Tabac et santé pulmonaire

Journée Mondiale sans tabac 31 Mai 2019

Ouardirhi Abdelaziz

Chaque année, le 31 mai, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires mondiaux dont le Maroc marquent la Journée mondiale sans tabac. Cette campagne annuelle est l’occasion de sensibiliser aux effets nocifs et mortels de l’exposition au tabagisme ou à la fumée des autres et de décourager la consommation du tabac sous quelque forme que ce soit.

Un réel problème de santé publique

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que d’ici 2020, le tabac sera la principale cause de décès et d’incapacité, avec plus de 10 millions de victimes par an.

C’est un chiffre qui fait froid au dos surtout quand on sait que dans ces décès il y a des personnes qui ne fument pas mais qui meurent prématurément en raison du tabagisme passif et dont le nombre est évalué à 600.000 personnes. Le tabagisme est à l’origine de cancers, de cardiopathies, d’asthme et d’autres pathologies. Le tabagisme est un facteur de risque pour six des huit premières causes de décès dans le monde.

Il est responsable d’un décès d’adulte sur dix. Parmi les cinq principaux facteurs de risque de mortalité, c’est la cause de décès le plus facilement évitable. 11 % des décès dus aux cardiopathies ischémiques, la première cause de mortalité au niveau mondial, sont attribuables à la consommation de tabac, de même que plus de 70% des décès par cancer du poumon, de la trachée et des bronches. Si les tendances actuelles se poursuivent, le tabagisme tuera plus de 10 millions de personnes par an d’ici 2030. Sur plus d’un milliard de fumeurs dans le monde, plus de la moitié mourront prématurément d’une maladie liée au tabac.

Le tabagisme entrainera alors plus de décès à travers le monde que le Sida, la tuberculose, la mortalité maternelle, les accidents de voiture, les suicides et les homicides combinés…

Tabac et santé pulmonaire

La Journée mondiale sans tabac de 2019 sera axée sur «le tabac et la santé pulmonaire». La campagne permettra de sensibiliser davantage aux aspects suivants: l’effet négatif que le tabac a sur la santé pulmonaire, allant du cancer aux maladies respiratoires chroniques.

Pour permettre à tous nos lecteurs de pouvoir comprendre les dégâts que cause le tabac a notre organisme, a notre environnement et partant mesurer a sa juste valeur les réels enjeux de santé publique inhérents au tabagisme, nous présentons ci-dessous certaines maladies qui affectent les poumons et dont la cause est l’exposition au tabac.

Le cancer du poumon

La fumée du tabac est la principale cause de cancer pulmonaire et elle est responsable de deux tiers des décès dus à cette maladie dans le monde.

L’exposition involontaire à la fumée des autres, au domicile ou sur le lieu de travail, augmente aussi le risque de cancer du poumon. L’arrêt du tabagisme peut réduire le risque de cancer: 10 ans après cet arrêt, il diminue environ de moitié par rapport à un fumeur.

Maladies respiratoires chroniques

Le tabagisme est la première cause de broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO), un état dans lequel l’amas de mucus rempli de pus dans les poumons entraîne une toux douloureuse et des difficultés respiratoires atroces. Le risque de voir apparaître la BPCO est particulièrement élevé pour ceux qui commencent à fumer jeune, car la fumée du tabac ralentit sensiblement le développement des poumons. Le tabac aggrave aussi l’asthme, qui restreint les activités et contribue aux incapacités. L’arrêt rapide du tabac est le traitement le plus efficace pour ralentir l’évolution de la BPCO et améliorer les symptômes de l’asthme.

Tout au long de la vie. L’exposition in utero aux toxines de la fumée du tabac, par le tabagisme de la mère ou l’exposition au tabagisme passif, entraîne souvent pour l’enfant une diminution de la croissance des poumons et de la fonction pulmonaire. Les jeunes enfants exposés à la fumée des autres risquent une aggravation de l’asthme, de la pneumonie, de la bronchite et de fréquentes infections des voies respiratoires inférieures.

