recherche, un réalisateur… Au Maroc, de nombreuses institutions bancaires (BMCI ; Société Générale Maroc; Crédit Agricole du Maroc) affirment pratiquer le mécénat, au niveau des arts notamment. Cette «ruée» vers l’art aurait commencé dans les années 80 suite à une loi permettant de payer moins d’impôts, moyennant un surplus des bénéfices dans des œuvres sociales. La fondation Attijariwafa fait partie de ces institutions qui fournissent d’importants espaces d’exposition. Elle revendique plus de 40 ans de pratique dans le domaine avec une collection de 2000 œuvres de près de 100 artistes. Après l’exposition « Regards africains croisés» en 2012 puis «Africaines, quinze femmes en création» en 2014, elle lance, le vendredi 20 février 2015, en clôture du FIAD, sa campagne institutionnelle» intitulée «L’Afrique a du génie».
La fondation Attijariwafa renforce l’africanité de son mécénat
Pour le peintre, dessinateur et photographe Saïdou Dicko du Burkina Faso, associé à cette nouvelle exposition, la fondation Attijariwafa est animée par un sincère souci pour l’art. « Elle n’investit pas juste pour acheter de la peinture», affirme-t-il. « Il y a un véritable intérêt. Elle a aidé de nombreux artistes marocains par le passé». La fondation du groupe bancaire renchérit. Pour elle, il s’agit d’un engagement citoyen car «l’Afrique est un continent riche de ses habitants». Elle voudrait ainsi «consolider l’identité multiculturelle» de l’institution. Certains critiques d’art ne voient pas les choses du même œil. Ils craignent que ces banques n’utilisent le mécénat qu’à des fins de marketing et de communication. L’intérêt public passerait au second plan, derrière l’intérêt privé de l’institution qui valoriserait ainsi son image et atteindrait des cibles commerciales (qui seraient dans ce cas précis les investisseurs des pays africains invités au FIAD). La recherche du profit et de contrepartie ne devrait, selon ces spécialistes, pas s’allier au mécénat. Cette protection, ce soutien devrait être envisagé que comme un don.
Les responsables de la fondation, pour leur part, parlent donc de «campagne institutionnelle» : «Nous sommes fiers de lancer officiellement cette campagne institutionnelle à laquelle Saïdou Dicko, Khalil Nemmaoui et Michèle Magema ont adhéré », disent-ils. Dans les faits, cette « campagne » consiste avant tout donc en une exposition de deux mois au centre d’exposition de la fondation. S’il est vrai que cette dernière ne limite pas ses actions aux expositions qu’elle organise, les organisateurs restent très évasifs quant aux dispositions concrètes qu’ils souhaitent mettre en œuvre lors de cette campagne, affirmant simplement être déterminés à soutenir des initiatives éducatives, innovatrices (dans les technologies notamment), scientifiques («dans le domaine de la santé»). Comme pour rassurer les plus sceptiques, Saïdou Dicko déclare : «Souvent, nos œuvres africaines partent enrichir des collections en Occident. Une réelle ‘fuite’ s’est ainsi produite avec l’art primitif. Elle se poursuit, dans une moindre mesure, avec l’art contemporain. Une fondation comme celle d’Attijariwafa permet de collectionner les productions africaines chez nous». La fondation est elle-même allée débusquer ces artistes, d’après les responsables. «Les trois artistes partagent l’espoir d’un monde meilleur», soutient un chargé de communication, «et une vision africaine de l’art». Khalil Nemmaoui ajoute : «L’odeur de l’Afrique m’est familière. Elle m’a toujours été familière, dès la première fois où j’ai mis le pied sur le continent. D’autre part, j’ai obtenu beaucoup de prix dans ma carrière. De tous, c’est celui reçu à Bamako en 2011 qui m’a fait le plus plaisir…».