La décision de Standard & Poor’s a renforcé les doutes des investisseurs sur la capacité des dirigeants européens à agir pour endiguer la crise de la dette grecque. La crainte est désormais que d’autres pays en difficultés financières voient leurs coûts d’emprunt augmenter, et que la zone euro elle-même soit menacée.
« Contagion est le mot qui fait le ‘buzz’, et les investisseurs semblent s’en servir pour encaisser leurs bénéfices », expliquait Andrew Sykes, trader pour la firme Spreadex.
Après les importantes pertes de la veille, les principales bourses européennes ont toutes ouvert à la baisse mercredi. A Paris, le CAC 40 perdait dans la matinée 2,1% à 3.763,49 points, le FTSE londonien abandonnait 1% à 5.550,54 points, tandis qu’à Francfort le DAX reculait de 1,7% à 6.052,31 points.
La chute était encore plus importante au Portugal, où l’indice PSI 20 plongeait de 5,8%, à 6.736,26 points à la bourse de Lisbonne. A Athènes, la baisse était plus modeste, l’indice ASE reculant de 0,9%, à 1.682,24 points, suite à la décision de l’autorité nationale de régulation d’interdire pendant deux mois la vente à découvert de titres bancaires.
Plus tôt, les bourses asiatiques avaient elles aussi chuté fortement: -2,6% pour l’indice japonais Nikkei (10.924,79 points) à la fermeture, et -1,5% pour le Hang Seng de Hong Kong, à 20.949,40 points.
Pour beaucoup d’observateurs, la menace pour la zone euro est désormais bien réelle, suite au non-respect par plusieurs pays des règles budgétaires fixées par la Commission européenne. « Le message est clair: l’euro ne fonctionne que si tous les pays abandonnent leur souveraineté financière et mettent en commun leurs ressources en termes d’impôts, de budgets et de sécurité sociale », soulignait David Buik, analyste au cabinet BGC Partners. « Si toutes ces conditions ne sont pas remplies, c’est toute la philosophie et l’esprit d’une Europe unie qui s’effondrent ».
Les investisseurs ont maintenant les yeux rivés sur Berlin, où le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn et le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet devaient tenter d’obtenir de l’Allemagne qu’elle assume rapidement sa part du plan de 45 milliards d’euros prévu pour secourir la Grèce. L’Allemagne, où le plan de sauvetage grec passe mal auprès des électeurs, tarde à autoriser le déblocage des fonds prévus, alimentant ainsi la panique sur les marchés et aggravant la situation pour la Grèce.
Si le gouvernement d’Angela Merkel continue de traîner les pieds, les marchés craignent un scénario catastrophe: des gouvernements en défaut de paiement en cascade, une nouvelle crise bancaire, et un retour rapide à la récession pour une Europe qui retrouve à peine le chemin de la reprise.
« Les investisseurs sont très nerveux et craignent que l’instabilité des marchés ne se transforme en quelque chose de plus grave. Ils espèrent de réels progrès aujourd’hui afin d’apaiser la situation », expliquait Anthony Grech, expert en stratégie des marchés chez IG Index.
Certains analystes envisagent même une intervention de la BCE, qui pourrait recourir à ses pouvoirs extraordinaires pour acheter des obligations grecques, invoquant le risque de contagion à l’ensemble de la zone euro. Mais, même dans ce cas, les marchés jugeaient mercredi inévitable une restructuration grecque, soit par une réduction de ses intérêts, soit par un allongement de ses échéances de remboursement. AP