Tout ce qui est filmé n’est pas du cinéma. Tout ce qui est raconté n’est pas du roman. Tout ce qui est gribouillé n’est pas de la peinture. Tout ce qui est chanté n’est pas de la musique. Ce n’est pas en bougeant son corps qu’on est danseur ou chorégraphe. Ce n’est pas en fredonnant quelque notes qu’on est considéré musicien. Ce n’est pas non plus en rimant des phrases qu’on passe pour un poète.

De même ce n’est pas en fonction de l’histoire qu’on juge un bon scénario. Ce n’est pas en fonction de son volume qu’on juge un bon son. Ce n’est pas en fonction de sa clarté et de sa visibilité qu’on juge une belle image. Ce n’est pas en fonction du collage qu’on juge un bon montage. Ce n’est pas en fonction de la mise en place qu’on juge une bonne mise en scène. Confondre personnage et acteur est une erreur impardonnable. Vigilance les amis ! Nos facultés de jugement risquent à tout moment de nous porter défaut et nous trahir !

Entre juger et apprécier, il y a tout un monde ! Cela va au-delà « des goûts et des couleurs on en discute pas ». Il va même au-delà de simplement juger ce qu’on voit et ce qu’on entend, mais relève du comment on le voit et comment on l’entend, ou plutôt comment on le ressent. Un bon film c’est, d’abord et avant tout, toute une expression filmique guidée par des intentions, des choix, des gouts, une connaissance et un savoir-faire. Un film doit être esthétiquement beau, dramatiquement précis, thématiquement utile, historiquement juste et techniquement réussi. Il est un tout homogène, harmonieux, osé et innovateur ! Le ressenti est le propre de l’art certes, mais juger un film ne dépend pas uniquement de comment on le ressent, il dépend aussi de comment on le situe dans l’histoire du cinéma en particulier et dans l’histoire de l’art en général.

Il y a tout simplement un avant et un après une œuvre d’art. L’Histoire l’a si bien montré! Tout ce qui brille n’est pas or!

Mohamed Mouftakir

Top