Le Maroc forme des gens du monde entier

Entretien avec la Directrice générale adjointe de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Najat Mokhtar

Propos recueillis par NES à Benguérir, Karim Ben Amar

C’est en marge du Sommet Deep Tech que nous avons rencontré la directrice générale adjoint de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Najat Mokhtar. Chargée du département des applications des techniques nucléaires pour le développement, Najat Mokhtar est titulaire d’un doctorat en nutrition et en endocrinologie de l’Université de Laval, au Canada, et d’un doctorat en sciences des aliments de l’Université de Dijon, en France. Elle a aussi  suivi une formation postdoctorale à l’Université Johns Hopkins, aux États-Unis, grâce à une bourse Fulbright. Quel est le rôle de l’AIEA en termes de développement au Maroc et en Afrique ? Que fait concrètement le département des applications des techniques nucléaires pour le développement ? Et quelles sont les prévisions d’avenir ? Avenante et pédagogue, la native de Taounat a répondu aux questions d’Al Bayane sans détour. Entretien.

Al Bayane : Quel est le rôle de l’Agence Internationale de l’énergie atomique en termes de développement au Maroc et en Afrique ?

Najat Mokhtar : Notre rôle est de venir en aide aux pays en développement. Le Maroc est un très bon collaborateur de l’agence. Notre rôle est d’aider nos états membre à utiliser la technologie nucléaire pour résoudre les problèmes de la santé, le traitement des cancers, des maladies cardiovasculaires, Alzheimer, etc.  En plus de cela, nous aidons à résoudre les problèmes de la déficience en eau, de la sécurité alimentaire et des problèmes de l’environnement. Il faut savoir que ces techniques demandent une formation, c’est pour cette raison que nous dispensons des formations. L’AIEA a des laboratoires où sont formés entre 1 000 et 1 500 jeunes dans le monde afin qu’ils apprennent à utiliser cette technique et ainsi pouvoir les transmettre dans leur pays respectif. Les techniques sont très avancées.  Certaines peuvent communiquer le besoin en fertilisants et en d’eau dans l’agriculture. Il y a aussi des techniques pour résoudre le problème du traitement du cancer mais aussi des techniques pour résoudre le problème de l’acidité au niveau de l’environnement marin.

Nous avons aussi une initiative, «les rayons de l’espoir», dont l’objectif est d’aller s’enquérir des besoins des états-membre. Cette initiative s’étale sur plusieurs volets, allant du traitement du cancer et le besoin d’équipements nécessaire pour les soins ainsi que le nombre de personnes à former pour remplir à bien leur mission. L’AIEA travaille avec les états-membre pour couvrir les besoins de toute la population. Nous travaillons en étroite collaboration avec l’agence onusienne, la FAO pour aller vers les pays, afin de sécuriser l’alimentation. De quoi avons-nous besoin ? Quelle technologie faut-il pour accélérer le processus. Et ce qui est extraordinaire, c’est de travailler main dans la main en utilisant la technologie et la formation avec les pays. S’agissant de l’énergie nucléaire, c’est la même chose. Quand les pays veulent utiliser l’énergie nucléaire comme source, on les aide à assurer pour qu’il y ait les régulations en place, la sûreté et la sécurité pour que cette utilisation soit bénéfique au pays. À titre indicatif, parmi nos États membres, à peu près 144 pays ou 150 pays n’ont pas d’énergie nucléaire. Ils viennent à l’Agence parce qu’ils croient en une technologie nucléaire pour le développement.

Que fait concrètement le département des applications des techniques nucléaires pour le développement ?

Nous nous penchons sur le développement de l’intelligence artificielle, des big data, et nous nous questionnons sur la manière avec laquelle on peut produire plus de produits produits qui vont résoudre les problèmes immédiats. À savoir, comment peut-on avoir du blé et le récolter deux fois par an ? Comment peut-on produire un blé riche en minéraux et qui peut survivre à la sécheresse et aux maladies. Regardez nos sols qui subissent une érosion. La question qui convient de se poser, et comment peut-on faire revivre ces sols pour qu’ils produisent des aliments ? Tous ces éléments nous tiennent à cœur. Et ce qui nous passionne le plus à l’AIEA c’est que nous travaillons pour l’humain.

Des prévisions d’avenir ?

Pour l’avenir, on va continuer sur cette lancée. Cela fait 60 ans que nous travaillons afin de transférer la technologie. Aujourd’hui, la plupart des pays possède cette technologie. Le Maroc en fait partie et le Maroc, forme des gens du monde entier et particulièrement de l’Afrique. Maintenant, notre mission est d’élargir l’application de cette technologie à toute la population. On fait ça pour la maladie du cancer, pour l’eau et pour l’agriculture. Ceci dit nous ne le faisons pas tout seul, nous collaborons bien sûr avec tous nos partenaires.

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