Feu SM Mohammed V promoteur du dialogue islamo-chrétien

harmonieusement «dans la quiétude et l’amitié», révèle l’interview accordée par écrit par le regretté Souverain au journal français «Témoignage chrétien» et parue le 10 avril 1953.

Dans cette interview titrée «Pour une Union Islam-Chrétienté», réalisée par Robert Barrat, adjoint au rédacteur-en-chef du journal et reproduite par le mensuel panafricain «Hommes d’Afrique Magazine» dans sa dernière livraison, Feu SM Mohammed V avait résumé «les conditions concrètes dans lesquelles peut s’effectuer une liaison entre l’Islam et le Christianisme au Maroc», préconisant «la formation d’institutions intellectuelles composées de chrétiens et de musulmans ayant pour but la provocation d’un courant d’échanges d’idées par le moyen de conférences et de publications tendant à la définition exacte du christianisme et de l’Islam et à la mise en évidence de leurs points communs dans le domaine des principes et des enseignements».
Feu SM Mohammed V avait aussi plaidé pour «la création d’une union Islam-Chrétienté ayant pour but de défendre les droits fondamentaux des individus et des collectivités, de soulager les souffrances humaines, de prêcher la fraternité et la solidarité dans le monde».
«Cette Union aura pour mission, en outre, d’agir en vue de supprimer tout ce qui pourrait faire naître l’incompréhension et la haine», avait affirmé le Souverain, qui s’était dit persuadé «que si de telles institutions se réalisaient au Maroc, musulmans et chrétiens pourraient mener ensemble, dans la quiétude et l’amitié, une vie de bonheur et d’amitié».
Evoquant la reconnaissance par l’Islam du caractère sacré du Christianisme, Feu SM Mohammed V avait précisé que «l’histoire témoigne, en effet, que les musulmans laissaient aux adeptes des différents cultes établis en terre d’Islam une complète liberté dans l’exercice de leurs religions. Ils les traitaient avec égards et bienveillance et n’hésitaient pas à leur confier de nombreuses fonctions temporelles».
«L’Islam dans ses débuts a trouvé refuge chez les chrétiens d’Abyssinie qui lui ont offert une généreuse hospitalité jusqu’au jour où ces réfugiés musulmans ont pu se rendre à Médine. De leur côté, les musulmans ont offert une paix durable à l’Abyssinie qui se trouvait pourtant au centre de leur vaste empire. Ce faisant, ils se conformaient à l’ordre de leur Prophète : Laissez les Abyssins en paix tant qu’ils vous laissent en paix», avait, en outre, rappelé le Souverain.
«Telle est l’attitude de l’Islam vis-à-vis du christianisme», avait souligné Feu SM Mohammed V dans cette interview reproduite dans le livre «Justice pour le Maroc», dont l’auteur n’est autre François Barrat et que François Mauriac avait préfacé.
Décédé le 16 août 1976 à Paris, Robert Barrat était un militant anticolonial. Il prit la cause de l’indépendance des peuples d’Afrique du Nord alors sous domination coloniale française. Il paiera son engagement anticolonial, notamment en Algérie, contre l’Etat français, par un harcèlement permanent de la police française, puis des arrestations et un emprisonnement en France.
Fondé en 2005 et édité au Maroc par la société Santia Communication Corporate, «Hommes d’Afrique Magazine» (HAM) est l’un des magazines panafricains trilingues les plus influents de l’Afrique subsaharienne. Ce mensuel, qui couvre toute l’Afrique et tous les sujets inhérents à l’économie et au développement, publie aussi des commentaires et des analyses, des interviews des hommes d’Etat ou des personnalités du monde des affaires.
Top