Décryptage d’un expert
La cartographie de l’écosystème entrepreneurial au Maroc est marquée par la prédominance de la petite et moyenne entreprise (PME) qui représente près de 95% du tissu économique national. Dotées d’un fort potentiel de croissance, ces PME souffrent cependant d’un besoin accru en sources de financement.
Dans une interview accordée à la MAP, le directeur des opérations financières et des marchés à l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), Nasser Seddiqi, fait le constat, sans ambages, de la situation des PME qui « demeurent sous-représentées au niveau de la cote de la Bourse de Casablanca ».
Alors que le Nouveau modèle de développement stipule l’assouplissement des règles applicables à certaines catégories d’entreprises pour les inciter à s’introduire en bourse, les politiques publiques et les organismes intervenant dans le marché des capitaux s’attèlent, d’ores et déjà, à la mise en œuvre de ces recommandations.
Outre la création, dès fin 2019, du marché alternatif destiné à répondre aux besoins spécifiques des PME, M. Seddiqi a assuré qu’une série de mesures a été entreprise avec les acteurs de l’écosystème pour faciliter leur accès au financement via le marché des capitaux, notamment dans le contexte de crise sanitaire qui appelle à la mobilisation de toutes les innovations et ressources pour contribuer à la relance économique.
Selon les chiffres, sur les 45 introductions en bourse réalisées entre les années 2000 et 2018, 8 seulement ont concerné le troisième compartiment de la Bourse destiné aux PME, pour moins de 1% du montant global des introductions en bourse sur cette période, soit une moyenne de l’ordre de 30 millions de dirhams par opération, a-t-il indiqué.
A fin 2018, 13 sociétés sur 76 étaient cotées sur le troisième compartiment de la bourse, et représentaient 2% de la capitalisation globale du marché, a noté M. Seddiqi, ajoutant que 21 entreprises cotées sont aujourd’hui éligibles au marché alternatif.
Bien que les conditions d’accès au marché des capitaux aient été assouplies pour les PME, la cotation de cette catégorie d’entreprises exige toutefois le respect de certains prérequis en matière de gouvernance et de transparence au profit, à la fois, de l’entreprise, de l’investisseur et de l’ensemble de l’écosystème.
A ce titre, M Seddiqi a déclaré que ces conditions assurent, d’une part la pérennité de la société par la mise en place de bonnes pratiques de gouvernance et d’autre part, le renforcement de la confiance entre l’entreprise et ses investisseurs, facilitant ainsi l’accès à des financements additionnels pendant tout le cycle de vie et de développement de la société.
Lorsque ces prérequis sont satisfaits, la PME qui se finance sur le marché des capitaux peut bénéficier de plusieurs autres avantages, a-t-il noté, citant en premier l’impact positif en termes d’image et de notoriété de la société, favorisant de nouvelles opportunités d’affaires grâce à la garantie de transparence et de bonne gouvernance.
L’accès au marché des capitaux permet aussi à la société d’élargir sa base d’investisseurs et de diversifier ses sources de financement, ce qui se traduit généralement par une optimisation de ses conditions de financement et de sa structure financière, a-t-il expliqué.
Dans le sillage des vertus de la cotation pour le PME, M. Seddiqi a également relevé la facilité de transfert de l’entreprise en cas de succession, ainsi que le bénéfice pour les investisseurs de la valorisation de leur patrimoine et de la liquidité offerte par le marché.
Par ailleurs, la dynamisation de la Bourse est un élément essentiel pour permettre au Maroc de relever le pari de devenir une place financière régionale de référence, tel que rapporté dans le recueil des notes thématiques du Nouveau modèle de développement, qui accorde une place fondamentale à la Bourse de Casablanca.
Taimouri Zin El Abidine (MAP)