Jaouhri pessimiste sur la croissance

en considération la faible récolte céréalière, «avant les dernières précipitations», a souligné Abdellatif Jouahri, wali de BAM, lors d’une conférence tenue à l’issu du Conseil tenu mardi dernier à Rabat.

Cette baisse s’explique également par la faible croissance non agricole, estimée à 2,9%. Ce qui a poussé BAM à réduire son taux directeur de 0,25 point pour s’établir à 2,25% afin de soutenir l’activité économique. Toutefois, le wali de BAM s’est montré rassurant: «Nous n’avons pas de souci par rapport à l’inflation. Il n’y a pas de pression sur les prix», a-t-il dit.
D’ailleurs, le taux d’inflation prévu pour le 1er trimestre de cette année sera de 0,5%. D’autant plus que les projections de BAM ne prévoient pas de risque d’inflation importée. Pour l’année prochaine, BAM prévoit également une reprise du taux de croissance à 3,9%. Cette augmentation est liée à «l’hypothèse d’un retour à une campagne agricole normale, à l’amélioration de l’activité de la zone européenne et à l’assouplissement des conditions monétaires qui devraient soutenir la demande intérieure».
De même, les prévisions de Bank Al Maghrib tablent sur un maintien de la progression des exportations des biens, en dépit de «la faiblesse de la demande étrangère et l’appréciation du taux de change effectif réel». Cela s’explique notamment par «la performance de la construction automobile et de la hausse des exportations des phosphates et dérivés». Sur ce registre, Abdellatif Jouahri a mis l’accent sur «un léger maintien des prix des phosphates dans le brut, couplé à une baisse au niveau des produits composés de phosphates sur les marchés internationaux».
La situation morose du secteur touristique devra se traduire par «une poursuite de la baisse des recettes de voyage en 2016, avant de se redresser légèrement l’année suivante».
Mais, globalement, «le déficit du compte courant devrait poursuivre son atténuation à 0,1% du PIB en 2016 et à 0,3% en 2017». Les prévisions de BAM ont pris en considération les entrées en dons des pays du Golfe, conformément à la programmation de la loi de Finances 2016. Car les analyses de BAM vont désormais contenir des examens plus approfondis des finances publiques. Pour y parvenir, BAM a introduit de nouveaux modèles de prévision qui s’étalent sur 8 trimestres.  L’objectif est de «s’aligner sur les meilleures pratiques internationales en matière d’analyse et de prévisions», a précisé le wali de BAM. Cette nouvelle approche s’inscrit en fait dans le cadre du processus de migration vers un régime flexible de change et un meilleur ciblage de l’inflation, mis en œuvre avec l’assistance du FMI. Désormais, les prévisions et analyses de la banque centrale seront basées sur des modèles monétaires à court et moyen termes. S’y ajoutent d’autres, à long terme, qui tiennent compte de l’impact des politiques publiques.
Concernant le rythme de progression du crédit bancaire, Abdellatif Jouahri a affirmé qu’il devrait se situer autour de 2,5% au cours de cette année et de 4% en 2017, tenant compte des anticipations du secteur bancaire. Mais en dépit des mesures incitatives, le crédit bancaire au secteur non financier a continué de décélérer dans un contexte de faible niveau des activités non agricoles. «Sa progression est revenue à 0,4% en 2015, recouvrant un repli de 2,2% des prêts aux entreprises et une hausse de ceux destinés aux ménages à 3,7% », a affirmé Jaouhri.  Selon lui, «les entreprises expliquent ce ralentissement par la difficulté d’accès au crédit».
Il s’interroge aussi si l’attentisme des prochaines élections n’est pas derrière la réticence des entreprises.
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