Ces trois dernières années, les cafés littéraires connaissent une effervescence remarquable. Noureddine Aqchani, président du Réseau des Cafés littéraires du Maroc, et ses amis sillonnent les villes marocaines pour instaurer ce projet culturel prometteur. De Zagora, Mechraa Belksiri, Témara, Sidi Kacem, Jerada, Khémisset, Essaouira, Boumia, Aït Ourir, Harhoura, Lissasfa, Hay Hassani à Casablanca, en passant par Oued Zem, Meknès, Fès, Taza, Tiflet, Moulay Driss Zerhoun, le réseau ne cesse de faire parler de lui et de multiplier ses activités culturelles et artistiques. Les initiateurs de ce réseau veulent faire des cafés, des espaces pour le débat, la parole libre et la vénération de l’art.
Des hommes de lettres, artistes, écrivains, poètes de différents horizons et sensibilités artistiques et culturelles qui parcourent des distances à la rencontre du public assoiffé de l’échange et de l’art sous toutes ses facettes. C’est en juin 2015 que «le réseau des cafés littéraires» a été créé, après un cumul d’expériences culturelles de plus de 14 ans dans le domaine associatif. «Cette initiative a vu le jour dans l’un des plus grands quartiers populaires de la Capitale, au quartier Yacoub El Mansour», nous indique Noureddine Aqchani. Cette initiative a pour but la création d’un cadre qui fédère toutes les expériences culturelles qui ont eu lieu, notamment à Tinghir, Marrakech, Safi, Taza, Abi Jâad et Rabat, explique le président du Réseau des Cafés littéraires du Maroc.
«Nous avons commencé par 6 cafés qui ont constitué ce noyau. Après 3 ans d’activités, nous sommes arrivés aujourd’hui à 34 cafés culturels dans les plus grandes villes du pays, mais aussi et surtout dans les petites villes dont Jerada, Targuist, Tiflet, Tamsna, Témara, Harhoura. D’autres initiatives culturelles ont eu lieu à Essaouira, Kenitra, Sidi Yahya El Gharb, Larache, Fès, Meknès, Zagora», explique-t-il.
Une convention de partenariat a été signée en 2018 entre le ministère de la Culture et de la communication et le Réseau des Cafés littéraires du Maroc. «Dans notre stratégie, nous œuvrons pour la création de plusieurs activités en coordination avec plusieurs associations culturelles à Kenitra avec la participation du jeune artiste, Nasr Mégri. Après cette expérience, d’autres événements seront organisés à Assa, Tantan, Tanger, Oujda, Nador et bien d’autres villes marocaines». En plus de la littérature, la musique et les autres expressions artistiques sont également au menu pour répondre à tous les goûts. «Notre programme culturel a pour objectif de donner plus de visibilité aux écrivains, surtout à leurs publications. Nous invitons ces derniers à des signatures, débats et échanges. En parallèle, nous invitons des artistes pour animer les espaces et les cafés. Nous essayons à chaque fois de diversifier nos activités. Dans ce cadre, nous avons fait venir Nasr Mégri, Majda Yahyaoui, Siham Hachem pour rencontrer le public», précise-t-il.
Le réseau est bâti sur le principe de décentralisation et de démocratisation de la culture. «Il faut que les collectivités locales comprennent le rôle des cafés culturels et contribuent à la dynamisation du secteur culturel. Les collectivités territoriales ne s’intéressent pas à la culture, notamment aux cafés culturels», souligne Aqchani. Dans les petites villes voire les régions enclavées, le Réseau des Cafés littéraires du Maroc participe à la création des bibliothèques dans les cafés dynamiques. «Nous œuvrons pour la promotion de la lecture dans plusieurs cafés et la création des bibliothèques au sein de ces espaces afin de promouvoir cette activité. Il faut avouer que le grand nombre de propriétaires de cafés n’ouvrent plus leurs espaces pour abriter ce genre d’idées et d’activités. Il reste encore un long chemin à parcourir dans ce cadre», conclut-il. A Sidi Yahya El Gharb, le réseau des cafés littéraires et la troupe de théâtre «Masrah Sidi Yahya El Gharb» organiseront vendredi 11 janvier à 17h une rencontre culturelle et artistique avec l’artiste Abdelmajid Mouthna et le poète Mohamed Moouthna Sbai. Une occasion pour renouer les liens avec le public de cette ville et d’autres régions où la culture est désormais un besoin et non plus un luxe.
Mohamed Nait Youssef