Kristalina Georgieva : «Il faut hiérarchiser les priorités de dépenses»

Assemblées annuelles BM-FMI

DNES à Marrakech : Khalid Darfaf

« L’incertitude radicale qui plane sur le monde actuelle nous oblige à réfléchir sur les moyens en vue d’écrire le meilleur scénario pour les cinquante prochaines années », a souligné Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) lors de la séance plénière des Assemblées annuelles.

Pour elle, les crises du passé sont presque semblables à celle d’aujourd’hui, en faisant référence à l’ancien président Kenyan, Jomo Kenyatta, lors de la tenue des Années annuelles en 1973, appelant à l’époque à trouver la formule idoine afin de contrecarrer l’inflation et l’instabilité économique.

Il est certes et certain que le monde a connu des mutations profondes depuis des décennies ponctuées par des crises économiques cycliques, mais la question que l’on doit se poser devra porter sur les mesures à prendre afin de parer aux éventuelles risques, a-t-elle dit.  Et de poursuivre que le monde d’aujourd’hui n’est plus comme hier en termes d’indicateurs sociodémographiques, en notant que la population de la planète a dépassé les 8 milliards d’habitants. Et en dépit que le monde ait connu une évolution significative à tous les étages (santé éducation, technologie), les inégalités demeurent encore persistantes, a-t-elle poursuivi. Ce qui signifie de manière claire que le progrès n’a pas profité à tout le monde. Le paradoxe, a-t-elle résumé, c’est que les cinq décennies précédentes « ont été marquées par des progrès à la fois extraordinaires et chaotiques… ».

Il faut dire, a-t-elle insisté, que l’humanité est dans l’obligation de tirer les leçons du passé afin de maitriser les risques à venir. Cependant, la mission n’est pas du tout facile étant donné que les indicateurs de la croissance ne sont « pas au beau fixe », d’autant plus que « les perspectives nous renseigne sur des taux de croissance faibles à moyen terme », a-t-elle fait savoir. En termes plus clairs, « il s’agit des taux  de croissance qui sont les plus faibles qu’on ait vues depuis des décennies », a-t-elle affirmé. En plus de cela, d’autres facteurs ont aggravé la situation économique internationale. Une situation qui se trouve à la merci « du changement climatique, la fragmentation et la fragilité, qui ont impacté davantage la croissance, surtout dans le continent noir, a-t-elle expliqué.  

La panacée idéale !

Pour elle, les policymakers sont appelés à investir dans des « bases économiques solides », conformément aux principes incluses dans la Déclaration de Marrakech. Autrement dit, ils sont tenus par l’implémentation des politiques publiques ad hoc et l’adoption des réformes SMART.

Ainsi, elle a considéré que la stabilité des prix est indispensable afin de stimuler la croissance et faire face au mal de l’inflation. En outre, la patronne de la FMI a mis en garde contre le  « durcissement brutal des conditions financières qui  pourrait nuire aux marchés et aux établissements bancaires et non bancaires », d’où la nécessité de faire preuve de vigilance, notamment en matière de la politique budgétaire, a-t-elle plaidé.

Les artisans des politiques publiques sont également appelés à «  reconstituer des marges de manœuvre budgétaires…ce qui exige la prise des décisions difficiles », et ce en procédant à la « hiérarchisation des priorités de dépenses à moyen terme », a ajouté Kristalina Georgieva.

 Il s’agit, pour elle, d’une mesure fondamentale devant constituer le point de départ pour entamer la réforme. Toutefois, cette mesure devrait être complétée par l’amélioration des indicateurs de la gouvernance pour lutter efficacement contre la corruption.

Qui plus est, la cheffe de file du FMI a exhorté les décideurs à simplifier les procédures juridiques permettant la création et la bonne gestion des entreprises. « Les réformes peuvent aussi favoriser les échanges commerciaux, améliorer l’accès aux capitaux, et accroître le taux d’activité, en particulier des femmes », a-t-elle poursuivi.

Les Etats sont également invités à améliorer les ressources financières intérieures. D’ailleurs, a-t-elle expliqué, qu’une véritable réforme fiscale pourrait, à elle seule, dégager des recettes additionnelles avoisinant les 9% du PIB dans les pays ayant un revenu faible.

Autre priorité inscrite sur son agenda de travail, porte sur l’intensification des cadres de coopération à l’échelle mondiale dans le dessein de réaliser une croissance durable et inclusive.

Selon elle, la coopération internationale doit également placer la problématique de la dette au cœur de ses objectifs.  Elle a ainsi mis en avant les mécanismes mises en place par son instance pour faire aboutir ce dossier.

Outre les lignes de crédit de précaution, la conférencière a mis en exergue les mérites du  fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité qui met à la disposition des Etats vulnérables «des ressources abordables à long terme » dont le but consiste à juguler les effets du changement climatique et renforcer la résilience. En plus de cela, la conférencière évoqué le mécanisme du  transfert du droit de tirage spécial (DTS) des pays ayant une économie solide à des pays ayant une économie fragile. Ce qui a permet de mobiliser de nouveaux moyens de financements soit l’équivalent de 100 milliards de dollars, qui sont destinés à s’attaquer à la pauvreté et booster, par conséquent, la croissance économique.

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