De grands progrès, mais encore du chemi

communautés, la société civile et le secteur de la santé  public et privé à s’unir pour mettre fin à la tuberculose qui est un véritable problème de santé publique, partout dans le monde et dont les déterminants sont essentiellement liés aux conditions socio-économiques  défavorables. Selon des données de l’OMS, 9 millions de personnes ont développé la maladie en 2015 et 1 million en sont mortes. Qu’en est-il au Maroc ? Plus de détails avec le professeur Moulay Hicham Afif, spécialiste en pneumologie et Directeur général du CHU Ibn Rochd de Casablanca. Eclairage.

La Journée mondiale de la tuberculose revêt une grande importance. C’est une occasion pour chaque pays, chaque gouvernement, acteurs de la vie politique, de la société civile, du secteur de la santé de se mobiliser tous ensemble pour lutter efficacement contre cette maladie qui  entraine chaque jour le décès de 4.000 personnes au niveau mondial.
La journée mondiale de lutte contre la tuberculose, qui a lieu chaque 24 mars , offre à ne pas en douter une occasion unique de sensibiliser l’opinion sur ce que représente la tuberculose au sein de notre pays et sur l’état des lieux des actions de prévention et de lutte menées au niveau national pour venir à bout de ce fléau.
Le Bacille de Kock ou BK qui est la bactérie responsable de la tuberculose infecte avec prédilection l’appareil respiratoire. La tuberculose pulmonaire représente un peu plus de 70% des cas de tuberculose. La maladie peut aussi toucher tous les organes.
Les principales localisations extra pulmonaires décrites sont ganglionnaires, urogénitales, ostéo articulaires et cérébro-méningées. Cette infection est considérée comme une priorité de santé publique.
La tuberculose est présente partout dans le monde. En 2014, 9,6 millions de personnes ont développé la tuberculose et 1,5 million en sont mortes.
Le plus grand nombre de nouveaux cas de tuberculose a été enregistré en Asie du Sud-est et dans la région du Pacifique occidental qui totalise 58% des nouveaux cas à l’échelle mondiale. Toutefois, l’Afrique compte le plus grand nombre de cas, avec plus de 281 cas pour 100 000 habitants en 2014.
En 2015, un total de 28.955 nouveaux cas  de Tuberculose toutes formes confondues ont été notifiées au Maroc, soit une incidence de 89 cas  pour100.000 habitants. S’agissant de la répartition des cas de tuberculose selon l’âge et le sexe des personnes atteintes par cette maladie, on relève que les 2 / 3 des cas enregistrés sont des adultes dont l’âge est compris entre 15 et 44 ans.
Le sexe masculin est plus touché que le sexe féminin, puisque 59 % des cas concernent des hommes contre 41 % de femmes.
Concernant la distribution géographique des cas, on note que 5 régions du Maroc totalisent à elles seules 59 % des cas de Tuberculose, notamment Casablanca, Tanger – Tétouan, Rabat – Salé –Azemmour – Zaer – Gharb – Chrarda – Beni Hssen et Fès Boulemane.
La maladie se concentre en milieu urbain et affecte particulièrement les quartiers défavorisés des grandes villes.
Agir sur tous les déterminantsde la vulnérabilité
Le ministère de la Santé a réalisé des progrès importants en matière de lutte contre la tuberculose en maintenant à plus de 95% le taux de détection et à plus de 85% le taux de succès thérapeutique. Mais la Tuberculose est une maladie qui a certaines spécificités, et croire que son éradication est du seul ressort du ministère de la santé serait une grossière erreur.
Il est vrai que le Maroc a enregistré  28.955  nouveaux cas de tuberculose en 2015, soit une incidence de 89 nouveaux cas pour 100 000 habitants. Ce chiffre est en légère hausse par rapport aux années précédentes,  cela s’explique par le fait que la tuberculose est essentiellement  une maladie sociale par excellence. Plus le niveau socio-économique d’une catégorie de population est bas et plus le risque de contamination lié à la promiscuité est important. Lorsque les gens sont entassés dans les bidonvilles, un seul cas de tuberculose peut faire des ravages.
