Remake,

Faut-il revenir sur le remaniement gouvernemental ? Certes son issue a pris quelque temps et s’est effectuée à la veille de l’ouverture solennelle de la session d’automne du parlement. Ni le programme gouvernemental, ni «le pacte de la majorité» n’ont été repris, ce qui limite l’objet des négociations entamées pour ce faire au nombre, à la nature des portefeuilles ministériels et à leur répartition.
L’équipe gouvernementale nouvellement mise en place se trouve confortée par 39 membres dont 6 femmes au lieu de 31 membres dont 1 femme, pour la précédente. Ne profitant d’aucune période de grâce, le gouvernement se trouve déjà interpellé par ce nombre et son adéquation avec la crise qui sévit et la nécessité de limiter les dépenses gouvernementales. Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur n’est plus dirigé par un membre d’un parti politique. C’est là un recul remarquable. Cette grande maison, qui fût dénommée «mère des ministères», reste ainsi en dehors du «jeu politique» tel qu’il est pratiqué par les partis politiques de la majorité. L’éducation nationale et la formation professionnelle se trouvent sous l’autorité d’un ancien ministre non encarté dans un parti politique et qui a déjà exercé la même fonction jusqu’à l’avènement du gouvernement d’alternance consensuelle. Remake avec l’espoir que la transformation profonde de notre système éducatif  soit engagée. Solidaires dans la même approche, deux leaders de la majorité se partagent le même ministère, celui de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire, de l’habitat et de la politique de la ville! Un ancien président de la Confédération générale des entreprises du Maroc est chargé du ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique. L’initiative privée est assurée de sa promotion alors que l’informel devra «rentrer dans les rangs» sous l’action du benjamin du gouvernement. Tout cela, et bien d’autres remarques, relèverait à la limite de l’anecdotique si le remaniement pratiqué relancerait la dynamique gouvernementale et aboutirait à des résultats probants pour améliorer le quotidien des Marocaines et des Marocains dont les attentes sont de plus en plus pressantes. Ni les monstres du clair-obscur de la société marocaine qui persisteront toujours dans leur réaction, ni tout autre «prix payé de sa chair» aussi sincère soit-il, ne trouveront grâce auprès de l’opinion publique pour expliquer ou faire passer une récidive du blocage de l’action gouvernementale et l’incapacité de réaliser le programme adopté par la majorité gouvernementale, tout au moins dans une grande partie.  Les Marocaines et les Marocains veulent être rassurés sur leur avenir. Quelles réformes sont prévues pour la Caisse de compensation et quelles conséquences auront-elles sur le pouvoir d’achat de leur immense majorité ? Quelles dispositions vont-être prises pour les régimes de retraite afin de préserver le droit irréfragable des salariés à une retraite digne à la hauteur des services rendus et de leurs contributions ? Les Marocaines et les Marocains veulent une justice qui rend le droit dans l’égalité, réprime la délinquance et anticipe sur son éradication. Les Marocaines et les Marocains veulent des élus qui les représentent pour rendre leur quotidien mieux que leur vécu, une représentation nationale dont la pratique politique consolide le développement et l’émancipation. Ils aspirent à une régionalisation qui concourt à rapprocher les administrations de leurs soucis pour leur trouver les solutions idoines. Les Marocaines et les Marocains n’envisagent pas une démocratie où les échéances électorales sont reportées à une date qui sera déterminée ultérieurement. Il est plus que temps d’annoncer le planning électoral et les lois le régissant. Les Marocaines et les Marocains veulent que leurs progénitures puissent accéder au savoir pour que demain elles puissent accéder au bien être et non au chômage aussi structurel soit-il. C’est à l’aune de ses réalisations que le gouvernement sera jugé et non sur sa capacité à se remanier. D’autres l’ont fait au prix de leur santé!
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