Le CC du PPS approuve la décision du BP de participer au gouvernement

Le Comité central du Parti du progrès et du socialisme s’est réuni, samedi 4 novembre 2017 à Salé, en session extraordinaire. Conformément aux statuts du parti et à la demande du Bureau politique, le Comité central devrait délibérer sur la question relative à la poursuite ou non de sa participation au gouvernement. C’est à la majorité écrasante de ses membres que le CC a approuvé la proposition du Bureau politique de participer, ouvrant ainsi la voie au PPS de se charger des deux portefeuilles que ses ministres occupaient dans l’actuel gouvernement.

A l’exception de 17 membres du CC qui ont voté contre et une seule abstention, tous les autres membres présents se sont prononcés pour la poursuite de la participation du parti à l’actuel gouvernement, tout en chargeant le secrétaire général et le Bureau politique du parti de gérer l’étape actuelle.

Au cours de cette session, la présidence a été assurée par Ahmed Zaki, membre du Bureau politique. Il a été accompagné par Ismail Alaoui, président du Conseil de la présidence du PPS, et ce, à titre exceptionnel. De même, Abdelouahed Souhail, Ahmed Salem Latafi, Charafat Afailal, Rachida Tahiri, Aicha Lablak, Khalid Naciri, El Houssein Louardi et Mohamed Amine Sbihi, membres du Bureau politique participaient à cette fonction.

Dans son rapport présenté au nom du Bureau politique, le secrétaire général du parti, Mohamed Nabil Benabdallah, est revenu en détail sur la situation politique suite aux décisions royales de limoger des ministres, à la suite du rapport de la Cour des comptes sur l’exécution du programme «Al Hoceima, Manarate Al Moutawassite». Il a ensuite soumis aux membres du comité central une recommandation du Bureau politique les invitant à approuver la proposition de continuer de participer au gouvernement.

Cette position définie par le Bureau politique est intervenue à l’issue de plusieurs réunions de travail et de nombreuses heures de discussions et de débats avec la participation du secrétaire général et des deux ministres concernés par les décisions de limogeage, ainsi qu’au niveau du Bureau politique et de manière collective. Il s’agissait de rapprocher les points de vue et unifier les opinions autour de ce dossier tout en se préparant à en supporter toutes les suites éventuelles.

Le SG du PPS a informé l’assemblée qu’au lendemain de la publication des décisions royales en question, la direction du parti a été avertie de l’expression d’une haute volonté de voir le parti poursuivre sa participation au gouvernement actuel, à travers son obtention des mêmes portefeuilles qu’il occupait.

Il a en outre rappelé, que même dans les moments les plus sombres de son histoire, marqués par l’interdiction et l’emprisonnement de ses militants, le parti avait toujours fait de l’action, dans le cadre de la monarchie constitutionnelle et de la coopération avec l’institution royale, le pilier principal de son approche militante, et ce, dans le but de parvenir à des compromis positifs visant à faire progresser le pays.

C’est pourquoi le Bureau politique invite, à l’unanimité de ses membres et en dépit de quelques avis nuancés, les membres du Comité central à réagir positivement à la proposition relative à la poursuite de la participation du PPS au gouvernement actuel, sur la base du programme élaboré avec sa contribution et qu’il avait approuvé, a-t-il dit.

Il a également souligné la nécessité pour le parti de se pencher de manière plus active et constructive sur sa situation organisationnelle ainsi que sur le rôle qu’il doit jouer au sein de la société, sachant que le Comité central va revenir sur cette dernière question lors de sa prochaine session, prévue le 18 novembre dans le cadre des préparatifs du 10e congrès national du parti devant avoir lieu à la fin du premier semestre de l’année prochaine.

Il a en outre rappelé que le Bureau politique avait examiné en son temps le sujet des décisions royales prises par Sa  Majesté le Roi après avoir  pris connaissance du rapport de la Cour  des comptes relatif à l’exécution du programme «Al Hoceima Manarat Al Moutawassit».

