«Fatima», le dernier long métrage de du réalisateur Philippe Faucon, a été élu, vendredi 26 février, meilleur film lors de la 41e édition des Césars du cinéma français, qui s’est tenue au Théâtre du Châtelet à Paris. Le film a été applaudi à trois reprises lors de cette cérémonie, avec le César du meilleur film, celui de la meilleure adaptation et celui du meilleur espoir féminin pour la jeune actrice Zita Hanrot.
«Le film est né d’une rencontre avec un personnage très fort. Il y avait quelque chose qui indiquait une direction, et qui s’est installée en moi comme une nécessité», souligne le réalisateur Philippe Faucon. «Mais le projet n’était pas évident. Le livre de Fatima Elayoubi relève de la littérature, d’un monde intérieur exprimé sous forme de poème. Il n’y a pas de dramaturgie. Donc, ce n’était pas simple. Mais j’ai tenté de l’exprimer avec toute la densité humaine qu’il peut y avoir», ajoute-il.
«Quand j’ai terminé la « Désintégration », un sujet difficile, dur, j’ai eu besoin de mettre, à l’avant plan des personnages, une mère. Quand on a présenté le film « Désintégration », on a utilisé cette image: un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. Avec Fatima, j’ai filmé la forêt qui pousse», explique le réalisateur.
Le réalisateur a profité de sa présence sur scène pour saluer très bas Loubna Abidar, qui ne joue pas dans son film, mais à qui il rend hommage.
Fatima dresse le portrait d’une femme de ménage qui élève seule ses deux filles, dans la banlieue lyonnaise. Souad, 15 ans, adolescente en révolte, et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Une figure de l’exil, isolée socialement, entièrement vouée à l’éducation de ses filles et à leur réussite. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Toutes deux sont son moteur, sa fierté, son inquiétude aussi. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu’elle n’avait pas, jusque-là, pu dire en français à ses filles…
Librement adapté du recueil de poèmes « Prière de lune » de l’écrivaine marocaine Fatima Elayoubi, qui a écrit ce livre pour parler à la place de ceux qui se taisent, ceux dont le travail est invisible : femmes de ménage, caissières, balayeurs. Dans cette prière, Fatima se livre à la Lune. Page après page, on suit le parcours de la fille qui doit quitter l’école, de la femme qui quitte son pays pour suivre son mari, de l’illettrée qui n’est bonne qu’à faire le ménage. On découvre sa féminité enfouie sous la poussière, son corps malade qui rencontre le corps médical. Ce livre était une source d’inspiration pour le réalisateur qui a présenté une nouvelle variation sur l’intégration des minorités en France.
Le César du cinéma est une récompense cinématographique créée en 1976 et remise annuellement à Paris, à des professionnels du 7e art dans diverses catégories, pour saluer les meilleures productions françaises.
Omayma Khtib