Tel un désenchantement «poétique» de la société

« Murs effondrés » de Hakim Belabbes

DNES à Tanger Mohamed Nait Youssef

Bribes et fragments de vie. Détails filmés. Des plans coupant les souffles. Dans  « Murs effondrés »,  le réalisateur marocain Hakim Belabbes offre aux cinéphiles et passionnés du cinéma, un bain visuel au goût de la poésie, de la joie, de l’amertume, du chagrin, de la mort, de l’absence et la présence. C’est à Bejaâd, ville natale du réalisateur résidant à Chicago, que le film a été tourné. Un retour au bercail, aux origines, aux images et sensations premières. L’intitulé du film s’ouvre sur des champs de réflexion multiples : désastre, vestiges, effondrement…

Or, dans ce long métrage, le réalisateur a su capter la voix intérieure des personnages. L’émotion y était. Omniprésente dans le film, de bout en bout. Belabbes a eu, à vrai dire, ce don de transcender les plans, mais aussi les images, en allant aux tréfonds du détail, de l’humain.  Incontestablement, seuls les doués aux verves profondes peuvent y aboutir.

Car, dans ces détails se cachent en effet les douleurs, les souffrances, les désirs, les plaisirs, les bonheurs et tout un vécu des gens simples, modestes qui mènent une vie à la fois mitigée, paisible et parfois ordinaire. Tout y dans les visages des personnages. Tout se lit sur leurs yeux.

Les portraits, les plans reprochés et les images en disent long. L’histoire, les histoires dans l’histoire sont filmées, autrement dit, à Bejaâd, une petite ville marocaine, qui a vu naître des personnalités dans les domaines de l’art, de  la culture, de la politique… D’un plan à l’autre et d’une séquence à l’autre, le réalisateur raconte par le biais de l’image et du cinéma des histoires humaines simples, mais profondes. Chaque plan parlant dégage en effet une essence humaine. L’écriture visuelle fragmentaire est mise en valeur dans ce film.

Par ailleurs, ce sont les dualités de la mort, de la vie, du profane et du sacré qui sont montrés, parfois implicitement, dans cette œuvre cinématographique. C’est le sens qui prime et qui invite à une méditation profonde et symbole, en filigrane.

Le périple était un long. Et c’est ainsi la vie. Or, dans les  « Murs effondrés », ce sont les morts et les vivants qui cohabitent dans un univers tantôt enfermé, tantôt ouvert. Et ce sont les funérailles et les noces qui réunissent les gens. Et quand les murs s’effondrent ; tout se dévoilent. Une espèce désenchantement! « Murs effondrés » est un film fort dont la réalité humaine se dévoile… poétiquement.

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