Selon lui, le Bureau Politique évalue ce sujet avec tout le respect et la considération dus à Sa Majesté le Roi et à ses hautes décisions. Il tient compte en cela de l’esprit de responsabilité et de pondération ayant toujours marqué le parcours du PPS, aussi bien lors de son appartenance à l’opposition pendant cinq décennies que lors de sa participation à la gestion des affaires gouvernementales.

Le Bureau politique réaffirme sa grande conviction concernant l’accomplissement de la mission du SG et des deux camarades concernés par les décisions royales, tant dans le gouvernement actuel que dans le précédent. Il s’est effectué dans un souci rigoureux de se conformer aux exigences des intérêts suprêmes de la patrie et du peuple. Leurs actions ont été imprégnées des principes et des valeurs du parti, fondées sur un haut niveau de patriotisme et sur la nécessité de faire preuve du maximum d’honnêteté, de sincérité et de confiance.

Le Bureau Politique du PPS exprime sa fierté à l’égard de la prestation honorable des ministres du parti concernés et à l’égard de leur recherche constante de servir l’intérêt général avec le maximum de dévouement et d’abnégation, loin de tout penchant politicien étroit. Ils agissent en cela avec conscience, sérieux, responsabilité et ferme attachement aux institutions et constantes de la nation, dans le plein respect des dispositions de la constitution et de la loi. C’est ainsi que le PPS s’est toujours comporté et se comportera dans le cadre du principe intangible de coopération avec les institutions constitutionnelles et, à leur tête, l’institution monarchique dans sa quête de modernisation et de développement du pays.

Le SG du PPS a ajouté que le rapport du président de la Cour des comptes précité, reste discutable, étant donné qu’il ne s’agit pas d’un texte sacré. Le Bureau politique recommande de revenir sur ses contenus, quand les circonstances le permettent, pour le traiter avec le calme requis. Il appelle à la mise en œuvre du principe de la corrélation de la responsabilité et de la reddition des comptes, de manière positive et avec une vision moderniste en phase avec le cours de l’histoire dans un cadre d’interaction avec les institutions constitutionnelles en place et sur des bases solides, objectives et équitables qui consacrent la pratique des accumulations et des expériences réussies.

C’est dire que le problème de la gouvernance se pose avec acuité et insistance et qu’il concerne différentes sphères, a-t-il dit, notant que tous les programmes semblables au programme «Al Hoceima, Manarate Al Moutawassite» se heurtent aux mêmes dysfonctionnements, pour ne pas dire plus graves.

Et Benabdellah de s’interroger, tout en paraphrasant Vladimir Illich Oulianov Lénine : Que faire?

Notre parti, qui avait déjà fait face dans le passé à différentes épreuves, a toujours réussi à les dépasser. Il avait toujours su comment s’en sortir plus motivé, pour renforcer ses rangs et son immunité et améliorer son rendement, tout en restant attaché à son indépendance et à ses principes et en préservant son identité, a rappelé Nabil Benabdallah, selon lequel le PPS se trouve aujourd’hui dans une situation difficile et devant une véritable épreuve, qui requièrent de lui un haut degré d’objectivité et beaucoup de patience et de rigueur.

   Pour certains d’entre nous, c’est un choix difficile, a-t-il dit, rappelant que l’essence du PPS est fortement liée à la défense du projet sociétal qui a pour fondements la démocratie véritable et l’Etat des institutions, une société de la liberté, de la dignité, des droits de l’Homme et de l’égalité, une société de construction d’une économie nationale forte, de la réalisation de la justice sociale et spatiale et d’une société d’ouverture et de modernité.

