Plaidoirie pour un monde métissé

largement servi. La preuve. Invité de la faculté des lettres de Ben Msik, relevant de l’université Hassan 2 de Casablanca, le mythique ministre de la culture de François Mitterrand, a attiré du beau monde ce matin du 11 décembre 2013. Les anciens doyens de la faculté étaient là dont M. Hassan Essmili, la figure emblématique de cet établissement dont il a assuré les vrais fondements au sein d’un environnement difficile grâce justement au levier culturel. M. Lang était invité pour parler de la culture et du développement. Son agenda chargé ne lui a pas permis de développer ses idées dans une formule classique, style conférence ; il a donc opté, en connivence avec  Moulim Laroussi, modérateur de la séance, pour un brève introduction,  avant de donner la parole à la salle.  Ce fut un moment riche, instructif, édifiant…même si, comme l’a dit M. Lang, «tout le monde est reparti frustré»,  faute de temps.
La faculté des lettres de Ben Msick qui était la première à lancer des modules de formation dans le domaine audiovisuel et de la médiation culturelle,  développe d’autres cursus dans le mangement des organisations, l’ingénierie culturelle… IL était donc tout a fait naturel qu’elle accueille des personnalités de l’envergure de M. Lang. Si certains jeunes ont fait preuve d’une grande naïveté  – et d’une grande maladresse en termes de courtoisie –  en affirmant à plusieurs reprises qu’il ne connaissait pas leur invité, cela ne saurait faire oublier l’importance de cette visite de par la profondeur historique de cette personnalité qui a longtemps été l’homme politique le plus populaire en France. Ministre de la culture à plusieurs reprises notamment lors de la période faste sous François Mitterrand ; il a été l’homme qui a mis pratiquement la culture au poste de commande…réalisant une véritable révolution culturelle à travers une nouvelle approche de la politique publique en matière de culture et de communication : les grands travaux et les grands chantiers emblématiques de la nouvelle ère inaugurée sous Mitterrand (La Bibliothèque nationale, l’Arche de la défense, le grand Louvre…) la révolution dans le champ des médias audiovisuels. Sous son impulsion, le budget de la culture va connaître une augmentation régulière passant du simple au double…
Si le général De Gaule avait son Malraux, Mitterrand a eu son Lang… C’est lui qui a lancé de grands programmes de formation dans tous les domaines de la culture et de l’éducation artistique avec notamment des projets phares  comme le cinéma au collège et le cinéma au lycée.
C’est en outre un grand ami du Maroc. « On ne peut pas se détacher du Maroc longtemps » dit-il. Effectuant un aller retour rapide pour assister au vernissage de l’exposition Farid Belkahyat, il n’a pas hésité à trouver un moment dans son emploi du temps et avant de reprendre l’avion, de venir discuter avec les étudiants. Dans une bref point de presse au bureau du Doyen de la faculté, il a rappelé les initiatives qu’il mène à la tête de l’IMA pour revitaliser cette institution combien utile par les temps qui courent. Il a ainsi rappelé la politique de rigueur et de l’équilibre budgétaire qu’il initie sans trop peser sur les programmes ambitieux retenus. Il a cité comme exemple les rencontres autour du thème du pèlerinage ; le thème orient-express et le grand rendez-vous annoncé pour l’automne 2014, consacré à la nouvelle culture marocaine. S’adressant aux jeunes, il a rappelé son expérience à Nancy autour d’initiatives culturelles jugées «subversives», à l’époque. «Je n’ai jamais attendu les autorisations, quand on y croit, il faut y aller…mais, précise-t-il, il n’y a pas de recettes…cherchez à obtenir l’adhésion à vos projets par la conviction…en évitant les oppositions et les dichotomies appauvrissantes.»; s’agissant de l’héritage, il cite son maître François Mitterrand : «les mémoires sont révolutionnaires». Il a appelé à encourager la diversité et l’ouverture sur les autres cultures « je suis pour un monde métissé » a-t-il souligné avec force. Revenant sur la problématique de la culture et du développement, il a rappelé que la clé «réside dans l’investissement dans l’intelligence,  l’éducation et la création et ce n’est pas une question de masse budgétaire mais de choix pertinents».

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