Depuis que la Commission des grands projets (CGP) a fait savoir que le parc d’attraction et de loisirs, Agadirland est tombé à l’eau, un tollé tumultueux submerge l’opinion publique régionale. De nombreuses voix, émanant des organisations politiques, syndicales, des droits de l’Homme et de la société civile, ainsi qu’une large frange de la région Souss Massa, s’élèvent énergiquement contre cette annulation inopinée.
Certes, des rumeurs faisaient état, ces derniers temps, d’une éventuelle défection de la part des départements administratifs concernés à l’égard du projet, mais on n’avait jamais réalisé que ce désistement brusque allait renvoyer tout un dossier si ficelé et irréprochable aux calendes grecques. Quelle mouche a donc piqué cette administration maladive pour procéder si subitement à ce renversement de situation, après avoir cru au projet et activé son parcours, sur instruction de la nouvelle Wali de la région Souss Massa?
A ce propos, il convient de rappeler que ce dossier avait moisi dans les tiroirs des services concernés de la Wilaya d’Agadir, pendant de longues années, bien avant l’arrivée du chef de file régionale. On aura alors mal compris l’attitude de l’administration face à cette affaire qui risque de connaître, dans les jours qui viennent un soulèvement populaire massif. Car, croit-on savoir, ce comportement jugé inadmissible serait, sans doute, la goutte qui fait déborder le vase.
En effet, de l’avis de nombre de gens de la communauté locale, la frustration et le désappointement seraient au paroxysme, face au désintérêt et à l’indifférence dont fait l’objet une métropole au potentiel énorme qu’est la capitale du Souss, en particulier.
On vient d’apprendre que les promoteurs d’Agadirland abandonneront leur projet. Ils tiendront une conférence de presse aujourd’hui, lundi à 16h sur le lieu du site, afin de jeter tout l’éclairage sur les tenants et aboutissants du rejet dont le projet fut l’objet, jeudi dernier.
Une mesure administrative bizarroïde après un long processus d’accompagnement et d’approbation, y compris de la part de l’agence urbaine qui, contre toute attente, se dérobe, sous prétexte que le projet aura lieu sur une zone forestière, chose qu’elle n’a jamais évoquée auparavant, lors des diverses commissions aussi bien administratives que techniques. Il semble bien que des instructions de haut niveau aient finalement stoppé net le projet à des fins que seul l’avenir dévoilera. Des décisions arbitraires de ce genre, on en a maintenant l’habitude dans un pays dont les institutions sont précaires et dépendantes au bon vouloir des plus forts, pareil à la loi de la jungle.
Face à cet agissement administratif versatile, comment l’investisseur pourrait encore faire confiance à ses interlocuteurs ? Alors que le discours officiel ne cesse de rabâcher l’importance des investissements dans le relèvement de l’économie nationale. Quelle image donne-t-on à notre pays sur ce plan? On a beau fustiger le monopole politique (Attahakkoum), le monopole économique s’avère encore pire!
Saluons quand même, au passage, la position intransigeante de la commune d’Agadir qui s’attache toujours au principe de l’utilité du projet et de l’incitation à l’investissement, à travers un communiqué ferme et sans ambages, rendu public récemment.