Beni Mellal-Bin El Ouidane : L’art du conte à l’honneur

 

Pour sa part, le président d’honneur de cette édition Mohamed Kaouti, aussi président du directoire d’Al Bayane, a ouvert la soirée avec un poème de Ibn Al Mokafaa. C’était l’occasion pour les personnes présentes de renouer avec la culture arabe ancienne qui joint traditions et modernisme. Le chef de la délégation de la Wallonie Bruxelles à Rabat, Daniel Meuschkaert, a estimé que le conte est un réel outil de transmission de savoir et de principes de génération en génération. Toutefois, il a ajouté que l’art du conte ne doit plus être considéré comme quelque chose de dépasser, ni avoir cette image passéiste que certains lui donnent. Le conte tend de plus en plus à se moderniser et devient de plus en plus branché aux nouveautés dans le monde.

Pour ce qui est des conteurs marocains, Moukhliss qui est aussi secrétaire général des conteurs de Bab Boujloud à Fès, a donné une représentation d’un conte sur l’histoire de Aaron Barachid et son grand vizir. Cette pièce artistique était basée sur les messages codés et les proverbes marocains. Ce qui constitue un pilier fondamental de l’art du conte chez nous au Maroc.

En réponse à des questions d’Al Bayane, D.Meuschkart a déclaré qu’il existe certaines personnes dans le monde entier, ne mesurant pas la vraie portée de l’art du conte. Et Meuschkart d’ajouter « Le conte est une très vieille activité culturelle. C’est un métier au vrai sens du terme. Pour ce qui est du conteur en France, ce genre artistique est passé à une toute autre vitesse, c’est devenu de plus en plus professionnel et scientifique. Pour ce qui est des moyens à même de promouvoir le conte et les conteurs dans le monde, l’accent a été mis sur la nécessité de diversifier ce genre de rencontres et transmettre ce savoir à de nouvelles générations.

Le célèbre conteur Mohamed Moukhliss, s’est dit, quant à lui, très attristé du fait que l’art du conte au Maroc, n’arrive toujours pas à occuper la place qu’il mérite et qui est la sienne. Selon lui, le conte marocain est délaissé depuis plus de 35 ans. Et Moukhles d’ajouter «Le conte réconforte les gens. Le conteur est comme un psychologue. L’art du conte permet même aux personnes analphabètes de s’instruire oralement». Selon le S.G de l’association des conteurs, le rayonnement d’une ville dépend en grande partie de sa halqa. En d’autres termes, une ville sans conteurs ni art du conte devient une ville fade, effacée voir morte. Aussi le métier du conteur est menacé de nos jours, surtout à cause de l’extension des villes et le réaménageant que connaissent diverses agglomérations, déclare-t-il. Et toujours, selon son avis, l’Etat devrait œuvrer davantage à maintenir en bonne est due forme, les différentes places dédiées au conte, comme c’est le cas pour la place Jamaa Lafna, protégée par un Dahir Royal du temps du défunt Roi Mohamed V.

Ce festival a été également marqué par l’organisation de débats et salons littéraires où il a été discuté la situation du conteur marocain et les difficultés auxquelles il doit faire face au quotidien, à savoir l’absence de contrat de travail dans ce domaine, les ressources financières jugées très basses par les professionnels du secteur, une couverture médicale et sociale qui laisse beaucoup à désirer.

Les professionnels du secteur du hakaouati comme on le nomme, ont tenu à expliquer au public, la méthodologie de travail d’un conteur au Maroc. En effet, le conteur doit imiter, transformer des images en une histoire captivante, à visée profonde. Le conteur dans notre pays se produit presque toujours à la même plage horaire, en fin d’après midi, pour garantir une présence assez importante des spectateurs.

M. Kaouti, président d’honneur de ce festival, a insisté sur le fait que le statut et la remise en valeur du conteur, doivent venir tout d’abord de la société. Il a ajouté dans ce sens, qu’il ne suffit pas de mettre en place des lois régissant le métier de conteur, sans opérer une réconciliation entre le conteur et sa qualité de vie qui doit être décente.

Cette manifestation a été aussi l’occasion d’appeler à la création d’institutions qui aideraient les conteurs à s’organiser administrativement parlant et assurer la relève par les jeunes, pour que le métier du conteur ne disparaisse pas. Il a été dressé une comparaison entre le métier du conteur en France et de celui au Maroc. Malheureusement dans notre pays, il n’existe, de l’avis des professionnels du conte, pas d’archives qu’ils soient écrits ou oraux de cet art. Alors qu’en France par exemple, il existe une volonté de faire organiser davantage le métier. Désormais pour intégrer le métier de conteur à l’étranger, il faudrait être bien formé et titulaire d’un bac + 4. Le métier de conteur n’est pas seulement une question de compétence. Il obéit aux réalités des marchés. Certains musiciens étrangers changent de cap pour une carrière de conteur.

Dans une déclaration à Al Bayane, le conteur Sénégalais Zumba a affirmé que dans son pays, il n’y a pas de conte au vrai sens du terme mais il existe des Griots qui font office de conteurs. Le conteur Sénégalais a estimé qu’au Sénégal, les gens s’intéressent beaucoup à l’art du conte, grâce à leurs traditions orales qui existent depuis toujours.

Jihad Darouich, conteur libanais, a déclaré à Al Bayane que le climat de conflits au Liban où dans les pays voisins, sert d’une manière ou d’une autre, à l’essor du métier du conteur. « Le conteur au Liban essaie de donner une image à la souffrance de la population à travers des récits et des contes qui touchent le citoyen dans ses préoccupations quotidiennes.

Certes, les horizons différent, les cultures aussi, mais un seul mot d’ordre est de mise : faire renaître l’art du conte et donner aux conteurs la place qu’ils méritent et à travers eux, faire immerger une nouvelle génération de jeunes qui pourraient reprendre le flambeau dans ce domaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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