«Le corps est une grande raison», disait Nietzsche. Il n’a cessé d’être l’objet et le sujet de réflexion et d’inspiration de plusieurs penseurs, artistes, peintres et photographes. L’artiste plasticienne Majida Khattari en fait partie. C’est avec une touche esthétique et une tendresse photographique que l’artiste donne de nouvelles représentations colorées aux corps. Le public est invité à découvrir ses récentes œuvres qui seront exposées sur les cimaises de la galerie d’art «L’Atelier 21» du 15 mars au 12 avril 2016 sous le thème «Corps ornés».
Après son exposition «Orientalismes» en 2010, «Luxe, désordre et volupté» en 2013, Majda renoue avec la photographie grâce à son exposition «Corps ornés» qui affirme l’acte créatif de son talent. Depuis la nuit des temps, le corps interpelle. C’est un lieu de questionnement, une énigme. Chaque artiste essaie de révéler et codifier ces symboles et signes. «Le corps voilé choque en Occident tandis que c’est le corps dévoilé qui est perçu comme provoquant en Orient. Mais bien évidemment, les choses ne sont pas si simples et Majida l’a bien montré dans ses défilés-performances où les vêtements-sculptures masquent ou donnent à voir différentes parties des corps de ses modèles, entravent ou libèrent leurs mouvements», a écrit à son propos la critique Valérie Labayle. Et d’ajouter : «pourtant, si le corps est davantage couvert dans l’espace public, la pudeur est moindre dans les lieux de socialisation des personnes de même sexe tels que le hammam ou le foyer domestique».
Toujours attachée à ce vent artistique orientaliste, l’artiste dans ses œuvres photographiques s’est inspirée de la peinture orientaliste. Les décors trouvent dans ses œuvres une place prépondérante. Elle donne aux corps et aux personnages une dimension nouvelle avec une touche moderne qui s’ouvre sur les autres cultures et de nouveaux horizons artistiques. Ses travaux donnent à voir le corps sous un nouvel angle visuel plus universel. Son style est évolutif et s’inscrit dans le temps et dans l’espace tout en gardant son authenticité.
«L’exposition du «Corps découvert», présentée à l’Institut du Monde Arabe à Paris en 2012, montrait comment les artistes du monde arabe réinvestissent la représentation du corps et du nu depuis le XXe siècle, évolution liée au développement des échanges culturels et de la mondialisation. Parmi ces artistes, Majida a été pionnière dans la monstration et la dissimulation des corps à travers ses performances et ses vêtements-sculptures, une exploration qui se poursuit dans ses photographies», avait commenté Valérie Labayle.
Native de la ville d’Erfoud en 1966, Majida Khattari développe une passion pour les arts plastiques et la photographie. Elle a étudié à l’Ecole des Beaux-arts de Casablanca puis aux Beaux-Arts de Paris.
Mohamed Nait Youssef