On comprend dès lors mieux qu’il va falloir agir sur les véritables causes de la Tuberculose, à savoir un logement  salubre, une alimentation saine et équilibrées, la pratique du sport, la lutte contre le tabagisme ….
D’ailleurs très conscient de tous ces éléments, de tous ces aspects, le ministère de la Santé conduit un processus avec sagesse et clairvoyance la  lutte anti tuberculeuse  en mobilisant  l’ensemble des acteurs clés pour agir sur les tous les déterminants de la vulnérabilité.
Une responsabilité collective
Le Maroc sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI relèvera ce grand défi qui consistera à éliminer la Tuberculose, un challenge qui est à notre portée. Nous sommes de ce fait tous concernés et nous devons agir en conséquence par des actions citoyennes chacun à son niveau. Les actions à entreprendre sont multiples et variées. Menées comme il se doit, elles auront à ne pas en douter, un impact positif sur cette maladie qui touche les populations les plus défavorisées qui vivent dans des conditions hygiéniques défavorables, ou la promiscuité, la mauvaise hygiène, l’insalubrité, la malnutrition, ainsi que le manque d’éducation sanitaire sont autant de facteurs qui font que les populations défavorisées sont plus infectées par la maladie.
Elles contribueront à la préservation de ce bien collectif qu’est la santé. Car la santé est tout autant un impératif individuel qu’une responsabilité collective.
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Entretien avec le professeur Moulay Hicham Afif, spécialiste en pneumologie
«Le traitement doit obéir aux prescriptions médicales»

Al Bayane : Quand on voit les chiffres de la tuberculose au niveau mondial, on constate tout de suite que cette maladie ne semble pas fléchir. En tant que spécialiste de cette maladie, comment expliquez-vous cette recrudescence ?
Professeur Moulay Hicham Afif : Tout d’abord, il est essentiel de savoir que  la tuberculose est une maladie qui sévit dans le monde à l’état endémique, et qu’au Maroc, ce sont des dizaines de milliers de nouveaux cas  qui sont enregistrés. En 2015, nous avons atteint 28.955 nouveaux cas,  avec une incidence de 89 cas pour 100.00 habitants. Il faut préciser que la tuberculose a toujours été un problème de santé à l’échelle mondiale, mais il y a des disparités entre les pays en voie de développement et les pays sous-développés.
Donc l’incidence de la tuberculose n’est pas la même de par le monde. Maintenant, à l’échelle mondiale, il y a à peu près pour l’année 2015, près de 8,7 millions de nouveaux cas de tuberculose de par le monde et les décès estimés sont au nombre de 1,4 million. C’est donc une pathologie qui continue à poser un problème pour l’OMS et tous les systèmes de santé de du monde.
Quelle est la situation au Maroc ?
Concernant la tuberculose au Maroc en  2015, on a enregistré 28.955 nouveaux cas de tuberculose avec une incidence de 89 nouveaux cas pour 100.000 habitants. Pour la tuberculose pulmonaire avec la microscopie positive, c’est-à-dire la tuberculose contagieuse, on est à 35 nouveaux cas pour 100.000 habitants. La forme la plus fréquente est la tuberculose extra pulmonaire. Les 2 / 3 des cas enregistrés sont des adultes dont l’âge est compris entre 15 et 44 ans. Le sexe masculin est plus touché que le sexe féminin, puisque 59 % des cas concernent des hommes contre 41 % de femmes.
Est-il vrai que la tuberculose touche beaucoup plus les populations démunies ?
La tuberculose est multifactorielle, et donc il y’a d’autres paramètres qui entrent en jeu. Il y a l’habitat, le niveau social, le niveau socio-économique des gens. Il y a certaines catégories de gens qui sont beaucoup plus exposées à la tuberculose que d’autres. Il faut qu’il y ait une synergie entre les actions. C’est d’ailleurs la nouvelle vision pour la prise en charge de la tuberculose au Maroc.
