C’est une nouvelle approche du dialogue social qui commence à prendre forme. Le dossier est désormais entre les mains du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftite, qui a convoqué les centrales les plus représentatives à une réunion prévue demain mercredi.
En reprenant les choses en main, le département de Laftite souhaite surmonter le blocage sur lequel butent les négociations entre les syndicats et le chef du gouvernement. Cette première réunion avec le ministre de l’Intérieur intervient après l’échec de Saâd Eddine El Othmani de convaincre les centrales syndicales d’adhérer à son offre. Le recours à un arbitrage était fortement attendu, surtout après que trois centrales se soient retirées de la table de négociations à plusieurs reprises. Sans oublier l’appel lancé par le roi dans son discours du Trône pour renforcer les discussions entre le gouvernement et les syndicats, et ce, indépendamment de l’issue éventuelle de ces pourparlers.
Abdelaoufi Laftite ira-t-il jusqu’à faire des concessions et donner son aval aux revendications des centrales ? Un choix difficile, surtout que le gouvernement insiste sur l’impératif de limiter le budget nécessaire à l’exécution des revendications à 6 milliards de DH. Au point que le ministre de l’Emploi, Mohamed Yatim, avait exhorté les syndicats à accepter l’offre gouvernementale.
Si l’ordre du jour de la réunion de ce mercredi n’est pas connu, du moins comme l’affirment plusieurs sources syndicales, les négociations avec le ministre de l’Intérieur ne seront pas moins compliquées. Nos sources s’accordent à affirmer qu’aucun accord tripartite ne pourra être signé sans la hausse générale des salaires. Pour les syndicats, il est hors de question de limiter la revalorisation des salaires à la fonction publique. Le gouvernement, rappelons-le, propose une augmentation de 400 DH sur trois années pour les fonctionnaires. Le scénario proposé prévoit une première hausse de 200 DH à compter du 1er janvier 2019, puis 100 DH en janvier 2020 et 100 DH en janvier 2021.
Ceci-dit, le secteur privé est écarté de l’offre gouvernementale. Or, les syndicats réclament l’augmentation de tous les salaires inférieurs à 5.000 DH, en plus de la hausse du SMIG sur la base d’un seuil minimum de 3.000 DH. Ils revendiquent également l’augmentation des allocations familiales dans le privé, alors que l’offre du gouvernement veut limiter cette revalorisation au secteur public.
Dans le privé, ce réajustement nécessitera une augmentation des cotisations. En effet, des simulations établies par la CNSS révèlent que la hausse de 300 DH pourrait conduire à un déficit financier dès 2021 nécessitant une hausse du taux de cotisation de 0,16%.
Hajar Benezha