Soudan
L’Arabie saoudite et les Etats-Unis cherchent à « poursuivre les discussions » entre les belligérants au Soudan en vue d’un nouveau cessez-le-feu « effectif », a déclaré Ryad dimanche, alors que les combats entre militaires et paramilitaires entament leur huitième semaine sans issue en vue.
Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont affirmé dimanche avoir abattu un avion de chasse après que l’armée a « lancé un assaut aérien audacieux contre les positions de nos forces » dans le nord de Khartoum.
Une source militaire a également déclaré à l’AFP qu’un avion de combat de fabrication chinoise s’était écrasé à proximité de la base de Wadi Seidna, au nord de Khartoum, en raison d’une « défaillance technique ». Des témoins ont indiqué avoir vu un avion se déplaçant du sud vers le nord de la capitale, des flammes jaillissant de l’arrière.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a, lui, déclaré dans un communiqué que des émissaires de l’armée et des paramilitaires se trouvent toujours à Jeddah, sur la mer Rouge, où les négociations avaient été officiellement suspendues.
« L’Arabie saoudite et les Etats-Unis cherchent à poursuivre les discussions entre les deux délégations (soudanaises) pour faciliter l’aide humanitaire », a-t-il ajouté.
Les deux médiateurs ont appelé à « un nouveau cessez-le-feu qui soit appliqué de manière effective », sachant que les deux précédentes trêves qu’ils avaient négociées sont restées lettre morte.
Ryad et Washington souhaitent également que les parties en conflit s’accordent sur « les mesures à prendre sur le court-terme pour la reprise des négociations à Jeddah ».
Mercredi, l’armée s’était retirée des discussions censées créer des couloirs sécurisés pour les civils et l’aide humanitaire. Le lendemain, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite disaient les suspendre officiellement.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken se rendra en Arabie saoudite du 6 au 8 juin, les Etats-Unis se disant prêts à reprendre les discussions à Jeddah avec les généraux soudanais s’ils sont « sérieux » dans leur volonté de respecter le cessez-le-feu.
En sept semaines, la guerre entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo, a fait plus de 1.800 morts et plus d’un million et demi de déplacés et réfugiés.
La situation humanitaire continue de se détériorer sur le terrain, où la population manque de tout, alors que, avant la guerre, un tiers des 45 millions de Soudanais dépendait déjà de l’aide internationale, dans l’un des pays les plus pauvres au monde.
Jeudi, Washington a annoncé des sanctions contre deux entreprises d’armement de l’armée et deux sociétés, dont l’une opérant dans les mines d’or du Soudan, tenues par le général Daglo et deux de ses frères.
Malgré l’annonce des sanctions, les combats aux armes lourdes continuent chaque jour de faire des victimes, les pillages se poursuivent et le nombre de déplacés ne cesse d’augmenter.
A Khartoum, les civils sont privés d’eau courante et confrontés à une pénurie de liquidités et des coupures de courant chroniques. Les hôpitaux situés dans les zones de combats fonctionnent partiellement, voire pas du tout.
La situation est encore plus grave au Darfour, frontalier du Tchad, et pourrait se dégrader davantage avec l’approche de la saison des pluies, synonyme au Soudan de recrudescence du paludisme, d’insécurité alimentaire et de malnutrition infantile.
Le Darfour, qui compte un quart de la population soudanaise, n’a jamais réussi à se remettre d’une guerre dévastatrice de deux décennies, responsable de la mort de centaines de milliers de personnes et du déplacement de deux millions d’autres.