Socialement votre !

Bien entendu, le dialogue avec les centrales syndicales ne relève pas du simple exercice de style. Bien au contraire, c’est sur un canevas précis que les centrales voudraient renégocier les conditions d’une paix sociale. Une paix sociale qui, à leurs yeux, ne saurait être que si les revendications latentes sont prises en charge et par le gouvernement et par le Patronat.

C’est donc sans complexe aucun que le dialogue tripartite, institué depuis des lustres déjà, reprend son bonhomme de chemin. Bien entendu, les négociations peuvent s’avérer des plus serrées lorsqu’il s’agit de suivre la revendication salariale telle que promue par les syndicats en lice. Le coût de la vie est devenu tel, par la conjonction de plusieurs facteurs économiques, qu’une revalorisation des SMIG et SMAG représente le point cardinal sur lequel les centrales entendent affûter leurs armes. Et dans ce cadre là, il faut croire que les propositions syndicales ne sauraient être tues tant par le Patronat, ce syndicat ayant choisi de s’ouvrir aux structures qui représentent les salariés en vue de dégager un terrain d’entente, que par le gouvernement. A charge pour ce dernier d’assurer l’arbitrage nécessaire susceptible de répondre aux desiderata des uns sans pour autant pénaliser les autres. L’exercice d’équilibrisme est tellement important dans ce cadre-là qu’il ne saurait y avoir de surprises qui seraient de nature à défrayer la chronique. Pour plusieurs raisons objectives, cela va sans dire. Car le Maroc qui a fait preuve d’une résilience en période de crise globale qui continue à sévir, malgré la relance constatée ici et là, n’a pas pour autant été totalement épargné. Et les chiffres qui viennent d’être communiqués par le haut commissariat au Plan (HCP) confirment que le PIB a vu son rythme de croissance affecté. Même si d’aucuns s’attendaient à ce que l’entreprise Maroc soit épargnée pour sa déconnexion vis-à-vis du système financier international.

Bien sûr que l’Exécutif qui a su piloter l’économie du pays en cette période de crise sous le signe de la vigilance n’a pas hésité à mettre la main à la poche pour épauler les secteurs qui se sont révélé particulièrement fragiles face à la crise. Et ce serait rendre justice aux salariés que d’amener les opérateurs à faire preuve de sollicitude vis-à-vis de leurs salariés. Voilà une donnée fondamentale qui faciliterait, sans aucun doute, la démarche de l’Exécutif. Celui-là même qui n’hésitera certainement pas à mettre en relief les investissements qu’il a osé opérer dans le social… En cette période de vaches maigres.

Bien entendu, les gaps sont tellement importants dans le bilan social marocain qu’il est tout à fait normal que les syndicats puissent se braquer lors des négociations. Mais faudra-t-il pour autant se complaire dans l’attitude qui confine à dire qu’à l’impossible nul n’est tenu ? La réponse coule de source. Un nouveau pacte social serait judicieusement négocié par les temps difficiles qui courent. Et l’Exécutif doit faire preuve d’un volontarisme à toute épreuve à ce sujet là. De quoi donner le change à ceux qui considèrent qu’en période de crise, il vaut mieux remiser les grandes réformes.

Bien sûr que le Ciel a été clément cette année. Ce qui ne manquera pas d’avoir des incidences positives sur le volume de croissance du PIB. Mais faudra-t-il pour autant s’attendre à une pluie de cadeaux à l’occasion du dialogue social ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il bon, en politique, de savoir doser les initiatives. Le gouvernement qui procédera à la communication de son bilan d’étape serait mieux inspiré s’il devançait les revendications sociales en suspens. En fonction des moyens disponibles qui, en principe, devraient le prémunir contre tout excès. De quoi rassurer la majorité des Marocains, bien sûr. Et limiter la tension que les comités de coordination génèrent. En politique, le courage est fonction des moyens. Et il faut croire que le pays n’en est point dépourvu…

 

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