Au niveau mondial, on estime à 165 000 le nombre d’enfants mourant avant l’âge de 5 ans à cause d’infections des voies respiratoires inférieures dues au tabagisme passif. Les conséquences sanitaires continuent de peser sur ceux qui parviennent à l’âge adulte, car la fréquence des infections respiratoires des voies inférieures augmente sensiblement le risque de développer une BPCO chez l’adulte.

Tuberculose

La tuberculose entraîne des lésions aux poumons et diminue la fonction pulmonaire, état encore aggravé par le tabagisme. Les composants chimiques de la fumée du tabac peuvent déclencher les infections tuberculeuses latentes, soit environ un quart des sujets concernés. La tuberculose évolutive, aggravée par les effets nocifs du tabagisme pour les poumons, augmente de manière marquée le risque d’incapacité et de décès par insuffisance respiratoire.

Pollution de l’air

La fumée du tabac est une forme très dangereuse de pollution à l’intérieur des habitations: elle contient plus de 7000 produits chimiques, dont 69 sont connus pour être cancérogènes. Bien qu’elle puise être invisible et inodore, elle peut demeurer dans l’air jusqu’à cinq heures et entraîner pour ceux qui y sont exposés un risque de cancer pulmonaire, de maladies respiratoires chroniques et de diminution de la fonction pulmonaire.

Quelle est la situation au Maroc?

Avec 45 % d’hommes et 1,3% de femmes qui fument quotidiennement, cette prévalence du tabagisme n’est pas sans conséquences,  le cancer du poumon fait des ravages au Maroc. On estime que 90% de ce type de cancer sont dus au tabac. Le tabagisme serait également responsable de 25% des insuffisances coronaires dont l’infarctus du myocarde.

Il est utile de rappeler à l’occasion de la journée mondiale sans tabac, qu’inhaler la fumée de tabac expose à plus de 7000 substances toxiques et plus de 70 agents cancérigènes qui endommagent tout le corps. Un fumeur régulier perd généralement plus d’une décennie de vie.

En 2017, l’industrie du tabac a coûté 16.371 millions de dirhams à l’économie marocaine qui a produit 16,65 milliards de cigarettes en 2016,

dont 14.65 milliard du marché national, tandis que le reste est consommé à travers la contrebande et le trafic illégal de ces substances, selon les professionnels du secteur, les cigarettes dites de contrebande ont représenté 15% du marché de consommation en 2011.

On comprend aisément qu’aujourd’hui en 2019, que tous ces chiffres sont à revoir à la hausse.

Des chiffres effrayants

selon le rapport de  l’équipe de  chercheurs de Tabacco Atlas,  17.644 Marocains sont morts en 2017 à cause du Tabac.

274 hommes meurent chaque semaine à cause du tabac au Maroc. C’est l’un des chiffres effarants que révèle l’édition 2017 du rapport de l’équipe de chercheurs de Tabacco Atlas, 14,99% des morts causées chez les hommes sont due au tabac, contre 3,74% chez les femmes, ce qui équivaut à 64 femmes qui meurent chaque semaine dans le royaume.

De son coté l’association marocaine de lutte contre le tabagisme avait souligné de son côté que 48% des jeunes entre 15 et 19 ans fument, soit un million et demi de personnes, quant aux fumeurs de 20 ans et plus, ils se chiffrent à 36%, des chiffres qui corroborent ceux présenter par les différentes associations qui luttent contre ce fléau. Les spécialistes du phénomène renvoient cette hausse dans les milieux des jeunes et des adolescents à la  non compatibilité des lois et des législations en vigueur.

A cause du tabagisme actif et passif, notre population de fumeurs paye chaque année  un lourd tribut en vies humaines. Les jeunes sont très exposés, et les couts de prises en charge des pathologies inhérentes au tabac, sous toutes ces formes, représentent un lourd fardeau pour nos hôpitaux et pour les caisses d’assurance maladie obligatoire. Ces dépenses de santé ont été estimées à près de 16 371 millions de dirhams, et la tendance est à la hausse du fait du nombre croissant des personnes qui fument.

