Avec plus de 53.000 contaminations au coronavirus et 5476 décès (chiffres arrêtés au 22/03/2020), l’Italie reste, après la Chine et malgré le confinement imposé à la population, non seulement le pays le plus touché par l’épidémie du Covid-19 mais, surtout, celui où le taux de létalité, c’est-à-dire le rapport entre le nombre des patients décédés et celui des personnes infectées, est le plus élevé puisqu’il a atteint 8,6%.
Ayant besoin d’aide et étant membre de l’Union Européenne, l’Italie s’est donc automatiquement tournée vers ses partenaires européens. Mal lui en prit car elle apprit, à ses dépends, qu’en pareils moments, c’est le «sauve qui peut» et le «chacun pour soi» qui prédominent quand bien même le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, avait déclaré, le 20 mars à l’antenne de LCI, qu’en l’absence d’une aide communautaire, l’Italie «ne se relèvera pas». Or, le ministre français a oublié qu’en matière de politique sanitaire, les compétences de l’UE sont limitées dès lors que le Traité sur le fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE) indique, en son Article 68, que cette dernière est seulement tenue d’«encourage(r) la coopération» entre les Etats membres et de «compléte(r) les politiques nationales» et non pas de s’y substituer.
Mais si c’est un « chauvinisme» de mauvais aloi, anachronique et malsain, qui a pris le dessus au sein de l’Union Européenne, il n’en va pas de même dans ces nations où c’est l’intérêt de la collectivité qui prime. Aussi, bien que se trouvant à des milliers de kilomètres de Rome, la Chine, Cuba et la Russie, animés par un profond sentiment de solidarité, n’ont pas hésité un seul instant à voler au secours de l’Italie quand les 27 ont détourné leur regard et refusé de voir ce qui se passe chez leur voisin italien.
Ainsi, après avoir dépêché le 12 mars dernier neuf experts médicaux et envoyé plusieurs tonnes de matériel, Pékin aurait envoyé 680.000 masques de protection qui, si l’on en croit les médias italiens, ne sont jamais arrivés à destination après avoir été détournés par les Tchèques lors d’un contrôle douanier ; ce qui serait une méprise aux yeux des autorités de Prague qui assurent, cependant, qu’il n’y aura «aucune perte» pour le voisin italien.
De son côté, La Havane a envoyé, ce week-end, des équipes médicales à l’effet de prêter main-forte au personnel soignant Italien. Ainsi, 52 médecins et infirmiers cubains sont arrivés en Lombardie afin de travailler aux cotés de leurs homologues italiens et chinois, déjà sur place, dans le nouvel hôpital de Bergame.
Le ministère russe de la Défense a annoncé, dans un communiqué en date du 22 mars, l’envoi, «dans les régions italiennes les plus touchées» et à bord de 9 avions de transport «Illiouchine-76» des forces aérospatiales russes, d’une centaine de virologues et d’épidémiologistes «expérimentés, (…) de moyens de protection, de systèmes mobiles de désinfection des transports et des terrains, d’équipements médicaux et autres».
Quel sera, enfin, le bénéfice politique que Moscou pourrait retirer d’une telle opération après les critiques de Rome à l’endroit de l’Union Européenne et la réaction de Washington quant à l’aide apportée, par la Russie, à un pays-membre de
l’OTAN ?Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi