Essaouira à l’heure de la coexistence par la musique

18ème Festival des Andalousies Atlantiques

Par Mohamed KOURSI – MAP

Évènement phare de la scène culturelle nationale et internationale, le Festival des Andalousies Atlantiques, qui souffle ce jeudi sa 18ème bougie, est de retour à Essaouira après une parenthèse de trois ans, avec à la clé une programmation qui s’annonce féerique et alléchante.
Freiné par la pandémie de la Covid-19, l’événement musical de tous les automnes souiris revient de la plus belle manière avec un programme éclectique réparti sur les espaces mythiques de Dar Souiri et Bayt Dakira, outre le chapiteau du port aménagé à cet effet par les équipes de l’Association Essaouira-Mogador, organisatrice de cette manifestation qui a su se tailler, depuis deux décennies, une place parmi les manifestations les plus prestigieuses à l’échelle mondiale.
Il s’agit d’un automne de lumière enraciné depuis près de 20 ans dans l’émotion de toutes les musiques partagées, la richesse de ces mémoires mêlées et les promesses sans cesse renouvelées d’une grande histoire marocaine que Juifs et Musulmans ont choisi d’écrire au futur, en se donnant rendez-vous, par milliers, pour chanter ensemble, danser ensemble et débattre ensemble, le temps d’un événement magique qui restitue de manière éloquente la mémoire de la communion judéo-musulmane.
Afin de donner toute la vérité et la légitimité à cette communion et à cette histoire judéo-musulmane, et de célébrer ces retrouvailles du Festival avec les mélomanes, qui affluent des quatre coins du monde, l’Association Essaouira-Mogador a concocté une programmation de haute facture : 170 artistes, 14 concerts, 3 scènes et un programme signé cette année encore du sceau de l’exception pour faire de cette édition 2022, un millésime qui fera date.
Exception marocaine et partitions écrites « façon souirie » pour ce rendez-vous unique au monde où Musulmans et Juifs, mais pas seulement, font le choix de se retrouver pour le bonheur d’être ensemble, de chanter ensemble, de s’écouter et de débattre ensemble, attentifs les uns aux autres et soucieux que les narratifs de tous aient leur place avec le respect qui leur est dû.
« C’est cela l’école marocaine, c’est cela +l’esprit d’Essaouira+ disait un jour le grand Edgar Morin se levant au milieu de l’un de nos concerts pour clamer son émotion en redécouvrant cette capillarité judéo-musulmane enracinée dans la profondeur d’une histoire marocaine multiséculaire », souligne l’Association organisatrice.
« Une émotion qu’Essaouira a le talent d’incarner par la grâce du +Matrouz+, cette broderie musicale qui fait alterner arabe et hébreu, melhoun et chgouri, flamenco et +ala+, le temps d’un festival à nul autre pareil ».
Au programme cette année, le grand Maestro Omar Metioui avec son orchestre « Rawafid » qui accueille Elad Levi et ses musiciens, icônes incontestées de la scène juive de la musique arabo-andalouse.
Invité aussi Gusto, un autre chanteur et musicien pour la première fois à Essaouira, qui « nous dira à sa façon les plus belles pages du répertoire de la chanson populaire judéo-arabe » comme le feront au fil des concerts, Abir El Abed, Zainab Afailal et bien évidemment comme chaque année la grande diva Raymonde El Bidaouia et Abderrahim Souiri, incarnation emblématique de l’école souirie de la musique arabo-andalouse, une école qui depuis des siècles a rayonné au Maroc et bien loin de frontières.
Particulièrement riche en temps forts, cette édition 2022 « nous fera retrouver le groupe légendaire des +Hapiyout+, ces troubadours juifs du Tafilalet très attendus et dont le concert souiri en 2018 a été partagé sur les réseaux sociaux par des millions de mélomanes », indiquent les organisateurs.
« C’est dans ce registre de l’émotion qu’il faut aussi inscrire cette première à laquelle nous convie Essaouira cette année avec, après minuit, une soirée singulière qui va faire se rencontrer les traditions soufie, musulmane et juive. Une rencontre pour une soirée de +Baqqachot+ et de +Amdahs+ mêlant l’arabe et l’hébreu que nous devons aux paytanims de l’ensemble +Matrouz+ et aux chantres de la troupe +Al Anouar Al Mohamadia+ », tient à préciser l’Association.
D’autres premières sont au programme, « Mor Karbasi », la nouvelle étoile du répertoire séfarade qui montera sur scène avec Zora Tanirt, interprète engagée et talentueuse du patrimoine amazigh.
Seront également à Essaouira le Quartetoukan qui parcourt les scènes du monde pour chanter le dialogue israélo-palestinien, tandis que le groupe Afalkay, né à Essaouira, invitera Soukaina Fahsi pour un kaléidoscope très spécial qui fera alterner, façon souirie, la jazz, le flamenco, le chgouri et bien sûr le répertoire gnaoui.
« Last but not least, c’est Essaouira qui aura cette année le privilège et la chance de recevoir pour la première fois au Maroc, le +Grand Ballet Flamenco de Andalucia+, la formation la plus prestigieuse de l’Andalousie qui se produira à Essaouira grâce à la générosité et à l’engagement souiri du gouvernement régional de l’Andalousie », se félicitent les organisateurs.
Enfin, « nous nous quitterons avec un concert de clôture d’anthologie qui a fait le pari de nous faire revivre les pages les plus emblématiques et les plus populaires du patrimoine musical judéo-arabe au fil d’une programmation inspirée par la très grande richesse du patrimoine spirituel et musical d’Essaouira, celui des Zaouias comme celui des Gnaouas, celui du Rzoun comme celui du Malhoun », se réjouit l’Association.
Bref, un véritable feu d’artifice pour revisiter et saluer comme il se doit ce rendez-vous souiri de tous les talents, de toutes les promesses et de tous les possibles ».
Une fois encore, Essaouira, qui a su depuis une trentaine d’années faire de la culture un véritable levier du développement, occupe le devant de la scène en offrant à ses habitants, ses visiteurs et aux férus des moments magiques d’émotion artistique et culturelle, mais aussi de partage et de communion.

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