C’est pour cette raison que le parti a vu le jour et c’est pour cette raison qu’il poursuit sa marche, a-t-il affirmé, estimant que si le parti dévie de cette voie, il sera sans utilité. Le parti sera aussi inutile, s’il abandonne le ton qui le distingue, fondé sur la rigueur dans l’analyse, le courage dans l’expression, l’objectivité dans le traitement des questions fondamentales du pays et l’examen rigoureux et pondéré des situations les plus critiques et délicates, a-t-il encore dit, rappelant que le PPS a été souvent le premier à rendre public son avis sur de telles situations critiques, avis qui s’impose ultérieurement aux autres par sa justesse.

Selon le SG du parti, le Maroc d’aujourd’hui et de demain a besoin d’un parti comme le PPS, qui joue un rôle distingué, en dépit de sa force numérique. C’est pourquoi, il est nécessaire, a-t-il dit, de trouver les formules les plus appropriées pour permettre au parti de continuer de jouer son rôle dans la société, malgré l’ampleur du choc. Il ne faut pas capituler devant une telle attaque, dont certains aspects ne sont pas compréhensibles, indique le rapport du BP.

Ce faisant, il est nécessaire aussi de trouver le meilleur moyen de préserver le parti et de renforcer son rôle et sa combattivité, tout en veillant à ce que le PPS continue de placer les intérêts supérieurs du pays et du peuple au dessus de toutes les considérations, sans toutefois occulter l’unité des rangs du parti qu’il faut renforcer au même titre que sa position.

Il a par ailleurs affirmé que le Maroc a réalisé des progrès importants dans plusieurs domaines au cours des 20 dernières années en raison notamment de la symbiose des forces nationales et de l’institution royale, en particulier depuis l’expérience du gouvernement de l’alternance consensuelle et l’accession de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Trône de ses glorieux ancêtres. Ainsi il en fût ; au niveau de la démocratisation du pays, des droits de l’Homme, des droits de la femme, de l’action de l’instance pour l’équité et la réconciliation à l’adoption de la Constitution de 2011 au contenu avancé. De même, au niveau des réalisations économiques de taille, en particulier au niveau de l’infrastructure, les grands chantiers, les grandes avancées sur le plan social ; des mesures à valeur culturelle dont la reconnaissance de l’Amazighité comme langue officielle du pays à côté de la langue arabe ; des succès successifs dans le cadre de la défense de l’intégrité territoriale du pays et du renforcement de la position du Maroc au niveau international en général et africain, en particulier.

Il a également fait savoir qu’à l’occasion de la célébration de l’anniversaire du 20 août 2017, le parti avait souligné, la nécessité de s’inspirer des réalisations accomplies du temps du gouvernement de l’alternance consensuelle, dirigé par Me Abderrahmane Youssoufi. Il s’agit de donner un souffle nouveau à la construction démocratique ; aller de l’avant dans le cadre du renforcement des fondements de l’Etat de Droit et des institutions et procéder à la mise en œuvre saine du contenu avancé de la nouvelle constitution. Cela pour permettre à l’ensemble des masses populaires, et en particulier, aux couches démunies et pauvres, de jouir d’une vie heureuse dans un pays libre et unifié où règnent la justice sociale et spatiale, l’égalité, la liberté, la dignité, la démocratie et le progrès.

Il s’est ensuite attardé sur la nécessité de procéder à l’élaboration d’un nouveau modèle de développement comme le réclame désormais le Souverain. Il a indiqué que l’actuel modèle a peut être atteint ses limites, ajoutant que plusieurs reculs ont été constatés au cours des dernières années au niveau de la construction démocratique, du rôle des partis politiques et du respect de leur indépendance, du système de la gouvernance et de la transparence dans la gestion des affaires des citoyens et des fondements de l’Etat de Droit.

Le PPS est évidemment disposé à contribuer à l’œuvre d’élaboration d’un tel modèle, lequel doit avoir pour fondements un Etat national et démocratique, doté de fortes institutions, dont des institutions élues, des partis politiques indépendants capables de  jouer des rôles importants dans l’encadrement des citoyens et leur formation, la participation dans l’exercice du pouvoir, sur la base du pluralisme et de l’alternance, par le truchement de moyens démocratiques.

