«La transition ne sera pas sans risques», selon Jouahri

Le passage vers un régime de change flexible est imminent. Abdelatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, l’a de nouveau confirmé devant le roi, lors de la présentation du rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l’exercice 2016.

Pour lui, la flexibilisation progressive du dirham fait partie d’une nouvelle génération de réformes qu’il faut initier pour améliorer la productivité et renforcer la résilience de l’économie dans un environnement international incertain. «Sa concrétisation est facilitée par la réalisation de plusieurs prérequis, dont l’amélioration des équilibres macroéconomiques, la maîtrise de l’inflation, la solidité et la résilience du système bancaire ainsi qu’un niveau adéquat des réserves de changes», dit-il.

Mais si «cette transition majeure s’annonce dans des conditions relativement favorables, elle n’est pas sans comporter de risques», reconnait le wali de BAM. Cette réforme, qui devait entrer en vigueur début avril, a d’ailleurs été reportée sine die par le chef du gouvernement pour opérer quelques derniers réglages. Saad Eddine El Othmani veut prendre son temps pour en appréhender tous les risques.

Cela, même si la largeur de la bande de fluctuation (5% contre 0,6% actuellement) ne devrait pas engendrer d’impact négatif, de l’avis même du chef de gouvernement. En tout cas, «la réussite de cette réforme reste tributaire du maintien des prérequis, notamment la discipline budgétaire et un niveau adéquat des réserves de change, ainsi que de la poursuite de la mobilisation de l’ensemble des acteurs concernés», a insisté Jouahri lors de la présentation de son rapport.

Par ailleurs, le wali de BAM a encore loué les avantages de cette réforme. Selon lui, ce choix de l’ouverture renforcera la capacité de l’économie marocaine à absorber les chocs externes et contribuera à préserver sa compétitivité. Jouahri explique que dans un régime de taux de change flottant, le taux de change effectif réel est déterminé par le marché et supposé ainsi évoluer proche de son niveau d’équilibre, même s’il peut s’en écarter temporairement.

En revanche, «dans un régime de change fixe, il peut s’en éloigner durablement, ce qui peut avoir des effets négatifs sur l’économie. Une monnaie surévaluée peut freiner les exportations nettes, creuser le déficit du compte courant et exercer des pressions sur les réserves de change». Inversement, une monnaie sous- évaluée peut notamment renchérir les importations induisant ainsi des pressions inflationnistes.

Hajar Benezha

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