-Bas, autres candidats naturels au Top 5, semblent un peu distancés (6) mais leur athlétisme est autrement performant.
Actuellement, la France est « au-dessus de (son) plan de route », a confié à l’Equipe samedi Claude Onesta le manageur du haut niveau au sein de l’Agence nationale du sport (ANS), refusant d’anticiper la suite: « Seuls ceux qui lisent dans l’avenir peuvent le dire ».
Une prudence logique car sans judo, escrime ou désormais natation, la France freine traditionnellement en deuxième semaine.
Certaines sources au sein du mouvement sportif français tempèrent même l’euphorie, assurant que la France est un peu en retard sur son tableau de marche idéal. « On a vécu un très bon début de JO, mais on est aussi passé à côté de pas mal de médailles d’or », assure à l’AFP l’un des cadres du mouvement olympique français.
Avant les JO, la société d’analyses de datas américaine Gracenote-Nielsen, s’appuyant sur les données de performances, avait pronostiqué une razzia pour les Bleus avec 27 titres, soit 17 de plus qu’à Tokyo.
Gracenote avait anticipé des titres qui ne sont pas venus pour Romain Cannone (escrime), Romane Dicko (judo), Amandine Buchard (judo), Clarisse Agbegnenou (judo) ou encore l’épée masculine…
« On va a priori battre le record d’Atlanta (15 médailles d’or), on est parti pour. Mais est-ce que ce sera suffisant? », s’interroge un autre responsable technique du sport français. A Tokyo, il y a trois ans, le top 5 était à 20 médailles d’or, sans doute une marque à atteindre à Paris pour prétendre à ce classement.
« Le début est un peu trompeur. Même si le total est bon pour l’instant, il va falloir s’accrocher jusqu’au bout pour le top 5 », pronostique ce cadre. « Les Britanniques devraient nous passer devant, il faut faire attention aussi à l’Australie. On a encore pas mal de possibilités, mais on n’a plus beaucoup de marge », ajoute ce responsable.
Il reste effectivement quelques cartouches pour la France. C’est ainsi la semaine des médailles en sports collectifs, où la France avait excellé à Tokyo, sacrée au volley-ball chez les hommes et dans les deux tournois en handball; au surf avec Johanne Defay et Kauli Vaast par exemple, en cyclisme sur piste avec Mathilde Gros et Benjamin Thomas, en taekwondo avec Althéa Laurin, en voile également. Ou encore en boxe, avec Sofiane Oumiha, Billal Bennamma et Djamili-Dini Aboudou Moindze chez les hommes, qui sont en demi-finale.
« Il faut rester optimiste car il y a aussi quelques surprises qui peuvent tomber », poursuit ce cadre du mouvement sportif.