À l’écoute de la poésie

Par :M’barekHousni

Le texte ci-dessous a été lu par l’auteur de ce papier lors la journée d’étude, « poésie au féminin », événement organisé le onze de ce mois par le laboratoire de traductologie, communication et littérature au centre des études doctorales de la faculté des lettres et des sciences humaines à El Jadida. Sous la direction du docteur Abdelhak JABER, et du romancier Driss Tahi, il a vu la participation de nombreux poètes : SaidEttachfini,  SaidAhid, TouriaOukkas, M’barekHousni, SalmaFellahi, HassanaAadi. Et la coordination de JamilaAyaou. Une centaine de personnesont pu vivre un vrai moment de haute poésie.

Il est un heureux temps que celui de la poésie. Car celle-ci ne s’invite pas trop souvent dans notre quotidien tellement amer par tout ce qui s’y passe, guerre, sécheresse, épidémie. Alors qu’il impératif de faire appel à elle sans cesse. Non pas pour s’échapper, ou fuirpar dépit dérangeant ou parce que nous sommes frappés d’incapacité de faire face à tout cela. Non, c’est juste pour se situer dans l’équilibre réel des choses. Rien n’efface ce qui est, mais ce qui est vu dans la lumière de la poésie se revêt de lucidité, et on en a rudement besoin.

Les mots mis sur les choses dans un certain ordre nous rendent lucides, mots devenus poèmes nés de la conscience consciente et de la stature de l’innocence originale, condition sine qua non de toute création poétique. Ils ont un pouvoir d’amadouer, de fléchir les rudesses et surtout de faire réfléchir et émouvoir quiconque. Dépoussiérer la parole de sa banalité.

On a besoin de voir autrement, ce que la poésie permet. Le poids des choses taries et sèches par manque du cachet poétique durcissent les cœurs et tordent dans le négatif les corps. Il s’en suit une existence écroulée,  ou plate ou niée ou morne. Plantons-y un arbre fleurissant ! dirait un poète. Ramenons-y quelques nuages d’un cœur généreux, « ceux qui survolent la gravité des faits » dirait la poétesse polonaise Zymbrowska. Et un troisième poète aurait dit : «  souffrons au-dessus un vent dont la fraîcheur serait contagieuse partout !

On a besoin pour voir autrement,de vivre en compagnie de la poésie qui est au niveau du monde, de l’homme et de la femme qui y foulent la terre et s’y drapent de ciel. Dit d’une autre manière :se dépasser et déchirer les carcans qui emprisonnent les volontés qui minorent les efforts et les actes, qui rétrécissent les désirs et les envies libres de complétude. Cette dernière comme horizon à atteindre se fait via la poésie par le détail où tout se complète en deux trois vers, ou en deux trois pages. Et comme l’avait dit la grande poétesse Marina Tsvetaieva : « en réalité, il n’existe pas de poètes, mais un seul et même poète, depuis le commencement et jusqu’à la fin du monde, une force se parant de la couleur des temps, des peuples, des pays, des paroles, des personnes qui traversent cette force ». Force miroitante possédant le caractère du mirage qui, contrairement à celui-ci, peut être captée. Il y a un effort à fournir. En cela réside le pouvoir suprême de la poésie et partant de là, elle est.

Tout un chacun y a droit, tout le monde.

Soyons poètes, par l’écrit ou par l’écoute.

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