Bien que la majorité ne soit pas encore atteinte pour la formation de la prochaine équipe gouvernementale, des questions se posent de nouveau concernant le programme gouvernemental, ses objectifs et ses priorités pour le mandat 2017-2022; mais aussi son Architecture,son Organigramme et le nombre des ministres pour atteindre ses objectifs et mettre en œuvre les réformes tant attendus.
Partant de l’expérience gouvernementale passée depuis 2011, des attentes populaires et les défis présents, il convient de définir les priorités nationales dans les secteurs économique et social, en plus de la grande priorité de notre cause nationale qu’est le parachèvement de l’unité nationale et territoriale.
Considérant le grand déficit social et les grandes disparités sociales et régionales du fait du modèle économique marocain qui a montré ses limites et son inadéquation avec les transitions démographiques ,démocratiques et aussi épidémiologiques que connaît le Maroc depuis plus de deux décennies et même les changements climatiques et leur impact néfaste,il nous est impératif de réviser ce modèle de développement afin de réussir notre transition énergétique avec un moindre coût et même avec plus d’opportunité pour notre société.
Pour aspirer à devenir un pays émergent et sortir de cette situation de dépendance économique de la pluviométrie, il est urgent de mettre le cap sur l’industrialisation, la formation des ressources humaines et les compétences, avec une politique volontariste de recherche et d’innovation technologique pour un pays qui importe la totalité de ses besoins pétroliers et qui pèsent lourdement sur sa balance commerciale.
Pour nous, la grande priorité serait de dépasser ce grand déficit social dans l’Education, la Santé et la Protection sociale avec le système des Retraites et la Couverture médicale.Il est urgent de reconstruire l’école et l’hôpital publics pour un service public de qualité et garanti pour Tous.
Le développement rural et le désenclavement des zones rurales,des montages et des oasis est une autre priorité pour plus de cohésion sociale, de justice sociale pour 45% de notre population qui vit encore dans des situations de pauvreté et de précarité en dépit des efforts déployés dans le cadre du «Plan Maroc Vert» qui demande une évaluation objective et réelle en attendant la mise en œuvre des projets contenus dans le Fonds pour le Développement Rural, qui est de l’ordre de 55 milliards de DH apportés par le budget de 2016.
Devant ces défis majeurs et les nombreuses attentes populaires,il serait utile de repenser l’architecture du prochain gouvernement pour plus de coordination, d’efficacité et de bonne gouvernance qui feront en sorte de faciliter la prise de décision politique et administrative et même la délimitation des responsabilités pour chaque ministre ainsi que le contrôle gouvernemental par le parlement et ses politiques publiques.
Certes, les partis politiques qui ont exprimé leur volonté pour former la majorité gouvernementale sous la conduite de M. Benkirane se pencheront d’abord sur le programme et ses priorités ainsi que ses réformes socio économiques; mais aussi sur l’organigramme du futur gouvernement sans oublier la répartition des portefeuilles entre les partis selon leur poids politique et électoral.
Enfin, le choix des compétences et des bons profils des nouveaux ministres qui seront responsables de gérer leurs départements est une grande responsabilité politique pour mener à bien les réformes et politiques publiques des hommes et femmes de grandes compétences et d’une intégrité reconnue.
Il était nécessaire de passer d’un exécutif de 39 membres à une équipe plus compacte et cohérente ne dépassant pas les 25 membres autour des pôles pour plus d’efficacité,de coordination et de cohésion.
Prenant les secteurs sociaux qui s’accaparent de plus de 52% du budget national pour des résultats non satisfaisants notamment dans l’Education, la Santé et l’Emploi et qui sont en deçà des objectifs définis par l’État. D’ailleurs, les derniers rapports du CESE et du FMI ont signalé de grands déficits sociaux, malgré les budgets alloués et les réformes engagées depuis des années. Cela exige une restructuration de ces secteurs comme il se doit d’être fait au niveau d’autres départements qui ont connu un éclatement de leurs services et directions pour des raisons de partage des ministères entre les partis de l’ancienne majorité : ce qui a engendré un cloisonnement entre des ministères ayant le même champ d’intervention et les mêmes objectifs pour des questions transversales.
Pour une nouvelle architecture gouvernementale, nous proposons une réflexion qui pourrait aider les décideurs politiques à améliorer l’action gouvernementale et ce, afin de rendre apparente l’efficacité et la transparence dans la prise de décision lors du prochain mandat. Ceci ne peut que donner une image positive des institutions de l’État et raffermir la confiance des électeurs.
Les ministères proposés seront comme suit :
1- Education, Enseignement supérieur, Recherché scientifique et Jeunesse avec un Haut-commissariat pour le Sport.
2- Santé et protection Sociale avec une tutelle sur : CNSS, CNOPS, Mutuelles… avec une Agence Nationale de gestion du RAMED en coordination avec l’ANAM
3- Emploi, formation professionnelle, affaires sociales et développement Humain.
4- Habitat, urbanisme et aménagement du Territoire avec une agence pour la protection des médinas.
5- Culture, communication et bien-être.
6- Environnement, eau et énergies renouvelables, économie verte
7- Réforme administrative, Maroc numérique et Gouvernance des services publics.
8- Collectivités territoriales, régionalisation et décentralisation
9- Economie Finances et commerce extérieur
10- Commerce intérieur, consommation et secteur informel
11- Tourisme, artisanat et économie sociale
12- En ce qui concerne le Ministère des Affaires Etrangères, il est recommandé de renforcer ses capacités et ses compétences pour répondre aux nouvelles exigences de notre diplomatie, qui, grâce à la vision de SM le Roi qui tend à renforcer la coopération Sud Sud, essentiellement en Afrique. Pour accompagner cette nouvelle dynamique et mettre en application les conventions signées lors des visites royales avec les pays africains, il est nécessaire de revoir la structure de ce ministère et de créer un ministère délégué chargé des relations Africaines et de la coopération Sud Sud, ainsi qu’un autre chargé des marocains du monde et des questions de la migration.
Les autres ministères garderont les mêmes structures et les mêmes compétences pour assurer la stabilité et la continuité des Institutions de l’État.
Telles sont les propositions qui nous paraissent utiles pour apporter un nouveau souffle au sein du prochain gouvernement, auquel nous souhaitons plein de succès pour bâtir un Maroc prospère et démocratique et compétitif sur tous les plans.
Oualalou Abdelhafid
Membre du Comité Central du PPS et acteur associatif