Si l’Accord de Paris adopté à la COP21 précise que la somme de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 n’est qu’un plancher appelé à évoluer, l’engagement des pays développés pour une aide financière aux pays en développement souffrait toujours d’insuffisance et d’un manque de transparence. C’est ce que déclare l’organisation internationale, Oxfam, qui veut éclairer la voie à suivre pour parvenir à la somme souhaitée pour lutter contre le changement climatique.

En marge de la COP22 à Marrakech, Oxfam annonce que sur les 41 milliards de dollars que les pays riches ont déclaré avoir versés chaque année, seulement 11 à 21 milliards de dollars étaient spécifiquement alloués à l’action climatique. Sur ce montant, 4 à 8 milliards étaient destinés à aider les pays pauvres à s’adapter aux effets du changement climatique, ce qui est loin d’être suffisant. L’analyse d’Oxfam révèle également que seulement 8,7 milliards de dollars des financements climat sont octroyés aux pays les moins avancés, le groupe des 48 pays les plus pauvres et parmi les plus vulnérables au changement climatique, faute de ressources pour y faire face. Pire encore, sur les 67 milliards de dollars de financements publics par an prévus par la feuille de route des 100 milliards, l’assistance nette spécifique à l’action climatique pourrait ne pas dépasser les 18 à 34 milliards de dollars.

«L’entrée en vigueur rapide de l’Accord est une étape importante qui montre que l’enjeu climatique n’était pas qu’un feu de paille lié à la COP21, mais que la communauté internationale a pris conscience de l’urgence climatique et reste mobilisée. Ce n’est pas le moment de nous reposer sur nos lauriers. Le sommet de Marrakech doit garantir davantage de soutien aux populations en première ligne de la crise », souligne Armelle Le Comte.

Ce que recommande Oxfam pour la COP22 et au-delà

De ce fait, Oxfam appelle tous les pays développés à préciser le montant total de leurs financements climat ainsi que le montant de leur financement pour l’adaptation en 2020.  Conformément à l’engagement de l’Accord de Paris visant à augmenter sensiblement le financement de l’adaptation par rapport aux niveaux actuels, ainsi qu’à l’engagement d’une allocation des fonds équilibrée entre l’adaptation et l’atténuation, cet objectif devrait inclure un engagement de consacrer au minimum 35 milliards de dollars de financements publics pour l’adaptation d’ici quatre ans.Il s’agirait d’un signal politique nécessaire en vue de commencer à combler l’actuel manque de financement pour l’adaptation. Ainsi, tous les pays développés doivent s’engager à veiller à ce que la part de leur financement pour l’adaptation représente au moins 50 % de leur contribution globale aux financements climat publics d’ici 2020.

Aussi, l’ONG recommande d’accroître les financements accordés aux pays les moins avancés (PMA). Ainsi, Oxfam appelle tous les pays contributeurs à consacrer au moins 25 % de leurs financements climat publics aux PMA. De même, il est question de booster le soutien à base de subventions. Subventions lesquelles doivent servir en priorité aux activités d’adaptation, ainsi qu’aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables.

La confédération appelle également à améliorer la qualité et la redevabilité des financements climat. En d’autres termes, Oxfam appelle à faire des progrès pour convenir de règles et de principes de comptabilisation. Ainsi, les pays doivent préciser plus clairement les contributions réelles à l’action climatique des financements fournis, en convenant d’une méthodologie d’évaluation et de reporting établie projet par projet pour calculer le montant de l’élément climat d’un projet. Aussi, il est nécessaire d’adopter une approche cohérente en matière de comptabilisation des financements privés mobilisés, qui soit conservatrice et ce, sans appliquer de ratios fixes de levier financier pour estimer les financements privés mobilisés.

Enfin, Oxfam appelle tous les pays à soutenir de toute urgence les mesures les plus prometteuses visant à débloquer les nouvelles sources de financements climat sur le plan national et international, notamment les révisions apportées au système d’échange de quotas d’émissions de l’Union européenne.

A propos d’Oxfam

Oxfam est une confédération internationale de 18 organisations qui travaillent ensemble avec des partenaires et communautés locales dans plus de 90 pays.Tout autour de la planète, Oxfam s’efforce de trouver des solutions pratiques et innovantes pour aider les individus à s’extraire de la pauvreté et à s’épanouir. Dans l’ensemble de ses activités, la confédération travaille avec des organisations partenaires aux côtés de femmes et d’hommes vulnérables afin de mettre fin aux injustices qui causent la pauvreté.

Kaoutar  Khennach