C’est d’ailleurs ce qu’ont fait le ministre et toutes les autres composantes du gouvernement qui sont intéressées par le problème de la tuberculose. Il faut voir la tuberculose dans sa globalité parce que si on la limite à un problème de santé, nous n’arriverons pas à atteindre les objectifs qui sont visés. Maintenant, est-ce que la tuberculose touche essentiellement les pauvres ? Bien sûr que la tuberculose touche les pauvres, mais la tuberculose peut toucher toutes les catégories de patients même les riches, du moment qu’il y a risque de contagion.
Le Bacille ne fait pas de distinction, même s’il y a beaucoup plus de tuberculeux chez les malades qui sont démunis sur le plan socio-économique ou qui ont un mauvais habitat.  Cela veut dire que dans les grandes villes, que ce soit à Casablanca ou à Salé, c’est au sein des populations les plus démunies qu’on trouvera l’incidence la plus importante de la tuberculose.
Quelle est la place de la prévention ?
Il est très important de faire la prévention parce que cela permettra d’éviter que les malades soient contaminés et des fois les mesures de préventions sont très simples.
Se mettre la main sur la bouche lorsqu’on tousse et lorsqu’on crache, mettre la main devant le nez lorsqu’on éternue, que les chambres soient bien aérées, qu’il y ait donc l’ensoleillement nécessaire au niveau des habitats…
Voila des choses simples. Bien se nourrir aussi, éviter les stress importants, faire le vaccin BCG pour les enfants, en particulier. Au Maroc, on sait que c’est une vaccination obligatoire à la naissance, ce qui permet de réduire l’état de tuberculose pour cette tranche d’âge mais surtout aussi d’éviter de voir apparaitre des formes graves de tuberculose et ça on le constate dans la pratique de tous les jours. Nous voyons de moins en moins de formes graves par rapport à ce qu’on voyait auparavant, notamment il y a une vingtaine ou une trentaine d’années. Ce qui est important aussi dans la prévention de la tuberculose, c’est de faire un bon dépistage des malades qui sont contagieux.
Ce qui est surtout contagieux c’est la tuberculose pulmonaire, parce que la transmission se fait par voie aérienne. Il faut aussi dire qu’il y a des signes clairs de la tuberculose comme la toux, les crachats, la fièvre, les sueurs nocturnes qui persistent pendant plusieurs jours ou une altération de l’état général…  Si tous ces signes sont observés, il faut immédiatement consulter le médecin et lorsque la personne se fait consulter, il faut que le diagnostic soit fait rapidement et que démarre aussitôt le traitement. C’est de cette manière que l’on pourra éviter tout risque de contamination dans l’entourage de ce patient.
Quel est le message que vous voulez transmettre à l’ occasion de la journée mondiale de la tuberculose?
Si j’ai un message à transmettre, celui-ci sera de dire que nous sommes tous concernés et nous devons tous agir contre la tuberculose, pas uniquement le ministère de la Santé.
Les autres composantes de notre société sont aussi concernées par cette lutte, que ce soit les autres ministères, les ONG, les sociétés savantes, la société civile, les différentes associations… Chacun a un rôle à jouer pour la lutte contre la tuberculose. Le déclin de la maladie sera possible si nous arrivons à réaliser cette prise de conscience collective et je suis sûr que nous arriverons à réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés, à savoir descendre sous la barre des 50 nouveaux cas par 100.000 habitants.
Pour les malades, il est essentiel de savoir que le traitement de la tuberculose doit être bien suivi conformément aux prescriptions médicales. Il faut dire que la tuberculose est une maladie curable quand celle-ci est bien traitée, quand le régime thérapeutique est bien respecté, d’où l’importance d’insister sur l’information et l’éducation des malades afin qu’ils puissent prendre conscience de l’importance de leur traitement qu’il faut prendre à heure fixe.
Il faut savoir que le traitement de la tuberculose est gratuit. Il est donné aux malades au niveau des centres de santé du ministère de la Santé. De même, il faut souligner que la prise en charge de la tuberculose est totalement gratuite aussi bien en ce qui concerne le diagnostic que le traitement.
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