Parmi ces institutions figurent aussi des institutions constitutionnelles, efficaces et efficientes, un pouvoir exécutif avec un gouvernement fort, reflétant la volonté populaire issue des urnes dont les résultats sont respectés, une Administration utile et efficace avec des méthodes de gouvernance nouvelles, une société civile active et diversifiée, un pouvoir judiciaire indépendant et une institution royale jouant pleinement son rôle tel que prévu dans la Constitution.

Ce nouveau modèle doit se fixer notamment pour objectif d’atteindre une économie nationale avancée capable de réaliser un taux de croissance élevé, fondée sur l’industrialisation, les nouvelles technologies et des stratégies sectorielles efficaces et performantes.  Un Etat qui joue pleinement son rôle dans l’orientation de l’économie, la consécration du rôle du secteur privé et sa dynamisation au sein d’une économie nationale qui préserve les richesses du pays et les gère dans une perspective durable. Une économie capable d’offrir à tout le monde des opportunités d’emploi et de permettre une répartition équitable des bienfaits du développement et des richesses dans le cadre de la justice sociale et spatiale parallèlement à la mise en œuvre saine de la régionalisation avancée, tout en accordant au système d’éducation et de formation l’importance qu’il mérite dans l’intérêt du pays et des générations montantes.

MOULAY ISMAIL ALAOUI APPELLE A L’UNITE

Prenant la parole, le président du Conseil de la présidence, Moulay Ismail Alaoui a appelé les membres du Comité central à placer l’intérêt supérieur du pays et du parti au-dessus de toute autre considération.

En ces moments difficiles, «je considère qu’il est de mon devoir de m’adresser à vous pour vous rappeler la responsabilité et l’engagement que vous avez pris de militer au sein du PPS mais également et surtout de préserver l’unité de ses rangs en cette période difficile», a-t-il martelé à l’adresse des militants présents.

Comme l’a souligné le secrétaire général du parti, les membres du Bureau politique ont adopté à l’unanimité la proposition soumise aujourd’hui au CC, a ajouté Ismail Alaoui, faisant savoir que le parti a reçu deux messages l’invitant à continuer sa participation à l’actuel gouvernement.

En optant pour une telle approche, le CC va ouvrir la voie au parti pour continuer le combat de l’intérieur du gouvernement pour faire entendre la voix des couches les plus démunies et pauvres et plaider pour la mise en œuvre saine de toutes les dispositions de la Constitution de 2011, la création de l’emploi, la promotion de la justice sociale et spatiale, le respect des droits et la consolidation de l’Etat de Droit et des institutions, a-t-il encore expliqué.

VIBRANT HOMMAGE DU CC AUX MINISTRES CONCERNES

Au cours des débats ouverts à l’issue de ces interventions, tous les participants ayant pris la parole pour exposer leurs points de vue et positions sur la poursuite ou non de la participation du parti à l’actuel gouvernement, ont rendu un vibrant hommage aux ministres concernés par les décisions royales pour leur bilan ministériel.

Tout en réitérant leur solidarité totale avec eux, les participants n’ont pas manqué d’exprimer leur fierté que des ministres aussi talentueux, honnêtes et clairvoyants comme El Houssein Louardi, Nabil Benabdallah et Mohamed Amine Sbihi soient des lauréats de l’école patriotique et politique du PPS.

Certains d’entre eux rapportaient des témoignages de nombreuses régions isolées du pays, qui expriment la reconnaissance des citoyens aux ministres de l’habitat, de la santé et de la culture pour leurs honorables réalisations à la tête de leurs départements respectifs.

A l’issue de l’adoption du rapport du Bureau politique, le CC a adopté à la majorité une résolution, issue de la session extraordinaire du Comité central. Ce texte revient sur le déroulement des travaux de la session et sur la décision prise par le Comité central, aux termes de laquelle le PPS va continuer de faire partie de l’actuelle coalition gouvernementale.

M’Barek Tafsi

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