Le débat sur la diversité linguistique et culturelle au Maroc ne date pas d’aujourd’hui. Des avancées ont été réalisées en matière de gestion culturelle et linguistique, mais un long chemin reste encore à parcourir. Afin d’enrichir le débat sur ce grand chantier, le Centre d’Etudes et de Recherches Aziz Belal (CERAB) a organisé jeudi 3 Mars à l’institut Agronomique et vétérinaire Hassan II, une rencontre scientifique autour du thème: «l’aménagement linguistique et la diversité culturelle».
«La question linguistique est une problématique sensible en cette période historique que vit actuellement le Maroc et qui exige entre autres un débat serein qui aura des retombées bénéfiques sur la société», a précisé le président du CERAB, Mohamed Chiguer dans son mot d’ouverture. La langue constitue un vecteur et un levier du développement. Il faut donner plus d’importance aux langues locales et à la langue maternelle, a-t-il ajouté. A l’occasion, l’intervenant Said Bennis, professeur universitaire à la faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat, s’est penché dans son exposé scientifique sur la diversité culturelle et la question de la planification linguistique au Maroc. «Depuis la constitution de 2011, le Maroc a fait ce passage de la langue unique à deux langues ; cela veut dire qu’il est passé du monde arabe au grand Maghreb en choisissant la langue amazighe», a-t-il souligné. Le chercheur a souligné en outre dans son intervention la nécessité d’adopter une approche territoriale qui se base sur des fondements culturels et symboliques tout en respectant la particularité locale et provinciale de chaque région. Pour ce faire, a-t-il précisé, il faut démocratiser le développement et inculquer les valeurs du vivre ensemble aux citoyens, ainsi que la reconnaissance des droits linguistiques et culturels, et ce, par l’intégration de la culture locale et régionale dans le corpus linguistique de l’école et de l’université. Said Bennis a appelé à réaliser une transition, notamment de la politique linguistique à la mise en œuvre de la planification linguistique et à lier la planification linguistique à la régionalisation avancée pour le rayonnement de la culture. Le modèle linguistique marocain, a ajouté l’intervenant, est plus avancé, notamment dans l’Afrique et le Moyen-Orient en. Il est à noter que cette rencontre a été modérée par Fatima Zaoui, professeur Universitaire à Rabat.
Mohamed Nait Youssef