Et Mohamed El Kettani, patron de cette institution financière qui a fait sienne une politique de développement en Afrique, n’a pas manqué de souligner à l’assistance l’intérêt d’une telle rencontre. Les organisateurs qui comptaient sur 500 participants ont été pris de court puisque l’affluence a dépassé les prévisions. Avec un effectif double, encore faut-il rappeler que seuls onze pays étaient représentés, nul besoin de rappeler que la démarche rationnelle face à un tel engouement consisterait à faire les bouchées doubles pour rattraper les gaps. Et ils sont multiples. Car le regard aiguisé du banquier ne saurait passer à côté de chiffres très révélateurs de l’état anémique dans lequel se trouvent les échanges Sud-Sud. L’Afrique qui ne représente que quelques malheureux points du total des exportations mondiales (moins de 2%) se distingue par la faiblesse des échanges entre ses propres pays (10%). Quant au captage des IDE africains par les pays du même continent, ils restent dérisoires (13%). Ces chiffres établis par la CNUCED et égrenés par le P-DG du Groupe AWB, rappellent aux uns et aux autres que beaucoup de chemin reste à faire pour changer la donne. Une maldonne, en fait, au regard des potentialités dont disposent le Continent Noir. Continent dont les exportations se font essentiellement en produits primaires, comme l’a rappelé Habib Mbaye, ministre sénégalais chargé des affaires financières et conseiller auprès de la Présidence. Ce banquier de formation n’a pas lésiné, non plus sur les chiffres. Et s’il y en a un des plus indicateurs à retenir c’est la faiblesse des échanges interafricains. Seuls 5% des pays africains réussissent à placer 50% de leurs exportations sur les autres marchés africains. Alors que les exportations du Continent ont explosé vers les USA (30%) et vers la Chine (60%).
L’Afrique est-elle pour autant mal partie ? Rien n’est moins sûr au regard des efforts déployés aujourd’hui pour en finir avec le legs dit « commerce triangulaire ». Et c’est bien en Afrique que l’on commence à mesurer les nouveaux équilibres géostratégiques qui s’opèrent dans le monde. La bipolarité sino-américaine s’y exprime parfaitement. Les positions « privilégiées » des uns sont raflées par les nouveaux acteurs et la redistribution des rôles ne fait que commencer. Le Forum africain d’AWB est novateur en ce sens qu’il cible des objectifs précis. L’identification des obstacles, les problèmes de transport et de logistique, les cadres réglementaires, la protection des investissements, etc représentent autant de questions à traiter en deux jours. Avec comme objectif de formuler des propositions aux politiques en vue d’aplanir les difficultés. Le Forum est certainement promis à un succès retentissant au regard de la somme des rendez-vous programmés (1400 portant sur 9 secteurs présélectionnés). Bien entendu, AWB qui est présente dans 10 pays africains se place déjà dans les créneaux d’opportunités qui s’offrent. Un dispositif de suivi et d’accompagnement des opérateurs intégrés dans le « B to B » a été mis en place. Plus, le Forum qui entend fidéliser les bonnes volontés au rendez-vous africain désormais annuel n’hésite pas à gratifier les entreprises qui auront réussi à relever le défi du développement du commerce interafricain. Un trophée de la coopération Sud-Sud sera ainsi décerné aux méritants. Abdellatif Maazouz, ministre du Commerce extérieur n’en sera que ravi. Le rendez-vous de Casablanca assurant le complément nécessaire aux missions de prospection que le Royaume n’hésite pas à organiser au profit de ses opérateurs en Afrique. Voilà qui donne à croire que tout est (bien) parti pour AWB…