C’est un constat très alarmant, ce qui appelle à plus d’actions de la part des responsables politiques,  qui se doivent de prendre des décisions courageuses, sachant pertinemment que le tabagisme est un problème de santé publique.

Qui du rôle des professionnels de santé?

A la lumière de tous ces éléments qui démontrent clairement tous les dangers et risques de santé auxquels les fumeurs s’exposent, on comprend mieux et on mesure a sa juste valeur toute l’importance que revêt la journée mondiale sans tabac.

La campagne permettra de sensibiliser davantage aux aspects suivants : l’effet négatif que le tabac a sur la santé pulmonaire, allant du cancer aux maladies respiratoires chroniques.

Le rôle fondamental des poumons dans la santé et le bien – être de tous.

La campagne sert aussi d’appel à l’action, en plaidant pour des politiques efficaces visant à réduire la consommation du tabac, et en engageant les parties prenantes dans de multiples secteurs à agir pour la lutte antitabac.

La Journée mondiale sans tabac vise à mettre l’accent sur le rôle décisif joué par les professionnels de la santé dans la lutte antitabac. Ces derniers sont en effet en contact avec un pourcentage élevé de la population cible et ils ont l’occasion d’aider les fumeurs à modifier leur comportement. Ils peuvent aussi donner des conseils et des réponses aux questions relatives aux conséquences du tabagisme et donner l’exemple en s’abstenant de fumer.

S’arrêter de fumer est parfois un véritable parcours du combattant et des alternatives au sevrage total de tabac font régulièrement leur apparition. Acupuncture, homéopathie, sophrologie, médecines douces voire cigarette électronique, les méthodes sont nombreuses et proposent une aide à ceux qui souhaitent arrêter de fumer. Leur efficacité est dans la plupart des cas encore à valider et au final et c’est votre médecin qui vous apportera le conseil adapté

Nous sommes tous concernés

La santé pulmonaire ne résulte pas simplement de l’absence de maladies ; la fumée du tabac a des conséquences majeures à ce niveau pour les fumeurs comme les non-fumeurs dans le monde entier.

Pour atteindre la cible des objectifs de développement durable (ODD) consistant à réduire d’un tiers, d’ici à 2030, le taux de mortalité prématurée due à des maladies non transmissibles, la lutte antitabac doit être une priorité pour les gouvernements et les communautés dans le monde entier. Actuellement, le monde n’est pas dans les temps pour atteindre cette cible.

Les pays devraient riposter à l’épidémie de tabagisme par l’application totale de la Convention-cadre de l’OMS et l’adoption des mesures MPOWER au plus haut niveau possible, ce qui implique d’élaborer, de mettre en œuvre et de faire respecter les mesures de lutte antitabac les plus efficaces qui visent à réduire la demande.

Les parents et les autres membres de la communauté doivent aussi prendre des mesures protégeant leur propre santé et à celle de leurs enfants des effets nocifs du tabac, ce qui favorisera la santé de tous.

Les défis à relever

La prévention du tabagisme est confrontée aux grands défis suivants pour les années à venir.

Une partie de la population et des décideurs continuent de sous-estimer la dangerosité des produits du tabac pour la santé de ceux qui les consomment et d’autrui (tabagisme passif).

La facilité d‘accès aux produits du tabac, qui bénéficient d‘une grande visibilité, favorise la consommation et l’acceptation sociale du tabac, il faut en finir avec les vendeurs de cigarettes que l’on trouve à chaque 10 mètres.
Le nombre de café-chicha explose.

Plus de la moitié des fumeurs souhaitent arrêter.

Le tabagisme est responsable d’une grande part de la charge de morbidité. Il a donc un coût économique élevé, et le potentiel de réduction des dommages est important.

Malgré leur toxicité élevée et leurs effets nocifs pour la santé, les produits du tabac vendus au Maroc restent insuffisamment réglementés.

Les fumeurs ne mettent pas seulement en danger leur propre santé, mais également celle d’autrui (tabagisme passif).

La consommation de tabac n’est pas seulement une affaire privée, mais elle présente un défi à la société entière.

Ouardirhi Abdelaziz

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