Généraliser le contrôle des fonds publics

Saoudi El Amalki

Ce qui se passe au barreau d’Agadir, en matière de viol des règles déontologiques, n’est pas spécifique en son genre dans la capitale du Souss. La même attitude se propage dans d’autres régions, prenant ainsi de larges proportions et semant beaucoup d’inquiétudes au sein de la famille de toques noires. La gangrène revêt alors une dimension générale, mais s’amplifie de contrée à l’autre dans le pays, en termes d’incidence et d’impact. On ne comprend jamais pourquoi une telle conduite se perpétue, sans qu’on n’y mette un terme définitif à travers des réglementations rédhibitoires, à même de se prémunir de suspicions dans la profession censée être loyale. On se demande aussi pourquoi de telles sommes d’argent qui s’élèvent à des milliards de dhs, provenant des dépôts de jugements, d’honoraires de collègues et de retraités traînent à portée de main des conseils d’ordre, sans que ces fonds ne soient soumis au droit de regard d’instances publiques de contrôle, comme c’est le cas d’autres domaines. À titre indicatif, les transactions comptables des collectivités locales sont rigoureusement accompagnées d’inspections de la part de la cour des comptes ou encore des services de l’Intérieur, sous peine de radiations ou encore de poursuites judiciaires pour de simples irrégularités de procédure administrative. L’exemple d’un président à la commune territoriale de Tinghir, traduit en justice et condamné à dix ans de prison pour une présumée infraction d’une modique somme de 23 000 dhs, en est une criante illustration.On dira bien que c’est une injustice qui non seulement sanctionne une partie de la société, à juste titre d’ailleurs aux contrevenants qui salissent l’action de la gestion publique, notamment dans le corps des élus, mais a certainement généré le sentiment de l’impunité et du laxisme dans le rang des autres composantes, en particulier l’ordre des avocats un peu partout sur le territoire national. Il serait donc grand temps d’intervenir dans ce sens en mettant fin à cette hémorragie qui prolifère, par l’instauration de mécanismes réglementaires de préservation de fonds cumulés aux caisses des barreaux et l’intervention des institutions étatiques de contrôle de deniers publics à l’instar des entités administratives et représentatives. Cette implication de l’Etat permettrait sans nul doute d’éradiquer les détournements et les malversations qui peuvent se produire à ce niveau et de proscrire les rumeurs qui se faufilent dans les rangs des barreaux et souillent l’image des missions nobles de la défense.

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